jeudi 10 août 2006 (12h50) :
BIENVENUE A CUBA
Bienvenue à Cuba
Bonjour,
A priori, nous ne nous connaissons pas. Nous avons pourtant de nombreuses choses en commun. Par exemple, nous pensons que le monde est injuste (excusez-moi de choisir un terme aussi terne, mais nous nous comprenons, n’est-ce pas ?).
Nous rageons de voir les puissances se complaire dans l’impuissance lorsqu’il s’agit de régler des problèmes qui seraient des priorités dans un monde parallèle, fait de gens sensés, concernés, normaux quoi. Nous rageons de voir les mêmes puissances déployer leurs moyens quasi-illimités pour des objectifs que nous réprouvons.
Nous refusons de voir le malheur réduit à des statistiques.
Nous croyons à l’importance de l’éducation, de la santé. Nous pensons que les critères de rentabilité économique ne doivent pas s’imposer aux valeurs humaines.
Nous croyons à un monde meilleur.
Nous refusons l’hégémonisme de l’argent, du capitalisme, de sa mondialisation et ses sourires de prédateur.
Nous croyons au droit à l’autodétermination des peuples.
Nous pensons que la loi doit être la même pour tous. Nous refusons le droit du plus fort.
Nous pensons que la guerre peut être justifiée mais dans un nombre de cas tellement réduits qu’il ne vaut pas la peine de les aborder.
Nous pensons que toute société organisée qui se respecte devrait accorder ses priorités aux plus faibles, aux plus démunis.
Nous pensons que l’honneur consiste à être fidèle à ses principes, par tous temps et dans toutes les circonstances.
Nous croyons que la démocratie mérite plus que le pluripartisme et une multitude de journaux interchangeables tenus par des puissances d’argent.
Nous haïssons le fascisme sous toutes ses formes.
Nous aimerions que nos hommes politiques nous prennent enfin pour des adultes et cessent leur jeu de séduction, peu compatible avec la démocratie, du moins celle dont nous rêvons.
Nous avons compris que la guerre contre l’Irak n’avait rien à voir ni avec des armes de destruction massive ni avec la libération d’un peuple. Nous avons été ébahi de voir jusqu’où les dirigeants états-uniens sont allés dans le mensonge et la manipulation pour tenter de nous convaincre du "bien-fondé" de leurs meurtres.
Nous pensons que ceux qui ont participé à cette action abjecte, ceux qui s’en sont rendus complices, ceux qui ont choisi "ce camp-là", devraient être traduits en justice.
Nous savons désormais à quel point ils contrôlent l’information et peuvent traduire une action en son contraire. Nous avons repéré leurs alliés, leurs porte-paroles, leurs chiens-chiens tenus en laisse parmi nous.
Et nous aimerions avoir des raisons d’espérer.
Alors, bienvenue à Cuba.
Si vous croyez que les Etats-Unis feraient mieux de s’occuper de leurs sans-logis, de leurs malades, de leur analphabètes, de leur rosiers, plutôt que de s’ingérer dans les affaires du monde entier, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que les milliers d’attentats commis contre Cuba et organisés à partir du territoire des Etats-Unis, et l’impunité systématique accordée par les autorités états-uniens aux auteurs de ces attentats, disqualifient à la fois la Maison Blanche et leurs larbins médiatiques qui ont gardé le silence sur ces actes tout au long de ces 40 dernières années, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que l’arsenal juridique états-unien contre Cuba (Cuban Adjustment Act, Trading With the Enemy Act, Loi Torricceli, Loi Helms-Burton, parmi d’autres) devrait être considéré comme une tentative de crime humanitaire, alors bienvenue à Cuba.
Si vous venez soudainement de vous rendre compte que l’on ne vous a jamais expliqué en quoi consistait le fameux "embargo" ou "blocus" dont on parle, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que les Etats-Unis sont assez malins pour ne pas interdire la vente de boissons gazeuses à Cuba, pour justement permettre aux "dissidents" en Europe d’affirmer sans être contredits que le blocus n’existe pas, mais préfèrent frapper à des niveaux plus élevés, moins visibles, et autrement plus efficaces, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que les "dissidents" cubains, archi-présents dans les médias européens, qui se présentent comme des "progressistes" mais trouvent les faveurs des milieux de Miami d’extrême droite où s’est déroulée la seule manifestation au monde en faveur de la guerre en Irak, qui mentent sur leurs passés et leurs parcours pour mieux vendre leur baril de lessive anti-castriste, n’ont de "dissident" que le nom, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que des personnes qui trouvent argent, appui et condescendance en la personne du représentant des Etats-Unis à Cuba, James Cason, ami d’enfance d’Otto Reich, chargé des affaires latino-américaines à la Maison Blanche, lui-même artisan de la désinformation, de la subversion et des coups d’état en Amérique latine depuis qu’il a appris à marcher, ne sont pas des "journalistes" ou des "militants des droits de l’homme" mais bien des mercenaires au service d’une puissance ennemie, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que Reporters Sans Frontières, qui ne trouvent rien de mieux à faire que de défendre des journalistes golpistes au Venezuela, tout en se taisant sur les journalistes des médias communautaires arrêtés par des forces rebelles, pour s’en prendre au président démocratiquement et régulièrement élu du pays, feraient bien de réajuster leurs grilles de valeurs, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que Reporters Sans Frontières, parrainés par le magazine-torchon Paris-Match et autres fins connaisseurs de la question journalistique, et qui par ailleurs ne savent défendre que les journalistes d’ailleurs et se taisent sur les victimes de censures commises par leurs propres bailleurs de fonds (et ceci du propre aveu de Robert Ménard dans un article du magazine Marianne), feraient mieux d’apprendre à distinguer leur tête de leur cul, alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez que le fait que Cuba soit devenue le premier pays au monde dans les domaines de l’agriculture organique, des énergies renouvelables et des médecines alternatives mériterait autant un reportage que les sempiternelles images de "filles aux aguets du touriste de passage", alors bienvenue à Cuba.
Si vous pensez qu’il est injuste, stupide ou même criminel d’appliquer à Cuba des raisonnements qui vous sont gracieusement offerts par ses pires ennemis, alors bienvenue à Cuba.
Si vous avez maintenant le vague sentiment que l’on vous a caché un pan entier d’une aventure humaine unique, et que vous découvrez chaque jour, en vous intéressant d’un peu plus près à la question, que la réalité ne coïncide nullement avec les affirmations doctes de ceux-là mêmes qui viennent de tourner leur veste sur la question Irakienne, si vous avez soudainement l’impression de respirer parmi des amis, des camarades ou plus simplement des gens normaux, c’est que vous etes déjà arrivés à Cuba.
Alors bienvenue.
Viktor Dedaj "Gentil Organisateur de la solidarité cubaine"
(Mai 2003 et pas une ride)
De : Viktor Dedaj
jeudi 10 août 2006
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=32263