Chávez et Ahmadinejad, unis contre les Etats-Unis
En visite en Iran, le président vénézuélien a assuré son homologue de
son soutien inconditionnel.
Par Marie-Laure COLSON
QUOTIDIEN : Lundi 31 juillet 2006 - 06:00
Après la Biélorussie, la Russie et le Qatar, Hugo Chávez est enfin chez son
«frère» Mahmoud Ahmadinejad. L'Iran et le Venezuela ont «des positions et des
points de vue communs», s'est réjoui, samedi, le président iranien. Il y a
quinze jours, Ahmadinejad avait comparé l'offensive d'Israël au Liban à la
politique militaire de l'Allemagne nazie. La veille de son arrivée à Téhéran,
Chávez l'a assimilée, lui, «aux actes de Hitler». Il a enfoncé le clou hier
devant des étudiants iraniens, parlant de «fascisme israélien».
Antiaméricains. Les deux pays, membres de l'Organisation des pays exportateurs
de pétrole (Opep), ont aussi en commun de virulentes positions antiaméricaines.
Hier, Rafael Ramírez, le ministre vénézuélien de l'Energie, a une nouvelle fois
menacé de couper le robinet de brut vers les Etats-Unis si ces derniers
continuaient à se montrer hostiles à l'égard du Venezuela, cinquième exportateur
de pétrole.
Washington et Caracas n'ont jamais été proches. Mais, en ce moment, les
Etats-Unis font campagne pour empêcher le Venezuela d'occuper, en octobre, le
siège tournant attribué à l'Amérique latine au Conseil de sécurité. Outre que
Caracas a voté en mars contre la résolution condamnant le programme nucléaire
iranien, les autorités américaines soupçonnent le Venezuela d'abriter des
membres des Farc, le plus important groupe de guérilla colombien, inscrit sur la
liste américaine des organisations terroristes, et des membres du Hezbollah,
soupçonné dans l'attentat contre un centre communautaire juif à Buenos Aires en
1994. «Nous nous tiendrons au côté de l'Iran à tout moment et dans n'importe
quelles circonstances», a promis Chávez hier.
Accords. Sa visite à Téhéran est la quatrième depuis 2000. L'Iran est de plus
en plus présent au Venezuela, ne serait-ce qu'à travers un nombre croissant de
joint-ventures technico-agricoles. Lors d'une visite en juin, le vice-ministre
iranien des Industries légères a annoncé un investissement de 9 milliards de
dollars dans 125 projets de développement. D'autres accords devaient être signés
hier entre les deux pays, dont un portant sur la pétrochimie.
«Axe du bien». Pour Hugo Chávez, il s'agit, avec cette tournée qui devrait le
mener également au Vietnam et au Bénin, de construire un «axe du bien» pour
faire contrepoids à «l'impérialisme américain», comme il l'a dit à Moscou où il
s'est rendu, la semaine dernière, pour signer des contrats d'armement pour plus
de 3 milliards de dollars et des accords de coopération énergétique. Pour en
devenir le leader, le Venezuela, qui vient d'adhérer au Mercosur, le marché
commun qui regroupe aussi l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, veut
ouvrir le marché latino-américain à ses amis. Il a ainsi proposé que la Russie
participe à la construction du «gazoduc du Sud», un gigantesque projet sur 8 000
km entre le Venezuela et l'Argentine. En échange de ces contrats juteux, Poutine
a assuré à Chávez qu'il lui apporterait son soutien au Conseil de sécurité de
l'ONU.
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