La langue arabe en Occident
[28 avril 2006]
La linguiste Henriette Walter s'est penchée cette fois-ci sur la langue arabe en Occident. « Cette langue est très curieuse,
car elle ne ressemble à aucune autre langue », dit-elle d'entrée de jeu à Michel Labrecque.
Nous parlons arabe, et ce, sans nous en rendre compte. Les mots bled, kif-kif, toubib, plus usuels en France, sont tout de
même connus au Canada. Et n'oublions pas arsenal, échec, épinard, alcool, jupe. « On en fait des mots à nous. On les fait
évoluer comme on aime », avance la linguiste.
Ce mélange remonte aux Croisades, et même avant. « L'arabe a une histoire que d'autres langues n'ont pas eue ». En effet,
l'arabe est une langue de Bédouins, de nomades, celle des gens qui circulaient. Ces nomades se réunissaient dans des foires,
une fois l'an. Là, avaient lieu des concours de poèmes, enrichissant du même coup la langue arabe.
Cette langue s'est répandue dès l'an 711 en Espagne, en Andalousie plus précisément. Les Arabes en terre espagnole ont
installé des écoles, ils ont favorisé un bouillonnement d'intellectuels. Chose étonnante, ils ont même traduit des textes grecs.
Bien sûr, des mots français ont aussi influencé la langue arabe, mais beaucoup plus tard, lors de la colonisation française du
19e siècle. Le vocabulaire arabe d'origine française concerne la technique, la mécanique et l'automobile.
Ce livre est une belle occasion pour mieux connaître la culture arabe, « les choses que l'on craint », espère Henriette
Walter, qui précise que nous ne connaissons pas l'influence de la culture arabe sur la science et la pensée intellectuelle.
# Henriette Walter (en collaboration avec Bassam Baraké), Arabesques. L'aventure de la langue arabe en Occident, éditions
Robert Laffont/éditions du Temps.