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 "Simone Gbagbo" par Natalia Nteby

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AuteurMessage
mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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14122006
Message"Simone Gbagbo" par Natalia Nteby

"Simone" par Natalia Nteby

sources:http://saoti.over-blog.com/
Jeudi 14 Décembre 2006
Simone

La journaliste Mahalia Nteby réagit à la campagne de dénigrement engagée par
l’hebdomadaire Jeune Afrique contre la Première Dame de Côte d’Ivoire, Simone
Ehivet Gbagbo.

21612 caractères, titre, espaces et nom de l’auteur inclus. 21612 caractères de
trop. Affligeant Cheick Yérim Seck – comme d’habitude, pourrait-on ajouter. Peu
avant le vote de la résolution 1721 par le conseil de sécurité de l’ONU, alors
que je jouais tranquillement au Lido, le son de la télévision me parvenait
depuis la pièce voisine. Une émission où des “journalistes experts du sujet”
passaient en revue l’actualité africaine de la semaine. N’en pouvant plus d’ouïr
les inepties débitées plus particulièrement par l’un des intervenants, je me
suis levée pour aller voir qui était et à quoi ressemblait cette version
africaine de l’oncle Tom. Cheick Yérim Seck. Il m’était enfin donné de mettre un
visage et une voix sur des écrits. Moi qui avais toujours souhaité pouvoir
personnaliser le concept de “l’Africain colonisé jusqu'à l’os et fier de l’être”
(prière donc de se garder de toute compassion), on peut dire que j’ai été
exaucée !

Quand la “vraie Simone Gbagbo” nous est contée par Cheick Yérim Seck, on sent
tout de suite qu’il peine à trouver matière à remplir le contrat pour lequel il
a été mandaté, et qui consiste à faire de la Première Dame ivoirienne une espèce
de sosie d’Agathe Habyarimana, mastermind du génocide rwandais revenu sous les
projecteurs de l’actualité au grand dam de l’Etat français, qui y a activement
participé. Voyant son vaisseau prendre l’eau de toutes parts à cause de sa
nuisible politique en Afrique, le capitaine du bateau France s’est dit que tant
qu’à devoir être confronté simultanément aux actes de guerre commis au Rwanda et
en Côte d’Ivoire, autant en tirer partie pour faire couler avec lui le maximum
de personnes qui lui ont résisté. Sous la plume de Cheick Yérim Seck, “Simone”
se transforme donc en une intégriste chrétienne despotique, autoritaire,
cassante et rugueuse, au visage lourd, au caractère trempé, qui n’utilise
généralement sa voix imposante que pour appeler à
l’éradication des musulmans par diatribes interposées. Pour essayer de donner
une touche crédible à toutes ses déblatérations, il distille des scènes de vie
quotidienne de la présidente du groupe parlementaire du Front Populaire
Ivoirien, histoire de bien montrer qu’il sait de quoi il parle. Encore heureux
qu’il nous ait épargné la couleur des sous-vêtements de “Simone”. On se demande
bien d’ailleurs ce qui l’en a empêché.

Mais quelles sont les références de Yérim Seck en matière de Premières Dames ?
Avec qui a-t-il donc comparé “Simone” ?

Avec Zanele Mbeki, qui a mis sa vie au service de la lutte de l’African National
Congress (ANC), parti qui a victorieusement – mais à quel prix – combattu le
régime raciste de l’apartheid et qui est au pouvoir depuis 1994 en Afrique du
Sud ? De cette femme, qui a fondé la Women Development Bank, spécialisée dans
l'émancipation économique des femmes au moyen de prêts et d'aides aux femmes
créant des micro-entreprises ou des commerces en zones rurales, et qui siège
aujourd’hui encore au sein de son conseil d’administration, son époux, Thabo
Mbeki, actuel président sud africain, dit fièrement : “Je crois qu'elle est plus
capable que moi en tout”, sans que pour autant il ne soit suspecté d’une
quelconque atrophie de sa virilité.

Ou peut-être avec Hillary Rodham Clinton, épouse du 42ème chef de l’Etat
américain, aujourd’hui sénatrice de l’Etat de New York et potentielle candidate
à la Présidence des Etats-Unis en 2008 ? Avocate de renom n’ayant pas sa langue
dans la poche, elle fut nommée conseillère du président américain en charge des
questions de santé par son mari, après son accession à la magistrature suprême
en 1992. Bill Clinton a été jusqu'à faire de l’implication politique de sa femme
dans son équipe un des plus savoureux slogans de la victorieuse campagne pour sa
réélection en 1996 : “Vous votez pour un, vous en gagnez deux”. Son autorité
pour diriger le pays et sa capacité à gérer son foyer ont-elles pour autant été
remises en question ? Que nenni !

Si les écrits de Cheick Yérim Seck reflètent bien le niveau et l’obédience du
journal qui les publie, ils sont par contre loin de faire honneur au continent
dont il est issu. Mais, comme chaque fois qu’il commet un article télécommandé
contre Laurent Gbagbo ou un membre de son entourage (qui ne se souvient pas de
l’édition avec la splendide photo de Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée
Nationale Ivoirienne, “dangereux idéologue du régime”, en couverture ?), Yérim
Seck obtient tout le contraire de l’effet escompté. Grâce à lui, l’épouse du
président ivoirien, qui est en fait appelée “Tatie”, et non “Simone” comme il
l’affirme, ne peut que plaire. Il dessine en filigrane le portait d’une dame
courageuse et militante, qui a toujours refusé le rôle de femme-potiche et ne
s’en laisse pas conter. Une personnalité politique forte, qui tire sa légitimité
du suffrage universel auquel elle s’est soumise et qui lui a donné son statut
d’élue du peuple. Une citoyenne ivoirienne
fière de son pays, qui s’intéresse et participe activement à sa vie politique,
sociale et intellectuelle. Une personne cultivée et érudite, sobre et sûre
d’elle. Une mère et une épouse exemplaire, partenaire de qualité pour le
président de la République ivoirienne. Une femme d’Etat, influente et
décomplexée, qui n’a pas peur d’appeler un chat un chat et de risquer sa vie
pour faire triompher son idéal de toujours : une Côte d’Ivoire libre et
autodéterminée au sein d’une Afrique digne. Une femme inébranlable qui croit en
ses propres aptitudes, en son mari, en Dieu, en son pays, au continent Noir. On
est bien loin de la mission initiale de Yérim Seck. A tel point qu’il en
arriverait presque à nous faire douter : le “bounty” scribouilleur à qui,
souhaitons-le, un de ses amis offrira peut-être une édition de “Peau noire,
masque blanc” de Franz Fanon pour Noël, émargerait-il finalement au Palais du
Plateau à Abidjan ?

Un adage populaire dit que derrière tout grand homme, il y a une grande femme.
“Simone” n’est pas derrière son homme, mais se tient fièrement et loyalement à
ses cotés. Pour le salarié d’un journal qui n’est plus Intelligent,
l’indépendance et l’égalité, sous toutes leurs formes, ne sont pas acceptables.
Aliéné de l’esprit, il est nostalgique de l’époque où le Noir était jeté
enchaîné dans les cales des négriers, fouetté aux sangs dans les plantations. Il
voit avec appréhension les Africains se dresser contre un maître par lui adulé
et laisse transparaître un profond regret de voir que la femme ait été autorisée
à sortir de la cuisine ou de la buanderie dans laquelle elle aurait du demeurer
confinée. Une Première Dame africaine, d’après lui, a tout juste le droit
d’organiser des galas, de couper des rubans et de dépenser silencieusement, mais
ostensiblement, l’argent du contribuable de son pays dans les boutiques et
bijouteries chics de la Rue Cambon ou du Faubourg Saint
Honoré à Paris. Il est donc évident que Cheick Yérim Seck ne peut pas
s’accommoder de Simone Gbagbo. Qu’il soit sans crainte. Nous lui laissons très
volontiers ses Viviane, Edith, Chantal et Antoinette. Il peut toutes les garder,
cadeau. Tant que “Tatie”, c’est pour nous, tout va bien en Côte d’Ivoire !

Mes chaleureuses salutations à toutes les Simone, d’hier, d’aujourd’hui et de
demain.

Mahalia Nteby in Le Courrier d'Abidjan, 14 Décembre 2006
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