Enseignement de l’Histoire, de la Culture Afro-brésilienne et Africaine obligatoire au Brésil
30/10/2005
Le président brésilien Lula a inauguré son mandat le 27 octobre 2002 par une série de mesures dont l’adoption de la loi 10 639, du 09 janvier 2003, rendant obligatoire l’enseignement de l’Histoire, de la Culture Afro-brésilienne et de l’Afrique. Cette modification de la Loi d’Orientation de Base de l’Education Nationale traduit la fin de l’idéologie largement démagogique de la démocratie raciale qui a tenté pendant des décennies de nier la réalité du racisme anti-mélanoderme au Brésil, mettant en avant le métissage et une harmonie intercommunautaire romancée.
Ce traitement de la question raciale sous l’impulsion du président Lula relève d’une approche globale de l’édification historique du Brésil, fruit de la traite négrière qui essaimé en une idéologie d’infériorité raciale aisément décryptable dans l’occupation des places sociales.
Les séjours en Afrique du président Lula ont été autant d’occasions, à l’instar du Mozambique, de rappeler la dette africaine du Brésil, dette de sang et de ponction humaine, contre laquelle le nouveau président a consenti des aménagements, réductions, annulations de dettes économiques contemporaines.
Si certains observateurs sont sceptiques sur l’efficacité anti-raciste de la loi du 09 janvier 2003, elle fait écho aux exigences croissantes du mouvement noir brésilien, qui a significativement investit en revendications les dimensions symboliques de la négritude. A cet égard, la reconnaissance de l’histoire des résistances des marrons est désormais inscrite dans le calendrier national, à travers la consécration du généralissime et chef légendaire de l’insurrection des Noirs de Palmares, état qui avait opposé des décennies d’insoumission militaire aux négriers Portugais au 17è siècle. Le 20 novembre est le jour de ce prodige de la guerre, de la résistance, de l’action militaire et politique, le roi Zumbi.
Par ailleurs des programmes d’action affirmative ont été mis sur pied favorisant l’entrée et les cursus des jeunes Noirs à l’école et dans les universités. En 2004 Sao Paulo inaugurait la faculté Zumbi dos Palmares pour les étudiants noirs, sous-représentés avec 10% des inscrits dans les universités nationales.
Le concept de discrimination positive est arrivé au Brésil en 1995, sous l’effet de la pression du mouvement noir sur le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso face aux inerties du système éducatif et des politiques publiques adressant les plus défavorisés. Il a pour objectif d’insuffler plus d’égalité par des décisions volontaristes ciblant des groupes et des races exclus économiquement et socialement au Brésil. Les cours soutien scolaire en vue de la poursuite d’études supérieures, ou l’accès à la carrière diplomatique, ainsi que la préservation de l’identité culturelle et ethnique des Noirs, Indiens et autres minorités invisibles dans l’histoire et la culture brésilienne officielles, s’intègrent dans ces trains de mesures politiques.
Il faudra en temps et en heure apprécier les résultats de cette stratégie de démocratisation scolaire et d’action affirmative sur le racisme de faits dans la société brésilienne, responsable de frustrations, d’inhibitions, et d’exclusions. Il est hautement probablement que la réconciliation raciale et citoyenne de cette nation se construise au moins en partie au prix d’une ferme volonté publique traduite en actes positifs.
Afrikara
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