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 La révolution ivoirienne et son ascendance africaine (1)

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Delugio
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Delugio


Nombre de messages : 107
Date d'inscription : 29/05/2005

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05072005
MessageLa révolution ivoirienne et son ascendance africaine (1)

La révolution démocratique ivoirienne en particulier et son ascendance africaine en général (1)

« Lumumba, Mandela, Sankara, Gbagbo », chantent les jeunes Africains, et pas seulement Ivoiriens. On pourrait mettre en début de liste Sékou Touré d’avant l’échec, à l’époque inévitable ! Sékou Touré qui affirmait qu’il valait mieux la liberté avec la faim que le ventre plein et l’esclavage. Sékou Touré dont la Guinée accueillait alors des réfugiés du futur FPI — comme le professeur Harris Foté Mémel. Une lignée dont la Françafrique est l’antithèse. Deux lignées que le professeur Mamadou Koulibaly retrouve aujourd’hui dans les deux camps par lesquels l’Afrique et la Françafrique s’affrontent en Côte d’Ivoire : la liberté d’un côté, la Pax franca de l’autre (1).

La lignée de la Pax franca s’est concentrée ces dernières années dans le cas Ouattara (cela est clairement révélé après sa réconciliation avec Bédié), qui a choisi de refuser la lignée que représentait face à lui Thomas Sankara. Une citation : « En 1960, année de l’indépendance de la Haute-Volta, actuel Burkina Faso, et de la Côte d’Ivoire, il était sans conteste aucun ressortissant voltaïque et se reconnaissait tel jusqu’en 1985 (2). N’a-t-il pas fait, jusqu’à cette date fatidique ses études primaires et secondaires, ses études supérieures aux Etats-Unis et entrepris sa carrière de fonctionnaire comme citoyen voltaïque jusqu’à occuper, au titre de la Haute-Volta, le poste de vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) ?

Refusant en cette année, pour des raisons insoupçonnées, de mettre ses compétentes au service de la révolution burkinabé lancée par le bouillant capitaine Thomas Sankara, il dut abandonner son poste de vice-gouverneur à la BCEAO pour être récupéré par le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny qui n’entendait pas laisser la révolution s’installer en Haute-Volta et faire irruption dans son pays, la Côte d’Ivoire et aux alentours.

Viscéralement hostile à la révolution burkinabé et ennemi juré du Capitaine Thomas Sankara, l’ancien citoyen voltaïque, titulaire du passeport diplomatique voltaïque, se retrouvait, par la bienveillance du père de l’indépendance ivoirienne, nanti du passeport diplomatique ivoirien et fonctionnaire au Fonds monétaire international (FMI). Puis, à la mort brusque, en 1988, de l’Ivoirien Abdoulaye Fadiga, gouverneur de la BCEAO, le président ivoirien, fort de son influence auprès de ses pairs de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA) et piétinant les dispositions statutaires de la BCEAO pour une direction tournante, imposait par le forcing son poulain Alassane Dramane Ouattara comme nouveau gouverneur à l’étonnement et au grand dam des ses homologues notamment le Béninois Mathieu Kerekou qui avait son propre candidat en la personne de Baba Moussa, son ministre du Plan.

Et, sans être nullement indisposé par la nationalité imprécise du nouveau gouverneur de la BCEAO, le président Félix Houphouët-Boigny, sur les conseils voire sous les pressions des dirigeants des institutions financières internationales notamment le FMI et la Banque mondiale, l’appelait, en tant que technocrate, à prendre en mai 1990 la direction du gouvernement ivoirien. » Atsutsè Kokouvi AGBOBLI, « Alassane Ouattara : de la Haute-Volta à la Côte d’Ivoire, histoire d’un parcours controversé », Ivoireforum.com (23.12.04).

La suite est connue. Le conflit avec Bédié pour prendre la tête de la françafricaine Côte d’Ivoire d’alors, le cœur même de la Françafrique. Le conflit prend, en France, l’allure, dans un premier temps, d’un conflit entre pôles d’influence au sein du RPR d’alors. L’ancienne école, représentée par Chirac, soutiendra Bédié. Les « modernes », représentés alors par Balladur, soutiendront Ouattara.

La chose n’est pas particulièrement troublante puisque les deux ont la même politique françafricaine. Les choses vont se corser au moment où Ouattara va, en fin de compte, se présenter à l’élection présidentielle, en août 1999, se réclamant désormais de la nationalité ivoirienne. Bédié a beau jeu de lui opposer la loi sur les conditions d’éligibilité. Loi de circonstance dira-t-on — comme il y en a dans tous les pays —, mais ici, point de départ en forme de point d’Archimède par lequel la Françafrique va connaître bientôt sa plus radicale mise en question.

Point de départ aux allures remarquablement providentielles ! Pourquoi ? Avec une politique similaire à celle de Bédié, en plus « modernement » libérale (avec en outre un certain aval des USA !) — libéralisme tout particulier puisqu’il revient à faire tomber tout le produit ivoirien dans l’escarcelle française… — Ouattara ne dérange donc pas le pré carré.

Est né le RDR, dont on veut nous faire penser qu’il est un parti d’opposition au PDCI, un parti qui en serait radicalement différent. En fait une dissidence modernisatrice, une tentative de dépoussiérage, au fond. Querelle similaire à la querelle Chirac-Balladur, ou aujourd’hui, Chirac-Sarkozy : si ce n’est toi, c’est donc ton frère. Tout pour réjouir Paris, donc.

Dans ce contexte, Bédié fait valoir la légitime question citoyenne, la question de l’ « ivoirité », mais en la gauchissant pour rappeler l’inéligibilité de son adversaire dans cette querelle intestine. Mais Ouattara ne va pas se laisser faire si facilement. Et sera dès lors un des inventeurs ignorés, pour s’être donné le beau rôle, de la querelle autour de la définition ultérieure du concept d’ « ivoirité ». L’argumentaire de Bédié, à la faveur de la loi, le rend inéligible — le camp chiraquien, qui soutient en cela Bédié, ne s’y est pas trompé (3) —, à ce point Bédié est irréfutable. Alors Ouattara contournera la difficulté en faisant valoir, jusqu’à Paris, que c’est non pas sa citoyenneté, sa nationalité, qui fait problème, mais son appartenance « ethnique ». Ce faisant, il a touché la corde sensible. Qu’importe si les fondateurs du RDR, voyant venir l’orage, démissionnent à tour de rôle (4). Les Français, eux, se retrouvent en terrain connu : l’Afrique, c’est les « ethnies » ! Et Ouattara vient de dénoncer le comportement tribal de Bédié. Et l’ « ethnie » dont Ouattara se réclame n’est pas n’importe laquelle, c’est l’ « ethnie » (inexistante en fait) « musulmane du Nord ». Or chacun sait qu’en France, on traîne un vieux problème avec les musulmans — problème d’origine coloniale, remontant à la guerre d’Algérie. On est, en 1999, avec un Le Pen à près de 20 % des voix, une « affaire du voile » dont on ne se dépêtre plus depuis déjà 10 ans, une représentation religieuse musulmane impossible à créer, des bornes du politiquement correct qui commencent à sauter… Un malaise que dénonce la gauche, sans pouvoir pour autant régler les choses. Bref, à gauche, fort de cette dénonciation, on est prêt à entendre l’argument de Ouattara, qui vaudrait certes en France, mais qui n’a pas grand sens concernant la Côte d’Ivoire, où (chose inconcevable en France, il y a tout de même eu un Premier ministre « musulman » — Ouattara himself). Et Ouattara deviendra le symbole de la lutte contre la xénophobie. Et peu importe sa politique économique. À ce point, il a rallié à sa cause personnelle, et la droite moderne, et la gauche, au moins dans sa composante « libérale-libertaire ».

Voilà donc la France, de droite, « classique » et « moderne », comme de gauche non moins « moderne », réunie comme de tout temps derrière la Françafrique. C’est le fait important, mais qui passera inaperçu — on peut dire jusqu’à aujourd’hui. Et pourtant en la circonstance, c’est le point de départ d’un récurrent déni français opposé au peuple ivoirien tentant de se doter souverainement d’institutions démocratiques. Et c’est, ce faisant, l’origine de la guerre actuelle.

En effet, en Côte d’Ivoire, l’argument ouattariste, appuyé par son poids en France, ne manquera pas de porter aussi. Le Nord est plus pauvre, ne serait-ce que pour de simples raisons géographiques. Ce qui le rend sensible à l’attention qu’on lui porte, qu’on porte aux siens. Et quand Ouattara a fait valoir l’argument de l’ostracisme, il trouve écho, d’autant plus qu’il a trouvé écho dans la France vénérée. Et le concept citoyen et intégrateur d’ « ivoirité », mis en avant par Bédié, va se trouver placé en vis-à-vis « ethnique » du concept de « musulman du Nord » dont Ouattara se veut le représentant.

À l’exception de son pôle chiraquien, pro-Bédié (Chirac, depuis, a rejoint l’autre pôle françafricain avant que les deux ne fassent qu’un), la France va se trouver dans le camp de celui qui est réputé exclu, le « beau camp » (en fait parfaitement affairiste et bien coté dans les milieux françafricains de la finance), qui présente l’avantage de pouvoir fonctionner comme un faire valoir (et séduire ainsi la bien-pensance) : un exécutoire de la crainte française des musulmans (où avec une immigration de 5 % seulement — loin des 25 % à 35 % de la côte d’Ivoire —, on adopte des politiques et des comportements qui font qu’à plus de quarante ans de la fin de la guerre d’Algérie, on parle encore de la possibilité ou non d’ « intégrer » les « musulmans »). La Côte d’Ivoire fonctionnera à ce niveau-là comme bouc-émissaire de la mauvaise conscience française ! Et Ouattara deviendra une sorte de porte-drapeau, d’autant plus irréfutable que nul ne se pose la question de sa politique économique et de la Françafrique.

Ce faisant, imperceptiblement, contre toute attente, se mettait en place le chemin de la libération de la Côte d’Ivoire, et de l’Afrique en général — contre Ouattara, Bédié, et leurs soutiens français. Pourquoi cela ? Parce que depuis les temps officiellement coloniaux, la droite et la gauche française se sont trouvés chacune majoritairement dans le camp du maintien de la Françafrique — au prix de toutes les exactions que retiendra l’Histoire.

Concernant la droite, personne n’en doute. Du massacre des Bamiléké du Cameroun ou de la tentative de déstabilisation du Nigeria par la tentative de sécession biafraise jusqu’aux plus récentes affaires togolaises ou centrafricaines, les choses sont certaines. Mais ce que l’on remarque moins — parce que la gauche prend systématiquement, quels que soient ses faits, la pose humaniste, la pose de la bienveillance envers les pays pauvres —, ce que l’on remarque moins, c’est la constance de la politique françafricaine et de ses réseaux aux moments même où la gauche est au pouvoir, depuis les positions de Mitterrand ministre de l’Intérieur pendant la guerre d’Algérie, jusqu’à ses positions comme Président de la République pendant le génocide rwandais.

La libération de l’Afrique requérait une clarification de cela. Cette clarification s’est faite à l’occasion du conflit entre Bédié et Ouattara, qui a vu ce dernier devenir le protégé de la Françafrique bien-pensante — puis de leur réconciliation qui a révélé que leur conflit n’était que poudre aux yeux. Du coup, le chemin était libre pour une libération débarrassée de son parasitage françafricain.


__________________________
(1) Cf. Mamadou Koulibaly, « Pourquoi j’ai choisi de résister », « Abidjan.net », Lettre ouverte n° 6344, 2.06.2003. Et « Ivoireforum.com », décembre 2004.

(2) Ainsi dans Jeune Afrique — aujourd’hui : L’intelligent — n° d’août 1984.

(3) Cf. Bernard Debré, dans Le Figaro du 25.11.1999.

(4) De Jacqueline Oblé, fondatrice du RDR (cf. Le Patriote, journal du RDR, 28.07.1999), à Matthieu Tagbo, représentant du parti à Paris.
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