jeudi 20 juillet 2006 (10h14) :
L’INSTINCT DE MORT D’ISRAËL
Beyrouth après les attaques
Il a fallu 7 jours pour créer le Monde, nous dit une légende, il en a fallu 6 à Israël pour détruire Beyrouth.
Une ville cosmopolite, avec ses gratte-ciel, sa décontraction méditerranéenne entre communautés et son insolent succès économique, après vingt ans de guerre civile.
Une provocation pour Tel-Aviv et son régime d’apartheid à l’origine de la Première guerre du Liban.
Israël veut rester au centre de la région, dominant tous les échanges, et ne supportant aucun égal.
Encore moins la présence à sa frontière sud, d’une milice populaire, l’Hezbollah, échappant à tout contrôle et armé par Damas et Téhéran.
DESTIN VERSUS HISTOIRE
Comme tous les grands paranoïaques, Israël a des problèmes avec ses voisins, et un compte à régler avec le Temps.
L’état hébreu est persuadé que ses voisins veulent le tuer et que le Temps joue en sa défaveur.
Beyrouth en ruine est le décor naturel d’un tel imaginaire.
Replonger le Liban dans le chaos, c’est une manière pour Israël de dominer l’Histoire et d’imposer un statu quo.
En détruisant la vitrine moyen-orientale de la paix et de l’amitié entre les peuples, Tsahal suspend la question de la paix et la fin de l’apartheid.
Israël peut survivre dans la guerre, mais ne peut vivre en paix.
Son régime d’apartheid lui interdit.
L’espace israélien est organisé au travers ce prisme : murs, barbelés, miradors, check post, chicane au milieu des routes afin de ralentir la circulation.
Bunker dès lors que le ciel ne serait plus favorable.
Et censure sur toutes les informations.
L’en dehors de ce territoire est une terre dangereuse, peuplée de bédouins et de feddayin.
Les oliviers et les cèdres dont on a coupé les plus hautes branches y sont suspects ; et les mots, vénéneux.
C’est pourquoi Tsahal détruit et plante du barbelé autour du mot même d’Israël.
L’idéal serait que le nom du pays devienne tabou.
Ainsi personne ne demanderait à Israël de négocier.
Rien ne doit boucher la ligne d’horizon ; rien ne doit franchir la ligne de séparation.
Ce qu’Israël n’aime pas ce sont les combats de rue, la promiscuité des combattants au milieu de champs de ruines, les Intifada qui lui font perdre du temps.
Israël a décidé de raser les villes et les villages grâce à ces canonnières, panzers et avions de chasse.
Le langage d’Israël est celui des empires : « état tampon », blitzkrieg, expédition, châtiment collectif, apartheid et discrimination.
Les empires ne signent pas de traités avec les autres ; ils les soumettent...
C’est cette capacité d’Israël à mettre en joue un grand nombre de peuples, qui fascine les militaires occidentaux, en particulier états-uniens, représentant la Volonté de Puissance sur Terre.
À noter : comme dans l’ex-armée des Indes, l’Etat israélien rétribue leurs généraux en leur donnant des terres ; coutume encore en vigueur au Pakistan...
Ce sont ces oasis de sécurité, plantées au milieu d’indigènes hostiles, qui plaisent à la bourgeoisie planétaire.
Une aristocratie, pas plus nombreuse au regard de la population mondiale, que le peuple dit élu...
Israël symbolise la guerre asymétrique que livre, chaque jour, les nantis à un grand nombre de crève-la-faim.
L’alliance du Capital et des militaires.
Une lutte perpétuelle où le Temps est de l’argent et la Volonté, criminelle.
Pour cette minorité qui tyrannise le Monde, les destructions doivent être plus importantes que les constructions.
Israël est intéressant pour les nihilistes et les marchands d’armes car il détruit systématiquement tout ce qui l’environne.
Il coupe les routes, détourne les communications et inverse les valeurs.
C’est une machine à fabriquer, à chaque instant, de la tyrannie et du mensonge.
Ce petit pays de 6 millions d’habitants a l’ego d’une superpuissance, conféré par la possession d’un fabuleux arsenal nucléaire ; et d’un livre qu’ils se sont approprié, la Bible.
« Vous avez aimé le Livre, vous aimerez le pays » chante une publicité d’une compagnie aérienne, vantant les charmes de Jérusalem.
Mais ce village où tout le monde se connaît est menacé par l’Autre, le Palestinien...
Le peuple des ombres...
Celui par qui le scandale arrive.
La peur sexuelle de l’Autre signale la névrose.
Un citoyen israélien qui éprouverait de la compassion voire de la sympathie pour un Palestinien est appelé un « Arab lover ».
Toute l’éducation israélienne est bâtie sur cette mise en garde quasi « victorienne » : « Ne pas toucher l’arabe ».
Le Palestinien est une sorte de bédouin dégénéré, réclamant une nation, une maison, un couvert...
Les nations arabes, dans la pensée coloniale, ont été tracées, dans le sable, non pas par la volonté des tribus mais celle des empires et des dynasties.
Les palestiniens aux yeux du colon - bien souvent pas plus lettré que son ouvrier - n’ont pas d’histoire, car ils ne savent pas dessiner leur arbre généalogique, et vivent sous des tentes.
Détruire leur bidonville, au fond, c’est leur rendre service.
Israël a repris à son compte le fardeau de l’Homme blanc, qui apporte la Vérité et la civilisation aux tribus sémites.
Bombarder Beyrouth et sa prospérité, pour les Israéliens, c’est détruire un mensonge contagieux : celui d’une paix possible dans un autre monde.
De : himalove
jeudi 20 juillet 2006
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