L’Orénoque, l’aubaine du Venezuela et des multinationales
Coutumier des déclarations fracassantes à la veille des réunions de l’Opep, le ministre vénézuélien du pétrole a pour une fois modéré ses propos en s’abstenant de réclamer une baisse de la production des pays membres. En accueillant la réunion mensuelle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole prévue aujourd’hui, les représentants du quatrième exportateur mondial, qui jouent volontiers les trublions sur le marché adoptent un discours plus nuancé. Pourtant, cette volonté affichée de réduire la production plutôt que de la développer est bien l’une des constantes des autorités. En 2000, déjà à l’occasion de la tenue à Caracas d’une réunion de l’Opep, le président vénézuélien convainc les pays membres de diminuer leur production pour relever les cours qui étaient alors au plus bas. Ce mot d’ordre qui est toujours d’actualité alors que les cours sont remontés au plus haut, habille une réalité économique pas très avantageuse pour le pays : son niveau global de production estimé à 2 600 000 barils par jour est largement inférieur à celui des années quatre-vingt-dix ; le pays alors très ouvert aux multinationales sortait de ses puits trois millions et demi de barils par jour.
La Petroleos de Venezuela, la compagnie nationale très affectée par la grève organisée par l’opposition à la fin de l’année 2002 n’a jamais retrouvé le dynamisme d’antan. Ce manque à gagner pour les recettes de l’Etat est en partie compensé par l’augmentation des taxes prélevées pour financer la politique de redistribution d’Hugo Chavez. Cette semaine encore, les royalties perçues sur la production de la ceinture de l’Orénoque assurées par les compagnies étrangères ainsi que l’impôt sur leur bénéfice ont été relevées. Mais la reprise en main de l’Etat ne s’arrête pas là. Il souhaite augmenter la part de PDVSA dans ces alliances stratégiques. Les gisements de l’Orénoque sont l’atout majeur du Venezuela. Une fois travaillé, ce brut extra lourd donne un pétrole léger, le «nectar» comme on le surnomme sur place, moins cher à extraire que les sables bitumeux du Canada et très profitable au final puisque son prix est supérieur à celui des qualités cotées à Londres et à New York. Ce gisement contiendrait 240 milliards de barils de brut, si ce chiffre est confirmé, la démarche de certification est en cours, il ferait du Venezuela le pays doté des plus importantes réserves au monde. Une aubaine pour le pays mais aussi pour les six multinationales, dont la française Total, qui l’exploitent. Pour ces dernières, le Venezuela, qui offre un environnement politique aléatoire est incontournable sur le plan économique car avec la fermeture du Moyen-Orient et de la Russie, les occasions d’élargir la production sont trop rares pour être négligées.
par Dominique Baillard
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