Les migrants qualifiés préfèrent les Etats-Unis à l’Europe
Une soixantaine de pays européens, d’Afrique du Nord, d’Afrique de l’Ouest et centrale vont se réunir à Rabat, les 10 et 11
juillet, à l’occasion de la première Conférence ministérielle euro-africaine sur les migrations et le développement. Pour
l’Europe, l’enjeu est de trouver les moyens, à la fois, de réduire l’immigration clandestine et d’augmenter l’immigration légale
de migrants qualifiés dont elle a grand besoin si elle veut rester une puissance économique mondiale, sachant que dans les
années qui viennent, des dizaines de millions de travailleurs nés à l’époque du baby-boom vont quitter le marché européen de
l’emploi. Or les migrants africains qualifiés qui pourraient les remplacer préfèrent mettre le cap sur les Etats-Unis.
« Nous risquons la catastrophe » constate Bruxelles qui veut simplifier les règles pour faciliter la migration en Europe de
personnes qualifiées, de chercheurs et d’étudiants. Pas nécessairement sur le modèle français d’« immigration choisie »,
souligne la Commission européenne qui ne veut pas être accusée, à son tour, d’encourager l’exode des cerveaux africains. Le
problème existe déjà : l’Organisation mondiale de la santé relève l’exemple de la seule ville de Manchester, en
Grande-Bretagne, qui compte plus de médecins originaires du Malawi que tout le Malawi. Une solution passerait par un code
de conduite interdisant de recruter en Europe des médecins et des infirmières provenant de pays pauvres confrontés à des
crises sanitaires. Mais avec ce système, fait remarquer un haut fonctionnaire européen, on risque d’encourager encore plus
l’émigration vers l’Amérique qui ne s’embarrasse pas, elle, de ce genre de scrupules.
Certains pays africains sont parfois eux-mêmes demandeurs. Ainsi, de nombreux ingénieurs égyptiens qui travaillaient dans
les pays arabes du Golfe sont, suite à des difficultés, de retour aujourd’hui au pays. Selon le gouvernement égyptien, ils
seraient intéressés à aller travailler dans des pays européens. Pour faciliter l’immigration légale, l’Europe envisage aussi de
développer, dans les pays d’origine, des programmes de formation et de préparation des migrants, avant leur départ pour
l’Europe. Des projets de ce genre existent entre Bruxelles et l’agence marocaine de l’emploi et pourraient être étendus à
d’autres pays africains. Autant de pistes dont les Européens voudraient discuter à Rabat avec leurs partenaires africains.
par Anne-Marie Mouradian
http://www.rfi.fr/actufr/articles/079/article_44928.asp