Karité, irremplaçable beurre de charité
27/06/2006
Marqueur culturel d’Afrique de l’ouest et centrale, le beurre de karité est une petite merveille quotidienne qui rythme les modes de vie depuis le fruit d’où il est extrait, jusqu’aux attentions esthétiques et médicales auxquelles il est associé une fois transformé.
On s’accorde à lui trouver une antériorité antique au moins datant de l’époque pharaonique et les célèbres représentations de reines et de femmes égyptiennes aux coiffures surmontées d’un enduit brillant et dégoulinant, rappelant les femmes peules chères à Moussa Lam, s’accordent avec une croyance passée à la science. Pour les Blancs et LA civilisation, c’est l’explorateur [?] Mungo Park qui «découvre» -forcément- au 18ème siècle, une graine que les voyageurs arabes à l’instar d’Ibn Batuta avaient mentionné bien avant, à la suite des utilisateurs eux-mêmes.
Le karité est un fruit qui fait la paix avec les peuples africains de longue date, à l’origine pousse sauvage mobilisant pour sa collecte une intense et complexe activité humaine, il est peu à peu passé à l’artisanat puis à l’industrie tant sa générosité d’usages le rend presque indispensable.
Extrait traditionnellement par malaxage des graines broyées ou par pression mécanique voire par usage de solvant à l’époque contemporaine, le beurre de karité accompagne les Africains dans un nombre importants d’usages nécessaires, structurant sans trop le dire leurs occupations jusqu’au négoce interne des noix, et aux ventes sur les marchés locaux. Désormais il s’exporte sur les marchés des produits dits «ethniques».
S’il n’ y a guère meilleur hydratant pour la peau des bébés comme pour celle des nettement plus âgés, ce charitable protecteur capillaire et cutané renforce la souplesse et la vitalité des cellules. De plus il produit des effets relaxants, qui servent aux massages musculaires à tous âges, y compris pour la pratique du sport que son application facilite.
Surprise ! Dans les pays froids qu’il ne connaît pas, le beurre de karité contrarie l’impact climatique négatif sur les lèvres qui sèchent et se fendillent, et les mains qui gercent, ses vertus d’émollient jouent encore ici. Des soins cosmétologiques aux soins médicaux il n’ y a qu’une graine. Bien des foulures, entorses, et autres torsions méritent l’usage du beurre de karité, que les femmes enceintes s’enduisent sur le ventre prévenant des indésirables vergetures, et raffermissant leurs muscles sollicités.
Bien que son odeur soit réputée ne pas être un avantage pour lui en toutes circonstances, il entre dans la préparation de fritures et de sauces. Mais même de mauvaise qualité, ses graines se prêtent à la saponification qui recycle quelque fois un premier emploi.
Dans certains cas, ce charitable produit peut se substituer au beurre de cacao pour la production de chocolat, il est aussi disponible comme source d’éclairage par combustion de sa matière pour les lampes à huile, malgré une dégagement notable de fumée.
Pour terminer, le karité semble fait pour un usage total, sacrificiel, son bois sert également aux mobiliers usuels ou aux sépultures des partants à l’instar du lit du roi éteint.
Avec tant d’atouts pour lui, le beurre de karité ne suscitera jamais la curiosité des investisseurs africains d’envergure internationale, ni celle des promoteurs publics de nouvelles filières de production et d’exportation, jusqu’à ce que qu’un laboratoire pharmaceutique, cosmétologique, «redécouvre» une opportunité d’affaires et construise un monopole. Alors, il sera toujours temps de crier au vol.
Afrikara
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