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 Le Nouvel Obs tenté par l’idéologie de la race ?

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mihou
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mihou


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Le Nouvel Obs tenté par l’idéologie de la race ? Empty
06082006
MessageLe Nouvel Obs tenté par l’idéologie de la race ?

LE BLOG DE CLAUDE RIBBE

Le Nouvel Obs tenté par l’idéologie de la race ?

par Claude Ribbe

C‘est trop souvent celui qui le dit qui l’est. Claude Askolovitch, dans Le Nouvel Observateur du 20 juillet 2006, tient des propos inacceptables à l’encontre de Raphaël Confiant qui avait réagi à un article de Serge Bilé paru dans ce même hebdomadaire, puis aux attaques de Claude Askolovitch sur son blog. Dans sa critique de l’article, par ailleurs très contestable, de Serge Bilé, Confiant n’a jamais tenu le moindre propos xénophobe. Il n’en est jamais venu aux « menaces et à l’injure raciste » comme le soutient pourtant Askolovitch. Confiant reproche à Bilé d’être opposé à l’indépendantisme et de faire du prosélytisme assimilationniste, une attitude où il voit la propagation de idéologie coloniale. Le problème n’est pas pour Confiant de dénier à Bilé sa qualité de Français lorsqu’il lui conteste sa qualité de Martiniquais. Si Bilé est considéré comme un « étranger » par Confiant, ce n’est pas du fait qu’il est d’origine ivoirienne - ce qui serait odieux - c’est au contraire parce qu’il est trop français au goût du chantre de la créolité. L’opinion de Confiant étant partagée par de nombreux Martiniquais, il semblerait que la présence de Bilé au JT de Télé-Martinique pose un problème d’autant plus sérieux que le journaliste se sert de cette position pour faire sa promotion personnelle et censurer tous les Antillais qui le dérangent.

N’étant pas martiniquais non plus, je suis tout autant étranger que Bilé aux yeux de Confiant. Je ne vois dans ce jugement aucune «xénophobie». Le procès instruit par Claude Askolovitch est donc fondé sur la mauvaise foi puisqu’il fait dire à l’écrivain des choses qu’il n’a jamais dites. N’étant pas martiniquais, je n’ai pas forcément, sur la Martinique, la même vision que Confiant. Né à Paris, je suis parfois moi-même parfois accusé (injustement) d’assimilationnisme à Fort-de-France. Cela ne m’empêche pas de défendre Raphaël Confiant lorsqu’il est attaqué à tort et accusé de tenir des propos qu’il n’a pas tenus. Un Martiniquais n’aurait pas le droit de critiquer Bilé sans être aussitôt taxé de racisme et de xénophobie ? Étrange…

En ce qui concerne Serge Bilé, sans nécessairement m’inscrire dans le débat sur le bien-fondé de la cause indépendantiste, je rejoins Confiant lorsqu’il critique le discours colonial de ce journaliste et l’usage abusif qu’il fait de la couleur de sa peau pour tenter de prendre la parole au nom des Antillais et de s’approprier une histoire (celle de l’esclavage) qui n’est absolument pas la sienne. On a trop tendance, en France, à vouloir cacher l’histoire de l’esclavage derrière celle de la traite. On a trop tendance à couvrir la voix des Antillais par des hauts-parleurs au masque noir. C’est en ce sens que Confiant parle de «nègre à blanc». C’est en ce sens que je dis Bilé «françafricain». On peut, hélas, être « françafricain » sans être né en Afrique.

Mais ce n’est pas le plus grave. Serge Bilé, sous le prétexte de soutenir certains dirigeants du Cran (le conseil des associations «noires» qui n’est représentatif que de certaines associations franco-africaines), dirigeants par ailleurs très contestés au sein même de leur organisation, véhicule - y compris sur l’antenne du service public - une idéologie que je réprouve et combats : celle de la race. C’est au nom de la condamnation de cette idéologie que j’ai critiqué Bilé de même que j’ai tancé Claude Askolovitch qui, dans son blog, semble approuver implicitement cette doctrine répugnante.

J’irai plus loin. Je crains que Le Nouvel Observateur - à l’instar de quelques autres journaux dits « de gauche» - ne s’engage parfois inconsidérément dans la voie de l’idéologie racisante qui passe obligatoirement par la glorification de Français d’origine africaine présentés comme des modèles aux Antillais, qui, eux, sont systématiquement dénigrés. J’en veux pour preuve le ton fort ambigu des dossiers sur les « Noirs » en France (avec une curieuse majuscule) où naturellement, les voix discordantes et réfractaires au discours « noiriste» – celle de Confiant ou la mienne en particulier – ne sont jamais sollicitées ni relayées ; la manière - systématiquement insultante et méprisante - dont Le Nouvel Observateur a rendu compte de mes deux derniers ouvrages (Le chevalier de Saint-George et Le crime de Napoléon). Quant à soutenir insidieusement que j’ai «assimilé» Napoléon à Hitler, c’est bien malhonnête de la part de Claude Askolovitch. Reproche-t-il à Olivier Pétré-Grenouilleau d’assimiler l’esclave mésopotamien du ixe siècle à l’esclave français du xviiie sous le prétexte que l’un et l’autre sont « noirs », même si tout les sépare ? Dans une voie déjà ouverte par Le discours sur le colonialisme d‘Aimé Césaire, je n’ai fait, pour ma part, que comparer (comparer n’est pas assimiler) les victimes gazées par Napoléon en 1803 au nom de la race aux victimes gazées par Hitler 140 ans plus tard au nom du même principe de la race dont se réclament, hélas, des gens comme Bilé ou des organisations comme le Cran ou la tribu Ka. L’humanité étant, selon moi, une et indivisible, je ne vois pas pourquoi je ne comparerais pas un être humain à un autre être humain, leur couleur de peau fût-elle différemment nuancée. En ce sens n’ai-je aucune leçon d’antiracisme ni d’anticolonialisme, à recevoir du Nouvel Observateur. Le fait de publier Bilé dans ses colonnes et d’ouvrir des dossiers sur les «Noirs» (avec une majuscule) ne suffit pas à placer a priori ses collaborateurs au-dessus de tout soupçon. Bien au contraire. La dérive d’Askolovitch en est une preuve flagrante aux yeux de tous les Antillais et de tous les Africains de France qui sauront s’en souvenir.



L’étoile noire ? Y’a bon !


Après la tentative avortée (grâce à l’action de quelques républicains vigilants) de transformer la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage du 10 mai 2006 en une bamboula de «noirs» orchestrée par une association autoproclamée «représentative» desdits «noirs», les grognards du front raciste français récidivent en s’appuyant sur une initiative particulièrement honteuse de deux fonctionnaires de l’Institut national d’études démographiques (Ined).
Patrick Simon et Martin Clément - tel est le nom de ce duo d’apprentis sorciers - voudraient avoir recours au comptage ethno-racial pour mettre les Français en fiches ! Dans la foulée, deux « spécialistes » d’une prétendue «question noire», Jean-Baptiste de Montvalon et Laetitia Van Eeckhout, journalistes du Monde, font, dans l’édition de ce journal datée du dimanche 2 juillet, une relation bien indulgente de cette expérience pourtant révoltante et contraire à tous les principes de la République. Le compte-rendu s’accompagne d’une nouvelle tentative de donner une légitimité aux racistes du Cran dont les élucubrations sont mises au même niveau que les déclarations des responsables du Conseil français du culte musulman ou du Crif ! À en croire ces journalistes, un «débat» serait désormais ouvert et, selon une enquête (conduite par l’Ined pour justifier sa propre démarche !) l’ «opinion» française (sans doute « caucasienne ») serait « plutôt favorable » au marquage racial. Voilà qui ne fait que confirmer d’autres sondages, plus sérieux, hélas, qui nous annoncent qu’un Français sur trois se targue d’être raciste et se reconnaît dans les idées de l’extrême droite.
Ainsi, les «Noirs» (toujours avec la majuscule qu’affectionnent certains collaborateurs du Monde) «ratifieraient» l’étoile noire dont quelques racistes tenteraient de les affubler. Y’a bon ! Marqués au fer des statistiques et contents de l’être. C’est à peine si les journalistes constatent (avec un regret peu dissimulé et un étonnement clairement affiché) que « les Français d’outre-mer ne semblent pas prêts pour autant à se ranger dans la même «catégorie» que leurs concitoyens d’origine africaine ». Pourtant Le Monde, à la fin du mois d’avril dernier, n’avait pas hésité à titrer à la une, sur la foi d’un sondage bien surprenant, que «l’Outre-mer plébiscite le Cran». Rien de moins. En réalité, le sondage n’exprimait que le point de vue d’un «échantillon» d’Ultramarins de métropole, échantillon construit on se demande comment. À partir de fichiers « ethno-raciaux» déjà existants, peut-être ? Dans cette logique, un but marqué par l’attaquant Henry est-il un but français ou un but «noir» ? Sûrement pas un but antillais en tout cas, tandis que l’écrivain Claude Ribbe, a la chance d’être qualifié de « guadeloupéen» par un autre journaliste (Le Monde des Livres du 2 juin) qui, perdant tout sang-froid, semble par ailleurs confondre la critique littéraire et l’injure.
Au moment où un raciste déclaré, Patrick Lozès, certes fils d’un ministre de Cotonou, mais désavoué par la plupart des Africains de France, fait sa tournée aux Antilles pour essayer de convaincre les Ultramarins qu’ils ne sont que des «noirs» comme lui et donc représentés par lui, ce petit coup de pouce tombe à pic, de même que la publication du sondage douteux venait à point nommé fin avril pour préparer les esprits aux assises de l’organisation ségrégationniste créée de toutes pièces par Pap Ndiaye et ses amis aux fins de soutenir les Pétré-Grenouilleau et autres négriers en extase devant le rôle positif de Napoléon dans la colonisation française.
On ne doute pas que Patrick Lozès disposera d’une tribune complaisamment offerte par un Serge Bilé qui se défend même plus d’être un militant du Cran bien disposé à répandre - en se servant sans trop de gêne des antennes du service public - l’idéologie de la race en Martinique (faute de pouvoir désormais, faute de lecteurs, la répandre ailleurs). Il ne se vantera pas, en revanche, du fait que les écrivains Raphaël Confiant et Aimé Césaire ont refusé de le recevoir, lui et son ami Tin, un activiste sans doute fort méritant dans son engagement pour les « gays, lesbiennes et trans » de la Martinique (tel est en effet l’objet de son association An nou allé), mais peu estimable dans son discours de cuistre validant l’idéologie de la race, fût-il entrelardé de citations de Jean-Paul Sartre.
On a bien compris le but de cette provocation : tenter de monter les Français d’Outre-mer contre les Français d’origine subsaharienne, donc réaliser exactement l’inverse du programme annoncé. La préoccupation de ces nouveaux auxiliaires coloniaux est en effet d’empêcher tout consensus qui se fonderait non pas sur le fantasme européen de la couleur de la peau, mais sur des réalités historiques et culturelles : les ravages causés par l’esclavage, la traite et l’expansionnisme occidentaux, par exemple. Ils ont au contraire pour dessein d’en occulter la mémoire, de diviser les Africains du nord et du sud en fonction de leur couleur de peau et, bien sûr, en exaspérant les Français par de prétendues revendications identitaires des «noirs», favoriser l’ascension de l’extrême droite en assurant, une fois de plus, à Jean-Marie Le Pen une présence au second tour. À partir du moment où des représentants autoproclamés des « noirs » ne verraient plus que des « noirs » là où l’on pourrait voir des Français, faut-il s’étonner que le président du Front national, reprenant les propos d’Alain Finkielkraut, se plaigne qu’il y ait trop de « noirs » dans l’équipe de France de football ? Et quand les supporters de l’équipe espagnole ponctuent de cris de singe les actions de nos Ultramarins, faut-il s’étonner qu’une certaine presse française fasse preuve d’une résignation amusée ?
Il serait temps que les racistes, quelle que soient la couleur de leur peau, quelle que soit la notoriété des institutions dont ils se servent pour tenter de colporter leur infâme camelote, prennent conscience que leur petit jeu ne trompe personne et surtout pas l’Outre-mer. Les politiques aussi devraient prendre en compte le fait que les Antillais, Guyanais et Réunionnais sanctionneront systématiquement - et partout en France - toute tentative de céder à ces démons d’un autre âge.
Ainsi, l’approbation du comptage « ethno-racial», comme diraient certains plumitifs avec l’élégance qui leur est propre, pourrait coûter très cher au moment d’un autre comptage : celui des voix de certains candidats soucieux de briguer un mandat ou de conserver un siège.



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