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 LE CREOLE

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mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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19092006
MessageLE CREOLE

1 L'origine du mot créole

Le terme de créole possède deux étymologies, l'une portugaise (<crioulo), l'autre, espagnole (<criollo), qui viennent du même mot latin criare, signifiant «nourrir, élever» ou plus précisément «serviteur nourri dans la maison». Un « Créole» désigne d'abord quelqu'un qui a été «élevé sur place», c'est-à-dire «qui est du pays». Le mot a servi tout d'abord à désigner l'enfant blanc né et élevé dans les colonies européennes ou d'outre-mer: Martinique, Guyane française, Réunion, Louisiane, etc. Le mot a longtemps été utilisé en ce sens en Louisiane et l'est encore aujourd'hui: les «Créoles blancs», généralement des membres de riches familles propriétaires de plantations. Ce terme s'oppose à la notion d'«étranger à la culture locale».

Par la suite, le mot créole a été employé pour désigner la population noire, on parle alors de «Créoles de couleur»; et, par voie de conséquence, la langue de cette population, le créole.



A

Acoma(t) - grand arbre de la forêt tropicale

Acra - beignet de légume ou de poisson, mangé comme apéritif

Ajoupa (arawak) - abri fait de branchages

Alizé - vents d’est qui donne au pays son climat doux et humide.

Anoli - petit lézard vert

Anse - nom courant des plages de sable

Haut

B

Bagasse - résidu de la canne quand elle sort de l’usine

Bakoua - arbuste ornemental dont les feuilles sont utilisées pour faire un chapeau.

Bamboula - danse d’esclaves pendant la période coloniale

Béké - les grands propriétaires blancs qui vivent entre eux; 1% de la population, encore appelés "zoreilles"

Biguine - rythme traditionnel, originaire des fêtes où les noirs étaient autorisés à utiliser des instruments de musique des blancs.

Bokit - sandwich frit et en pochette

Boucan - gros feu pour la cuisson des aliments.

Boudin - plat au sang de cochon et épicé, présent à toute fête

Bougainvillée - arbre à fleurs violettes, roses, orangées

Bougre, bougresse - homme/femme commun/ordinaire

Haut

C

Cabri(t) - chèvre

Cabrouet - petite brouette (wheelbarrow)

Calalou - soupe composée de viande salée ou de crabes.

Calotte - une gifle (slap)

Cancan - une rumeur

Câpre, câpresse - homme ou femme noir(e) très légèrement métissé(e)aux cheveux frisés.

Carambole - fruit

Carbet - grande hutte commune des hommes dans la tribu des Caraïbes.

Cassave - galette de farine de manioc qui servait de pain

Chabin, chabine - un noir ou une noire ayant les cheveux blonds ou roux et les yeux bleus ou verts.

Chadeck - pamplemousse

Chatrou - petit poulpe (pieuvre) très apprecié dans la cuisine

Chaudo - boisson nationale, coule aux baptêmes et mariages et premières communions

Christophine - légume antillais mangé en salade, sauté ou en gratin pour accompagner la viande.

Colibri - l’oiseau fétiche de la Martinique (hummingbird).

Colornbo - ragoût de mouton, de cabri ou de poulet assaisonné avec du curry.

Compère, commère - terme d’amitié, ami, camarade

Corossol - fruit des Antilles

Coui - demi-calebasse, employé comme récipient dans la cuisine

Couli/Kouli - terme de dérision pour une personne d’origine Indienne, venue travailler sous "contrat" après l’abolition de l’esclavage.

Courbaril - arbre réputé pour la dureté de son bois

Court-bouillon - plat national à base de poisson dans une sauce à la tomate épicée

Cric! Crac! - formule rituelle ouvrant la narration des contes

Haut

D

Diablesse - personnage surnaturel se présentant sous les espèces d’une très belle femme qui entraîne un cavalier dans des danses de plus en plus effrénées avant de l’inviter à la suivre en un lieu où il se perdra. Elle a un pied de bouc. Au Carnaval c’est un travesti en noir et blanc.

Djobeur - de "job" Nègre dont l’occupation est de pousser une brouette chargée de fruits et légumes pendant toute la journée du marché à la gare ou au domicile des clients.

Dombré - petite boule de farine cuite dans les haricots

Doudou - mot affectueux = chéri

Haut

E

Engagé - autrefois un travailleur journalier (indentured laborer) aujourd’hui un client du diable, qui détient les pouvoirs maléfiques, reçus en échange de son âme.

Haut

F

Fer-de-lance - vipère venimeuse en Martinique.

Figue - nom courant des bananes

Figuier-maudit - arbre aux racines géantes entremêlées qui lui donnent un air terrifiant

Filao - arbre utilisé. autrefois comme arbre de Noêl

Flamboyant - arbre à grandes branches couverts de fleurs jaunes ou rouges.

Floup - petit sachet plastique contenant un sirop aux fruits, se consomme glacé ou gelé.

Frangipanier - arbre exotique

Fromager - grand arbre réputé comme abritant des esprits.

Haut

G

Galetas - grenier

Giraumon - potiron dont on fait un potage gombo - petit légume consommé en salade ou en soupe.

Gommier - arbre dont on construit un canot qui porte le même nom

Gros-ka (gwoka) - tambour guadeloupéen, famille de rythmes, symbole de rébellion pour les Indépendantistes, surtout en Guadeloupe.

Haut

H

Habitation - plantation, 18ème siècle, domaine agricole comprenant une résidence principale (la grande case), des dépendances pour les domestiques, des hangars pour les machines et des cases pour les travailleurs (esclaves jusqu’en 1848). Consacrée à l’exploitation de la canne.

Hivernage - saison humide et pluvieuse entre juillet et décembre

Haut

I

Igname - racine comestible d’origine africaine.

Haut

J

Jah – divinité principale chez les rastas (Jéovah).

Haut

K

Kalenda - danse du couple au son du tambour

Kassav - à partir du nom de la galette de manioc. Nourriture de base ; nom d’un groupe musical qui a fait évoluer le zouk

Haut

L

Lakou - logement misérable pour ceux qui quittent les plantations et viennent s’installer en ville.

Lambi - gros coquillage marin à la chair délicieuse et dont la coquille, appelée conque, est appréciée comme décoration

Limbé (lenbé) - chagrin d’amour

Haut

M

Macaque - nom courant du singe; personnage fréquent dans les contes

Macoute - grand sac que les paysans portent avec eux. Par extension : la police secrète du régime Duvalier à Haiti.

Maracudja - fruit de la passion

Maringouin - moustique

Marmaille - groupe d’enfants en bas âge. Créole: ti-mamay/ ti-moun

Marron - s’appliquait aux nègres qui avaient fui l’habitation, et allaient dans les mornes pour vivre en liberté. (marronage)

Matador - femme coquette et dominatrice.

Mazurka - danse des salons

Mencenillier - arbuste des bords de mer dont le lait est un poison violent

Morne - colline aux pentes escarpées

Mulâtre/mulâtresse - péjoratif de mule/mulet, métisse de blanc et de noir; le plus grand groupe de race mixte.

Haut

N

Négritude - terme inventé par Aimé Césaire pour désigner l’ensemble des valeurs culturelles du monde noir (Afrique-Antilles-Amérique-Europe)

Haut

P

Pacotilleuse - revendeuse se déplaçant d’une île à l’autre

Panier caraîbe - panier fabriqué aux Antilles de frondes de palme piment - élément fondamental dans la gastronomie locale

Pipiri - oiseau du matin, qui chante le premier

Pitt - arène où se déroule des combats de coqs ou mangouste sur lesquels le public engage des paris importants.

Planteur - punch au jus de fruit, au rhum, de muscade et canelle pomme-cannelle - fruit dont l’intérieur est la couleur de canelle

Poto-mitan - mât central d’un temple vaudou: fondement, élément central d’un discours ou d’une analyse

Poux-bois - termites

Prûne de cythère - fruit savoureux

Punch - apéritif à base de sirop et de rhum, parfumé d’un zeste de citron

Haut

Q

Quimbois - ensemble de superstitions liées à des pratiques de médecine par les plantes mais aussi à la sorcellerie et à la magie locale. En principe les séanciers guérissent tandis que les Quimboiseurs font le mal. créole: kimbwa

Quolibet - moquerie, insulte

Haut

R

Rasta - mouvement rastafari, né à la Jamaique. Grâce au succès de la musique reggae, il s’est répandu dans la Caraïbe. Les rasta portent des cheveux en locks, fument la ganja et s’expriment dans une langue codée.

Rhum - alcool obtenu à partir de la distillation du jus de canne. On distingue le rhum blanc, le rhum vieux, le rhum paille, et le tafia (rhum industriel)

Haut

S

« Sa ou fè » « Sa ka maché? » - Comment ça va?

Savane – étendue plantée d’herbe, pré.

Sapotille - gros fruit d’un brun doré, désigne aussi le teint d’une femme.

Séancier - personnage pratiquant la médecine parallèle et pouvant invoquer les esprits pour identifier l’origine du mal ou pour annoncer l’horoscope du consultant

Shrubb - boisson composée de rhum et d’écorces de mandarines, fait d’habitude chez soi pour soi ou des amis très proches.

Soubarou - à l’origine un noir aux manières rustres; fonctionne comme une insulte aujourd’hui (A ne pas confondre avec les voitures japonaises du même nom !).

Soukougnan - humain qui s‘est dépouillé de sa peau pour voler la nuit et vaquer à des obligations malfaisantes.

Haut

T

Tafia – rhum (parfois aussi chez les marins : ratafia)

Tamarin - fruit aux vertus laxatives

Ti-bo - baiser extrêmement affectueux et presque lascif.

Ti-bois - petites baguettes jouées par l’accompagnateur du joueur de tambour

Ti-nain - petites bananes vertes à cuire.

Tourment d’amour - gâteau fourré à la confiture de coco.

Tray - plateau en bois que les marchandes portaient autrefois sur la tête avant de l’ouvrir pour exposer leurs marchandises.

Haut

V

Vaudou: croyance syncrétique (chrétienne/païenne) fondée sur des cultes d’origine africaine (Dahomey). Animisme féminin et aquatique.

Veillée - la veille funéraire où l’assemblée écoute les conteurs rivalisant d’adresse verbale.

Vidé - défilé masqué et manifestations de rue lors du carnaval, accompagné de chants et de cris.

Haut

Y

Yole - bateau traditionnel à voiles

Haut

Z

Zabitans - grosses écrevisses! ouassous en Guadeloupe

Zombi - esprit nocturne et maléfique du vaudou.

Zorèy - métropolitain (venant de la Métropole – « des-z-oreilles »)

Zouk - onomatopée aux consonances très sexuelles (comme djouk, fouk, souk), désignant, au début du siècle, un bal où l'on pouvait rencontrer des femmes faciles en grand nombre; aujourd’hui une musique très rythmée; il existe également une variété douce et lente (un « slow ») dite « zouk-love ».

Voici un tableau comparant les divers langages antillais francophones :

FRANCAIS

MARTINIQUE

GUADELOUPE

GUYANE

HAITI
Je

Mwen, An

Mwen

Mo

Mwen
Tu

Ou

Ou

To, Ou

Ou
Il

I

I

li

Li
Nous

Nou

Nou

Nou

Nou
Vous

Zot



Zòt

Vou, ou
Ils, Elles

Yo

Yo



Yo
Aujourd'hui

Jôdi ya

Jòdi la, jòdi jou

Jodla

Jodi-a
Demain

Demin

Dèmen

Dimen

Demin
Hier

Hiè



Ayè


Manger

Manjé

Manjé

Manjé

Manjé
Boire

Bwè

Bwè

Bwè

Bwè
Dormir

Dômi

Dòmi

Dronmi

Dòmi
Sortir

Sôti

Sòti

Soti

Sòti
Etre





Sa, Fika


Avoir

Ni

Ti ni

Gen, Gangnen

Ginyin
Aller

Alé

Ay

Alé

Alé
Vouloir



Vlé



Vlé
Comment ca va ?

Sa ou fè ?

Ka'w fè?

A kouman ou fika ?

Kouman ou yé ?
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LE CREOLE :: Commentaires

mihou
LE CREOLE expliqué par Nèg Daddy
Message Mar 19 Sep - 3:03 par mihou
Pour comprendre comment s'est formé le créole , nous devons faire un retour sur notre Histoire.



Les Français
Parmi les Français qui arrivèrent en Guadeloupe en juin 1635, il y avait entre autres :

1° Ceux qui ont payé leur voyage. Arrivés en Guadeloupe, ils obtiennent une concession de terre et deviennent ainsi des colons ou "maîtres de case". Pour exploiter cette terre, ils feront venir de France et d’ Afrique une main d’œuvre servile.

2° Les engagés.
Les engagés étaient des émigrants volontaires qui n’avaient pas les moyens de payer le voyage. Ils passaient un contrat par lequel ils s’engageaient à travailler pendant trente-six mois chez un colon en dédommagement de leur voyage. Au terme de leurs contrats, certains obtenaient une concession et devenaient à leur tour "maîtres de case".
L’embarquement pour les Antilles se faisait principalement dans les ports de Dieppe, La Rochelle, Le Havre, Honfleur mais aussi Bordeaux, Nantes, Saint-Malo.
Les candidats au voyage venaient principalement de l’ouest et du Nord-ouest de la France ( à l’ouest d’une ligne Bordeaux-Lille) : provinces du Poitou (Deux-Sèvres, Vendée, Vienne), de l’Aunis (une
partie des Charentes-Maritimes et des Deux- Sèvres), de Saintonge (sud de la Charente-Maritimes), de l’Anjou (Maine-et-Loire...).
Ils venaient également de la Bretagne, de la Normandie, de l’île de France, etc. ... (1).
Ce sont en grande majorité des ruraux, mais on trouve également des artisans (charpentiers, menuisiers, forgerons, tuiliers, scieurs de long, maçons, tailleurs de pierres, tonneliers, briquetiers etc. ...).
J. Kerboul (2) nous apprend également ceci : "une institution, la compagnie des îles de l’Amérique... racole, par centaines, sur les quais et des ponts de Paris, chômeurs et vagabonds, qui signent un contrat de servitude de trois ans en échange de leur passage gratuit à Saint-Domingue... "



(1) Gabriel Debien, Les engagés pour les Antilles (1634-1715), socié té de l’histoire des colonies françaises, Paris 1952.
(2) J. Kerboull, le Vaudou, pratiques magiques, Ed. P. Belfond.



Les Africains.

Au début de la colonisation, les cultures pratiquées sont essentiellement des cultures vivrières et surtout le tabac. Ce dernier sera vite délaissé au profit de la canne à sucre, plus rentable.
L'exploitation de la canne nécessitait une main d'œuvre abondante, robuste qui ne pouvait être ni les Caraïbes, ni les colons ni même les engagés. Les colons feront donc venir leur main d'œuvre d'Afrique.
C'est le système de l'esclavage.
De quelles régions d’Afrique venaient les esclaves ?
La question est difficile pour trois raisons :

- Les documents sont moins nombreux que pour les Français pour lesquels il y avait des minutes, des rôles d’équipages, des registres d'état civil, des recensements, etc. ...

- L’existence de la contrebande d’esclaves

- L’imprécision des informations.

Malgré ces difficultés, on peut tout de même faire des recoupements.
Ainsi, le R. P. Jean-Baptiste Du Tertre (3), nous dit ceci : "les nègres sont tous originaires d’Afrique, des côtes de Guinée, d’Angola, du Sénégal ou du Cap-Vert ".
Dans La Guadeloupe dans l’Histoire (page 35), Oruno Lara nous fait savoir que la 1ere révolte d’esclaves a eu lieu en 1656. Elle avait à sa tête Jean Leblanc et Pèdre.
Jacques Adélaïde Merlande (dictionnaire enc. des Antilles et de la Guyane, Desormeaux) précise qu’ils étaient respectivement de la côte d’Angole (Angola) et du Cap-Vert.
Enfin, selon Gabriel Debien (4), "les 1ers esclaves...semblent avoir été des Cap-Verts, des Yolofs et des Sénégalais".
Les autres esclaves étaient Bambara, Mandingues etc. ...
En fait, les Africains emmenés en Guadeloupe venaient de régions où existaient plus d’une centaine d’ethnies, chaque ethnie ayant sa langue, elle-même divisée en variantes dialectales (5).

Les principales langues de ces régions sont le bambara , le wolof, le peulh, le mandingue, le mandé, le soussou, le kissi, le maninka, le yoruba.
Dans son ouvrage inventaire étymologique des termes créoles des caraïbes d’origine africaine (L’Harmattan), Pierre Anglade nous apprend par ex. que le mot zanba (personnage de conte que nous connaissons bien) se retrouve au Congo Brazzaville et Congo Kinshasa (N’Zamba)
en langue kikongo.
Nous apprenons également que bonda (derrière) se retrouve en Guinée, au Sénégal (langue bambara : bò : excréments + da : porte), en centrafrique (langue sango : ngbònda : derrière).
Autre mot : boula (dans une formation de gwo ka, ce sont les deux tambours couchés sur lesquels sont assis les joueurs de gwo ka : boulayè) se retrouve en Angola et dans les deux Congo (langue kikongo : mbula ; langue lingala : bula).
D’autres ex. sont donnés par Ama Mazama (Marie-José Cérol) (langue et identité en Guadeloupe : Une perspective afrocentrique, Editions Jasor).
Ainsi dendé (noix de palmier) se dit ndende et ondendi (huile de palme) respectivement en kikongo et en umbudu (page 44 ).
Elle nous apprend également (page 46) que agoulou (vorace) se retrouve en langue kikongo (ngulu : porc, vorace).
Marie-José Cérol cite de nombreux domaines (flore, faune, musique, habitat, vie spirituelle, anatomie...) où certains mots créoles ont pour origines des langues africaines.
Enfin, dans son ouvrage le langage créole (1969), Auguste Bazerque nous fait savoir que de nombreux mots créoles tiennent leurs origines de l’Afrique (akra, mach, soukougnan, ba, etc).
On y apprend également que le ka et le ké de notre conjugaison viennent du Sénégal (n’gha, n’ghé).
Tout ceci démontre que, contrairement à ce qu’affirment certains linguistes, dans le but de donner au français le rôle exclusif dans la formation du créole, les Africains n’ont pas oublié leurs langues en arrivant dans les colonies.

Les contacts entre ces trois groupes furent fréquents et durables.
Ainsi, dès leur arrivée, les Français reçurent durant plusieurs mois l’aide des Caraïbes avant que de L’Olive ne décide de les attaquer.
Oruno lara (6) nous dit ceci : "Nous les voyons abattant les arbres ensemble, ensemençant des terres, faisant des canots, et pêchant tortues et lamantins".
D’autre part, les femmes étant peu nombreuses, les colons ont quelquefois pris pour compagnes les femmes Caraibes.
Bien entendu, les contacts colons-esclaves étaient fréquents. Ainsi certains ont-ils épousés des négresses.
Enfin, lorsque les esclaves s’enfuyaient, ils étaient quelquefois recueillis par les Caraïbes.
Voilà donc comment s'est formée notre langue.

(3) Histoire générale des Antilles habitées par les Français, tome II, page 496
(4) Gabriel Debien, Les esclaves aux Antilles françaises (XVII-XVIIIe siècle), société d’histoire de la Guadeloupe, 1974, pa ge 41.
(5) Histoire générale de l’Afrique, tome V, page 439 et 441
(6) Oruno Lara, La Guadeloupe dans l’histoire, L’Harmattan, 1999, page 21


Le mot "créole"

L’étymologie du mot "créole" a été l'objet de controverses.
Ce mot est-il d’origine espagnole ou portugaise ?
En fait, le mot créole vient du portugais "crioulo" (7) (issu du latin creare qui signifie créer) qui veut dire "métis noir né au Brésil" mais dont le sens originel serait "serviteur élevé dans la maison de son maître".
La langue espagnole a repris ce mot en le transformant en criollo.
Dans son dictionnaire publié en 1690 (Cool Furetière nous apprend ceci :
"CRIOLE : C’eft un nom que les efpagnols donnent à leurs enfants qui
font nez aux Indes…" (9).
La traduction française de ce mot (créole) désignait à l’origine une personne de race blanche née dans les colonies.
Par la suite, le sens de ce mot a été élargi pour s’appliquer non plus seulement à une personne de race blanche mais à tout ce qui naît ou est fabriqué sur place (les personnes, les plantes, les animaux, les objets. Exemples : cochon créole, bijou créole).

On trouve le mot créole appliqué à un esclave au début XVIIIe siècle.
Dans son livre sur les Antilles (10), le père Labat nous dit : "le afroman que l’on m’avait donné était créole…".

La première acception de "créole" pour désigner la langue apparaît à la fin XVIIe siècle dans un ouvrage du sieur de la Courbe intitulé :
"Premier voyage du sieur de la Courbe fait à la coste d’Afrique en 1685". On y lit à la page 192 :
"...Il y a parmi eux de certains nègres et mulastres qui se disent Portugais... ces gens là, outre la langue du pays, parlent encore un certain jargon... qu’on nomme langue créole".
Cependant, pendant de nombreuses années, la langue créole a été considérée comme une sous-catégorie du français, un français simplifié.
Etaient utilisés alors, les termes de français corrompu, français altéré, de jargon créole (11).
Ainsi, le dictionnaire "Le nouveau Quillet-Flammarion", édité en 1967, donne la définition suivante : "...français corrompu parlé dans certaines îles des Antilles... "

Il y a encore quelques années, on trouvait des guadeloupéens qui affirmaient que le créole était un simple patois qui ne mène nulle part.
Il est révélateur de remarquer que ce sont les mêmes qui ne reconnaissaient pas le gwo ka comme musique. Cependant, depuis quelques années on constate un certain renouveau du créole.


(7)Le Portugal fut la 1ere nation à pratiquer la colonisation.
(Cool Dictionnaire universel, Contenant généralement tous les mots fran çois, Antoine Furetière, 1690.
(9) Par Indes, il faut comprendre ici les Caraïbes.
(10)Jean Baptiste Labat, Voyage aux Isles, page 52, Editions Phébus
libretto, réédition 1993
(11) Victor Hugo, Bug-Jargal, presses pocket, page 112.

http://www.alka13.com/forum/index.php?showtopic=7207
 

LE CREOLE

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