mercredi 26 juillet 2006, 16h43
Antisémitisme: la Tribu Ka est dissoute mais jure de "continuer"
Par Jean-Louis PANY
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PARIS (AFP) - Le conseil des ministres a décidé mercredi la dissolution de la Tribu Ka mais ce groupuscule noir ultra-radical
et antisémite a aussitôt fait savoir que cela le "poussait à continuer".
Cette dissolution, prononcée sur proposition du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, fait suite aux incidents à caractère
antisémite qui avaient éclaté le 28 mai à Paris quand quelques membres de la Tribu Ka avaient manifesté rue des Rosiers, au
coeur du quartier juif.
La "Tribu Ka" -abréviation issue de l'Egypte ancienne avec "kémite" (qui veut dire noir) et "atonien" (en référence au culte
d'Aton)-, a un comportement "particulièrement choquant", a expliqué à la sortie du conseil Nicolas Sarkozy. "Leur
antisémitisme n'est plus à démontrer et la République ne peut pas tolérer de tels agissements et de tels comportements", a-t-il
dit.
"Leur site est particulièrement choquant, et je ne pense pas qu'il soit acceptable, au regard de ce qu'a connu l'humanité et
notre pays, de présenter un chimpanzé avec une étoile de David. Franchement, ce n'est pas ce que je souhaite pour mon pays
et ce que je souhaite pour la République", a ajouté le ministre.
Cette dissolution, "on marche dessus, on n'en tiendra pas compte", a répliqué à l'AFP Kemi Seba, leader et créateur du
groupe en 2004, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capochichi.
"On est la Tribu Ka, on continuera. On le dit avec le sourire et avec joie. On est honoré qu'on ait parlé de nous au conseil des
ministres. Ca prouve qu'on dérange le système et ils nous poussent à continuer", a dit le leader de 24 ans, soulignant que son
groupe "ne changera en aucun cas de nom".
"On s'adressait à des milices juives (et non) à tous les juifs" rue des Rosiers, a assuré M. Seba, selon qui la police serait
arrivée à la même conclusion. "C'est pour cela que Nicolas Sarkozy n'a pas attendu les conclusions de l'enquête et a pris les
devants", a-t-il dit.
"On n'a pas de sang sur les mains jusqu'à preuve du contraire. On n'a pas agressé qui que ce soit. J'ai bien dit pour l'instant
et jusqu'à preuve du contraire. Par contre, si on est attaqué, on se défend", a-t-il dit.
Selon lui, la Tribu Ka, qui comptait une cinquantaine de personnes (15 à 30, selon les Renseignements généraux), a vu ses
effectifs "au minimum doubler, voire tripler" depuis le retentissement de l'affaire de la rue des Rosiers.
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), SOS Racisme et le Cran se sont réjouis de cette dissolution.
"Il est nécessaire d'éradiquer ces mouvements qui s'appuient sur les mêmes thèses racistes inadmissibles que Farrakhan", le
leader noir musulman américain Louis Farrakhan, a affirmé le président du Crif, Roger Cukierman.
Pour le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, la Tribu Ka "s'oppose aux valeurs de la République (et) fait peser un
danger sur le vivre-ensemble avec son discours de haine".
"Nous condamnons toutes les agressions racistes d'où qu'elles viennent et la manifestation de Tribu Ka rue des Rosiers nous
a paru être une provocation inacceptable", a renchéri le président du Cran (Conseil représentatif des associations noires,
créé en novembre 2005), Patrick Lozès.
Le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais s'est aussi félicité de cette dissolution d'un groupe "raciste et
antisémite, dirigé par un illuminé...".
http://fr.news.yahoo.com/26072006/202/antisemitisme-la-tribu-ka-est-dissoute-mais-jure-de-continuer.html