L'agribusiness du Président wade
Auteur: Pambou
Email: pambou.lucien@voila.fr
Date: 21/03/2005 14:43
le Professeur Wade avant d'être président a été longtemps professeur de Sciences économiques, avocat et opposant politique au Président Senghor et Diouf. Pour des raisons tactiques il a collaboré chaque fois à ces deux gouvernements mais surtout au sein du gouvernement Diouf en occupant des postes ministériels jusqu'à se parjurer en trahisant Diouf, en se mettant dans une opposition radicale à Paris avant de devenir Président. Bravo l'artiste, bravo le politiste. Le père du shopi, c'est à dire changement en wolof, après le Nepad nous sort une idée vieille comme la lune, à savoir comment aider les français à recoloniser l'agriculture d'un pays indépendant qu'on appelle le Sénégal sous prétexte qu'il en est le Président. Monsieur le Président, le Sénégal ne vous appartient pas, il appartient au peuple sénégalais. Qu'on ne s'y méprenne pas, Monsieur Wade ne fait que rendre la monnaie de la pièce à Jacques Chirac qui après sa visite au Sénégal a fait miroiter au Président Wade le poste de représentant permanent de l'Afrique au sein du Conseil de sécurité. Les paroles n'engageant que ceux qui les reçoivent, Monsieur Wade comme à son habitude, toujours dans le monde des idées, n'ayant jamais les pieds sur terre, tout au moins du point de vue de l'histoire entre l'Afrique et la France, s'empresse de donner des terres sénégalaises aux agriculteurs français, ce qui implicitement sous entend que nous noirs nous sommes des incapables mais par contre nous sommes une main d'oeuvre "intelligente" et corvéable, ce n'est pas moi qui le dit, c'est le Président Wade. La domination du Sénégal par la France étant totale, en opérant comme il le fait, et en valorisant l'agribusiness, Monsieur Wade ne fait s'accentuer la dépendance qui est déjà là. Alors une dépendance de plus, pourquoi pas ? Monsieur Wade souvenez vous de ce qui passe au Zimbabwe avec les héritiers des fermiers blancs et le conflit qui les oppose au Président Mugabé. Voilà comment les intellectuels, disons les diplomés africains aux affaires, nourris par la culture livresque et par l'allégéance systématique à la France livrent leur pays à la prévacarisation et à l'allégeance totale. Monsieur le Président Wade, une fois que les agriculteurs français retraités ou non se seront installés, et auront développé l'agribusiness, car c'est bien de cela dont il s'agit, une agriculture fondée sur l'exploitation aux dépends de l'agriculture vivrière, comment ferez-vous pour les obliger à partir au bout de cinq ans car ils seront devenus des propriétaires effectifs, la génération missionnaire resterait et leurs enfants revendiqueraient les droits d'héritage. C'est vraiment affligeant comment le noir n'arrive pas à penser par lui-même. Pourquoi ne pas mutualiser les forces socioéconomiques au sein de la Cedea pour que les différents pays de la zone se développent. Avez-vous honte de vos frères africains ou bien comme toujours vous utilisez le contexte de frères dans une stratégie machiavélique pour mieux vous singulariser. Ceci est valable pour vous, mais aussi pour tout noir qui est toujours prompt à la trahison des siens en dépit des discours fallacieux et des dénégations. On dit souvent qu'un africain âgé est plein de sagesse, et bien permettez-moi de ne pas le penser en ce qui vous concerne. Il y a un décalage entre les modèles économiques un peu dépassés qui ont structuré votre parcours intellectuel quand vous avez étudié les sciences économiques et la réalité du moment, car il existe aujourd'hui l'analyse des droits de propriété et de contrat qui viennent contredire votre modèle de pensée. Au moment où l'Afrique "essaie" de se trouver une identité, vous contribuez par votre proposition à la ridiculiser et à montrer que finalement ce n'est pas très grave, l'africain est ce qu'il est, naïf et enfant. En tant que Président et économiste, commencez d'abord par mettre les sénégalais au travail en construisant un modèle d'organisation politique, économique et social qui met l'accent sur le travail et non sur le complexe vis à vis de l'Occident. Je termine, Monsieur le Président, il faut que chacun de nous médite le principe suivant : si tu ne sais pas où tu vas, tâche de te souvenir d'où tu viens et demande conseil si tu ne sais pas d'où tu viens.
Lucien Pambou
Professeur de Sciences économiques et sociales
réponse à zizasalles
Auteur: Pambou
Email: pambou.lucien@voila.fr
Date: 21/03/2005 15:03
Cher Zizasalles, le Président Wade est un éminent chef d'Etat trés respectueux. Longtemps dans l'opposition tout en étant aux affaires il a accédé au pouvoir suprême. le fonds monétaire vient, comme vous le dites, de donner un satisfecit de bonne gouvernance au Sénégale en ce qui les équilibres macroéconomiques et financiers. Bravo pour le Sénégal, puisque vous voulez l'entendre, mais ces critères d'équilibre ont été obtenus au prix d'une gestion austère qui laisse pas mal de sénégalais dans la pauvreté, au chômage, et dans l'indifférence. Vous savez la gestion des équilibres macro économiques dans les pays africains ne tient pas de miracle macroéconomique important. Il suffit d'accélérer et de veiller aux rentrées fiscales de l'Etat, limiter les dépenses, et couvrir l'impasse budgétaire s'il ya en a une par des crédits à court terme tout en accélérant les exportations. Nous sommes dans une hypothèse de moyen terme et les statistiques du fonds monétaire s'arrêtent là pour dire si un payx est vertueux ou non, les critères étant différents pour les pays développés. Si on veut discuter des équilibres réels, posons le problème sous l'angle du revenu moyen à long terme par sénégalais, du taux d'emploi, de la capacité productive du système productif appartenant aux sénagalais détaché de la capacité productive appartenant aux entreprises étrangères. Je m'arrête là, d'autres critères rentrent en ligne de compte. Il ne s'agit pas de s'attaquer au Président Wade, il s'agit de s'attaquer à l'action de l'homme politique. Il a souvent été donneur de leçon sur la bonne gouvernance, sur l'efficacité économique et sur les libertés en ce qui concerne l'Afrique et ses pairs africains. Il est donc normal, au nom de la réciprocité du débat, qu'on puisse répondre dès lors qu'en tant qu'homme public il prend un certain nombre de décisions. Trop souvent, nous africains, nous restons émotifs, passionnés quand on est ressortissant d'un pays et que notre pays est attaqué verbalement. Alors de grâce, soyez dépassionné, je suis du Congo Brazzaville, on peut parfaitement faire des critiques sur le pays auquel j'appartiens sans pour autant que je mette tout de suite à crier au loup. Soyons sérieux. Le débat c'est cela, accepter l'autre dans son altérité. Soyez sans crainte, le Président Wade est un homme d'Etat, je le sais, ma critique ne porte que sur l'action et non sur l'homme. Départissons nous de cette culture française qui nous envahit trop même si par des critiques enflammées on veut s'en séparer alors que dans les pratiques nous sommes fondamentalement pro français. Que le Président Wade me démente.
Lucien Pambou du Congo Brazzaville
Professeur de Sciences économiques et sociales.