Lu dans
San Finna — hebdomadaire burkinabè — N°381 du 18 au 24 Septembre 2006 — http://www.sanfinna.com/UMP.htm :
«FACE AU «GOLIATH» CHIRACO/ONUSIEN
LE «DAVID» IVOIRIEN
QUI REFUSE LA HONTE POUR L’AFRIQUE
Quand on analyse les dernières évolutions de la situation en Côte d’Ivoire, marquée par le refus du président ivoirien de se rendre le 20 septembre prochain à l’ONU à une rencontre sur la Côte d’Ivoire, on se dit, de deux choses l’une :
- ou bien la communauté internationale emmenée ici par la Françafrique (qui a juré de régler le problème ivoirien à son goût plutôt qu’à celui des Ivoiriens) a décidé de mettre bas les masques et de donner le coup qui tue au régime ivoirien,
- ou bien, dans son souci d’en finir au plus vite -ou contrariée par la loyauté de l’armée, la résistance des patriotes et démocrates ivoiriens-, le duo franco/onusien a fini par verser dans la haine débridée et perdu tout sens des réalités au point de faire n’importe quoi.
On ne peut pas en effet, convoquer des adversaires à des conciliabules (dans les règles de la bonne négociation) et dans le même temps, afficher un parti pris aussi outrageant pour l’un d’entre eux. Plus grave, un médiateur ne peut pas se comporter de façon aussi cavalière, allant jusqu’à annoncer en boucle par ses relais et sous relais médiatiques que l’un des camps verrait ses droits rogner (avec à la clé des sanctions infligées à deux de ses membres éminents) et croire que ce camp ira sagement à cette rencontre pour s’y faire fesser pendant que l’autre camp sera libre ou non de désarmer. C’est pourtant ouvertement, depuis les fameuses propositions faites par Omar Bongo Ondimba sur le pas de l’Elysée, ce que, sur instigation du «parrain» et des capots de la Françafrique, Kofi Annan a projeté de faire en conviant Laurent Gbagbo à une rencontre aussi déséquilibrée. Une rencontre bidouillée mettant face à face deux adversaires : l’un à qui l’arbitre annonce par avance tous les coups qui vont le mettre KO et l’autre, qui est libre de donner tous les coups au-dessous de la ceinture et qui est garanti de sortir victorieux.
Si connaissant Laurent Gbagbo comme ceux de la Françafrique devraient le connaître, l’option a été prise de le heurter et de le blesser encore plus dans sa dignité, c’est qu’ils entendent abattre leurs cartes et aller jusqu’au bout : se défausser sur le recours à la confrontation armée ou placer la Côte d’ivoire sous mandat.
Du coup, les choses étant alors officialisées, la Constitution mise sous le boisseau, le Président Gbagbo, l’armée, les patriotes et Démocrates ivoiriens maîtrisés, la gouvernance onusienne pourra enfin appliquer en toute quiétude, son Plan B.
Mais c’est plus vite dit que fait. La force de Laurent Gbagbo, on s’en rend compte maintenant, c’est qu’il n’est plus aussi seul ; il a de plus en plus d’ amis en Afrique, aux Nations Unies. Mais par-dessus tout, il fait corps toujours, sinon davantage, lui le chef, avec son armée, avec son Peuple, communiant aux mêmes valeurs. Et jamais des valeurs nationalistes, patriotiques et républicaines n’auront été ces derniers temps en Afrique, aussi chauffées à blanc, aussi communicatrices que sous son leadership. Quand, face au Goliath chiraco/onusien, il tonne « Je n'irai pas à New-York, pour protester contre la manière cavalière, impolie, dont le GTI traite les affaires en Côte d'Ivoire, mon pays. Je n'irai pas à New York, pour montrer aux gens que la Côte d'Ivoire est une terre des hommes », ce n’est pas seulement la Côte d’Ivoire qui est traversée par des frissons : c’est une «ola» qui se soulève dans le cœur de beaucoup d’Africains qui sont révulsés par cette manifestation aussi brutale qu’injuste d’aliénation de l’Afrique qu’est celle en œuvre contre la Côte d’Ivoire.
Il pourrait en résulter d’autres humiliations pour la communauté internationale, qui en compte déjà pas mal à son débit, parce que, toute volonté de passage en force, de condamnation par défaut, pourrait déboucher sur des déconvenues, sur une exécution de mise en œuvre difficile, voire impossible. Les peuples ne se laissent plus aussi facilement dominer de nos jours ! C’est aussi une des conséquences de la mondialisation, et on en voit des témoignages dans bien de pays du Tiers Monde.
L’enseignement que le politique mais surtout l’historien Gbagbo donne aux Ivoiriens et aux Africains en ces temps d’adversité, c’est qu’un peuple qui ne sait pas refuser est un peuple qui a vocation à la servitude. C’est le message qu’il a livré à l’armée ivoirienne, au peuple ivoirien, le 14 septembre dernier. Message reçu 5/5 et qui passe, au-delà de la terre éburnéenne, au reste du continent.
Du coup, alors que les patriotes, républicains et démocrates africains se galvanisent de la résistance ivoirienne, y voient un exemple de défi rénovateur pour le continent à suivre, la fatuité de la volonté de la Françafrique (endossée par les Nations Unies) de réduire comme à l’époque de la Coloniale le pouvoir ivoirien, apparaît au grand jour. C’est en cela qu’on est enclin à se dire que cette initiative malheureuse de plus qu’est cette réunion du 20 septembre, n’est que le reflet d’un désemparement de ceux qui ont été à l’origine du complot, et qui ne savent plus à quel Saint se vouer parce qu’il leur éclate au visage.
V.T»