Le Japon ouvre ses portes à l’immigration
La politique d’immigration au Japon a toujours été extrêmement sélective. Seuls les étrangers hautement éduqués avaient le droit à un visa de séjour. Cette situation risque de changer si le rapport signé par le vice-ministre de la Justice Taro Kono, préconisant d’accepter sur le territoire nippon jusqu’à 3 % d’étrangers, est mis en application. Selon l’auteur du rapport, «il est peu probable que la société japonaise puisse bien fonctionner dans le futur si l’on maintient le ratio actuel d’étrangers par rapport à la population totale, en raison du vieillissement et du déclin des naissances», écrit Taro Kono. Son cri d’alarme a toutes les chances d’être bien accueilli par les milieux d’affaires nippons qui craignent à terme une pénurie de main-d’œuvre. Depuis quelques années, en effet, les chefs d’entreprise japonais pressent le gouvernement d’adopter des critères plus souples pour autoriser l’entrée de travailleurs étrangers.
Il est vrai que les tendances vers un nombre de plus en plus réduit d’enfants et au vieillissement de la population auront un impact important sur l’économie et la société, provoquant un ralentissement de la croissance et un accroissement des charges sociales. En 2005, la population japonaise a chuté pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, avec 1,25 enfant par femme, le taux de fécondité a atteint son niveau le plus bas. La principale raison de cette chute est le fait que les Japonais se marient de plus en plus tard : l’âge moyen pour convoler est de 29 ans pour les hommes et de 27 pour les femmes. Quant à l’âge moyen des Japonaises pour avoir leur premier enfant, il est de 28 ans.
Des choix personnels, généralement de nature économique, expliquent la multiplication des mariages tardifs. Parmi eux, l’émancipation des femmes et la tendance à privilégier la vie professionnelle au détriment de la famille. Quoi qu’il en soit, une population qui décroît et qui vieillit plus vite que partout ailleurs, c’est un formidable défi qui pèse sur l’Archipel, tout juste sorti de quinze années de crise. Un défi qui ébranle les fondements de sa culture.
Toutefois, il n’existe pas actuellement de consensus sur l’ouverture du marché du travail japonais à des étrangers. Certains craignent que leur arrivée soit facteur de troubles, en raison du nombre de crimes commis récemment par des étrangers. D’autres jugent que leur venue risque d’augmenter le taux de chômage des Japonais de souche. Enfin, quelques voix se sont levées pour demander aux autorités de limiter leur présence afin d’éviter les problèmes de cohabitation entre les différentes communautés.
par Any Bourrier
[02/06/2006]
http://www.rfi.fr/actufr/articles/078/article_44126.asp