Accès aux services de soins de santé au Canada
Janvier à juin 2005
L'attente de soins a été et continue d'être un enjeu majeur dans le secteur des soins de santé. Récemment, les ministères provinciaux et territoriaux de la Santé ont adopté une gamme de politiques et de stratégies pour diminuer les longs temps d'attente. En 2004, les premiers ministres ont convenu d'élaborer un plan sur dix ans en vue d'améliorer l'accès et de réduire les temps d'attente dans plusieurs domaines clés, y compris l'arthroplastie de la hanche ou du genou et l'opération de la cataracte. Le plan prévoyait l'établissement de repères correspondant à des temps d'attente médicalement acceptables, de même que la production de rapports réguliers pour suivre les progrès réalisés par rapport aux objectifs fixés1, 2. En vue d'améliorer le niveau d'information et de répondre aux exigences en matière de rapports, plusieurs administrations provinciales ont établi des registres des temps d'attente, afin de produire des renseignements à jour sur les temps d'attente relatifs à une gamme d'interventions3, 4, 5, 6.
Statistique Canada rend compte de l’expérience des personnes en attente de soins depuis que l’Enquête sur l’accès aux services de santé (EASS) a été mise en œuvre en 20017, 8. Cette enquête a été conçue pour produire des estimations au niveau national et provincial de l’expérience des personnes quant à l’accès aux services de soins de santé, y compris les temps d’attente de services spécialisés. L’enquête est maintenant intégrée à l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes et est la seule source qui fournit actuellement des données nationales sur les temps d’attente. Dans le présent rapport, nous présentons des résultats provisoires concernant les expériences des personnes en attente de soins, à partir des données recueillies pour les six premiers mois de collecte de 2005.
Méthodes
Données
Les données sur l’accès aux services de santé sont fondées sur un sous-échantillon de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de 2005. Cette enquête couvre environ 98 % de la population de Canadiens et de Canadiennes de 15 ans et plus qui vivent dans des ménages privés dans les dix provinces. Sont exclus de l’enquête les résidents des trois territoires, les personnes vivant dans des réserves indiennes ou sur des terres de la Couronne, les résidents et résidentes des institutions, les membres à temps plein des Forces armées canadiennes et les résidents et résidentes de certaines régions éloignées. Les données ont été recueillies au moyen d’interviews en personne et d’interviews téléphoniques entre janvier et juin 2005 (données pour les six premiers mois de l’enquête).
Puisque nous utilisons un sous–échantillon de l’ESCC, ce dernier est fondé sur les mêmes bases d’échantillonnage multiples que l’enquête principale. Celui-ci utilise tout d’abord la base aréolaire conçue pour l’Enquête sur la population active (EPA). Le plan de sondage de l’EPA est un plan en grappes stratifié à plusieurs degrés dans lequel le logement constitue l’unité d’échantillonnage finale. L’ESCC utilise aussi deux types de bases de sondage téléphonique : une base de liste de numéros de téléphone et la base de sondage à composition aléatoire (CA) des numéros de téléphone.
Afin de pouvoir produire des estimations fiables aux niveaux national et provincial, et plus particulièrement des estimations des temps d’attente, on a visé un sous–échantillon d’environ 34 000 répondants de l’ESCC au total pour 2005. L’échantillon a été sélectionné au moyen de la technique d’échantillonnage aléatoire stratifiée. Le présent rapport a été produit à partir des données pour les six premiers mois de 2005, ce qui fait que le nombre total de répondants ne représente que la moitié seulement du nombre visé (n=17 744). Le nombre de répondants et les taux de réponse pour les six premiers mois de la collecte figurent dans le tableau 1.
Il convient de souligner que l’ESCC vise la production d’estimations fiables au niveau de la région sociosanitaire, et le sous-échantillon sur l’accès aux services de santé, aux niveaux national et provincial.
Méthodes d’analyse
Des distributions et des fréquences pondérées ont été produites. On a calculé le temps médian d’attente pour les visites chez un spécialiste, les chirurgies non urgentes et certains tests diagnostiques. Les enregistrements dans lesquels il manquait des données pour certaines questions (non–réponse partielle) représentaient moins de 5 % de l’ensemble des enregistrements dans la plupart des analyses, et ils ont été exclus des calculs. La méthode bootstrap a servi à calculer la variance et les intervalles de confiance pour bien tenir compte du plan d’enquête complexe. Cette méthode est entièrement adaptée aux effets du plan d’enquête. Les intervalles de confiance ont été calculés au niveau de confiance p = 0,05. Pour les estimations de nombres, de ratios et de centiles, les différences entre 2003 et 2005 ont été considérées comme statistiquement significatives, selon un test bilatéral avec p< 0,05. Dans les cas où des proportions multiples ont été vérifiées, les niveaux de signification ont été ajustés au moyen de la méthode de Bonferroni.
Résultats
L'attente de soins demeure le principal obstacle à l'accès
Même si la plupart des personnes qui ont accédé à un service spécialisé n'ont pas connu de difficultés, certaines en ont eues (tableau 2). Environ 11 % des personnes âgées de 15 ans et plus (2,8 millions de Canadiens et de Canadiennes) ont consulté un spécialiste en 2005; parmi elles, 18 % ont déclaré avoir éprouvé des difficultés à accéder ce service. Environ 6 % des personnes (1,5 million) ont déclaré avoir subi une chirurgie non urgente; parmi elles, 11 % ont déclaré avoir éprouvé des difficultés d'accès. De même, 8 % des personnes ont déclaré avoir subi un test diagnostique et parmi celles-ci, 15% ont déclaré avoir eu des difficultés d'accès.
On a demandé aux personnes qui avaient éprouvé des difficultés de préciser les types d'obstacles auxquels elles s'étaient heurtées. Comme dans les enquêtes précédentes, les temps d'attente trop longs ont été cités comme le principal obstacle par les personnes ayant éprouvé des difficultés (tableau 3). Parmi celles qui ont éprouvé de la difficulté à consulter un spécialiste, 65 % ont indiqué que c'est le temps d'attente qui avait posé un problème, et 37 % ont indiqué avoir eu de la difficulté à obtenir un rendez vous. Il s'agit d'une hausse significative par rapport à la proportion de 25 % enregistrée en 2003.
Parmi les personnes qui ont éprouvé de la difficulté à obtenir une intervention chirurgicale non urgente, 79 % ont indiqué qu'elles avaient dû attendre trop longtemps. Il s'agit d'une proportion significativement plus élevée que celle de 62 % des personnes ayant déclaré que le temps d'attente constituait un obstacle en 2003. Une personne sur cinq ayant connu des difficultés a indiqué avoir eu de la difficulté à obtenir un rendez vous, un taux similaire aux résultats de 2003.
De même, parmi les personnes qui ont eu de la difficulté à accéder à un test diagnostique, comme l'imagerie par résonance magnétique (IRM) ou la tomodensitométrie (CT-scan), 58 % ont déclaré qu'elles avaient attendu trop longtemps pour obtenir un rendez vous, et 38 % qu'elles avaient attendu trop longtemps pour subir le test. Ces résultats sont similaires à ceux de 2003.
Temps d'attente médians inchangés au niveau national - certaines différences au niveau provincial
En 2005, le temps d'attente médian était d'environ quatre semaines pour une visite chez un spécialiste, de quatre semaines pour une chirurgie non urgente, et de trois semaines pour un test diagnostique (tableau 4, tableau 5 et tableau 6 ).
Au niveau national, les temps d'attente médians sont demeurés stables entre 2003 et 2005; toutefois, on a noté certaines différences au niveau provincial pour certains services spécialisés.
Les temps d'attente médians pour les interventions chirurgicales non urgentes ont diminué de moitié au Québec, passant de presque neuf semaines en 2003 à quatre semaines en 2005. En ce qui a trait aux tests diagnostiques, les temps d'attente médians au Nouveau Brunswick ont augmenté de façon significative, passant de deux semaines en 2003 à quatre semaines en 2005.
La plupart des personnes ont eu accès à des services spécialisés dans un délai de trois mois
La proportion de personnes qui ont attendu moins d'un mois pour recevoir des soins allait de 41 % pour celles ayant subi une intervention chirurgicale non urgente, à 57 % chez celles ayant obtenu un test diagnostique (graphique 1; tableau 7). La proportion de personnes ayant attendu entre un et trois mois allait de 32 % pour les tests diagnostiques à 41 % pour les visites chez un spécialiste. La proportion de personnes ayant attendu plus de trois mois allait de 11 % pour les tests diagnostiques à 19 % pour les interventions chirurgicales non urgentes. La répartition des temps d'attente en 2005 était similaire à celle de 2003.
Lun 10 Juil - 18:31 par Tite Prout