Comment faire entendre la voix de l’Afrique sur la scène internationale ?
06/08/2006


Thierry Téné, consultant développement durable pour www.a2dconsulting.net s'interroge sur le rôle de l'Afrique sur la scène internationale et le rôle que sa diaspora pourrait y jouer



Par Thierry Téné Mangoua

De la guerre en Irak, en passant au conflit au Proche-Orient et les poudrières dans certaines régions du continent comme la Côte-d’Ivoire, le Darfour, ces conflits mettent tous en exergue le caractère partisan des grandes nations. En effet, la guerre en Irak à défaut de dévoiler les armes de destruction massive a démontré aux yeux du monde la faiblesse de l’ONU qui fut jadis créée précisément pour empêcher des conflits.
Ainsi, malgré la présence du personnel onusien en Irak, les Etats-Unis ont fait fi de l’institution internationale pour déclencher unilatéralement une guerre dont nous savons tous aujourd’hui qu'elle visait le pétrole.

De la même façon les conflits qui secouent le Proche-Orient démontrent l’incapacité de l’ONU à apporter une solution à cette situation et c’est désormais celui qui détient la plus grosse armada militaire qui dicte sa loi avec pour option de dissuasion la plus efficace l’arme atomique.
Parlant justement du nucléaire, le Conseil de Sécurité de l’ONU n’arrive pas à imposer à l’Iran de stopper l’enrichissement de l’Uranium. Une question se pose : "pourquoi empêcher l’Iran de développer l’arme atomique alors que certains pays en possèdent déjà ?"
Certes, certains parleront de démocratie ou d’un « Etat dictateur».
Mais sérieusement en faisant abstraction des hypocrisies, à qui faites-vous vraiment confiance? Aux pays qui au nom de la démocratie et de la lutte contre le terrorisme déversent des bombes sur des milliers de civils, à ceux qui commercialisent les armes ou plutôt ceux qui jouent sur le tribalisme et poussent des africains à se massacrer ?

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Quelle relation avec l’Afrique ?

Les africains ont à tort ou à raison la particularité de se tourner vers la communauté internationale en cas de conflit. Cette même communauté internationale dont les solutions de sortie de crise sont parfois contraires et démontrent qu’elles cachent les intérêts des Etats. Ainsi, de façon objective et neutre, comment comprendre le soutien accordé par la communauté internationale à des rebelles en quête de pouvoir contre des gouvernements élus « démocratiquement » sous le contrôle justement de la fameuse communauté internationale ?

Arrêtons peut-être un temps soit peu de chercher la source de nos malheurs chez les autres. Les africains sont-ils incapables de résoudre leurs problèmes ? Comment expliquer qu’il faille toujours passer par la case communauté internationale pour résoudre les différends entre africains ? N’est il pas temps de se prendre en main et laisser le monde s’occupe d’autres choses que des africains qui décident de se massacrer ?



Quelles solutions apporter ?


L'Afrique




D’un point de vue géostratégique, les africains doivent résoudre leurs différends en interne puisque de toute façon entre les Etats, il n’y a pas d’amitié mais des intérêts. La mise en place de véritables « armées nationales » semble une urgence car sur la scène internationale, c’est votre puissance de frappe militaire qui conditionne le niveau d’influence.
C’est peut être ce qui explique que les Etats-Unis soient la première puissance du monde et que l’ONU ne puisse rien décider sans son aval.

Comment comprendre qu’en 2006, même les plus hauts dirigeants militaires africains soient formés à Paris ? Une autre priorité des africains serait de se lancer dans un véritable programme nucléaire (saluons ici la volonté du Nigeria de développer cette technologie) qui présente non seulement un avantage pour les industries et les ménages africains mais aussi pour l’armée au cas où ?

Il faut d’ailleurs noter que l’Afrique est le seul continent dont aucun pays ne possède la technologie nucléaire. En la possédant, ils pourraient être un peu plus écoutés sur la scène internationale. Ces derniers devraient peut être se poser la question de savoir quels sont ceux qui constituent la communauté internationale ?

Quelques éléments de réponse montrent qu’il s’agit des mêmes qui ont le droit de veto à l’ONU, qui fabriquent et commercialisent les armes, qui possèdent pour la plupart l’arme atomique, qui détiennent les grandes firmes de finances internationales (principaux bailleurs de fonds), qui contrôlent les grosses ONG de solidarité internationale…etc.

Il faut donc être un peu naïf pour ne pas constater que dans les discussions pour la résolution de conflit, les propositions des uns et des autres ne soient pas fonction de leurs intérêts dans le pays en crise.

Que peut faire la diaspora africaine?






Bon gré, malgré elle, la diaspora africaine ne peut pas être insensible à la politique africaine pour plusieurs raisons :

(1) La première est sûrement familiale : En effet, comme ne pas être inquiet lorsque le reste de la famille est dans une zone de conflit ou que le pays d’origine est dans une phase d’instabilité politique ?

(2) La deuxième raison est politique. Beaucoup d’africains de la diaspora souhaiteraient contribuer ou participent activement à la vie politique de leur pays. Certains ont parfois fui le continent à cause de leur engagement.

(3) La troisième raison est économique : Le transfert d’argent de la diaspora vers le continent représente dans certains pays une bouffée d’oxygène très importante pour l’économie parfois supérieure à l’aide publique au développement.

La géopolitique mondiale se discute dans les grandes capitales occidentales. La diaspora peut ainsi servir de courroie de transmission entre les autorités locales, les ambassades et le continent. Ainsi pourquoi ne peut penser à la mise en place d’un comité d’experts africains de la diaspora qui pourra être saisi par les gouvernements sur des questions de politique nationale, régionale et internationale. L’intérêt de ce comité peut également être la faculté de résolution de conflit interafricains. En regorgeant en son sein des africains de différentes nationalités, on peut imaginer une porte ouverte pour un dialogue en cas de blocage sur le terrain africain.

Se pose naturellement le problème de la récupération politique d’une telle structure et sa position impartiale. On peut compter sur la capacité de recul et d’analyse de la diaspora pour contourner ces obstacles. En plus de la saisine du comité par les gouvernements, afin de conserver sa neutralité, le comité devrait se prononcer et proposer des solutions de sortie de crise en cas de conflit ou de tension dans n’importe quelle partie du globe. Ainsi la substance grise de la diaspora pourrait devenir un véritable laboratoire d’idées dont la crédibilité pourrait étendre l’influence au-delà des réseaux africano-africains. En lisant la presse nationale française, il est frappant de noter l’absence de contributions des africains de la diaspora ou peut être si lorsqu’il s’agit de critiquer une initiative ou un acte poser par un autre africain. Comment expliquer que la politique africaine est largement débattue dans le monde entier mais qu’en retour, les africains se prononcent très peu voir presque pas sur les questions qui dépassent leurs frontières ?