Ménopause: le traitement hormonal, ça se discute
SANTÉ L’évaluation risque/bénéfice guide aujourd’hui la prescription d’hormones après la ménopause. Exit les automatismes d’autrefois
FRANCINE BRUNSCHWIG
Publié le 22 mai 2006
odile meylan- EVALUATION. Pour le Dr Daniel Wirthner, l’indication pour un traitement hormonal de substutiton découle de l’analyse de plusieurs facteurs individuels. Détérminante est la présence, ou non, de symptômes rendant la vie quotidienne désagréable
En 2002, la publication de l'étude américaine Women's Health Initiative mettait sérieusement en cause les traitements de substitution hormonale contre les troubles de la ménopause. L'enquête mettait en évidence une augmentation du risque de cancer du sein liée au traitement hormonal substitutif (THS). Résultat: déstabilisation des patientes et division du corps médical. Le calme est-il aujourd'hui revenu? Partiellement.
Même si bon nombre de femmes qui, du jour au lendemain, avaient abandonné leur traitement, l'ont depuis recommencé, la prescription d'hormones a bel et bien subi un coup de frein: les ventes de ce type de produits ont baissé de deux tiers aux Etats-Unis après 2002. Elle doit aujourd'hui répondre à des critères beaucoup plus stricts.
«Les automatismes d'autrefois ne sont plus de mise, il faut des indications précises pour justifier la prise d'hormones et celle-ci ne devrait en principe pas dépasser cinq ans», précise le Dr Daniel Wirthner. Le gynécologue et endocrinologue, spécialiste de la ménopause au CPMA à Lausanne (Centre de procréation médicalement assistée et d'endocrinologie gynécologique) donnera mercredi prochain une conférence à Lausanne. Interview.
- Qu'est-ce qui a changé dans le traitement de la ménopause?
- Avant 2002, ménopause était synonyme de prescription d'hormones. Aujourd'hui on discute avec la patiente, on évalue l'intensité des symptômes (n.d.l.r.: bouffées de chaleur, troubles du sommeil, palpitations, dépression, troubles de la libido) péjorant plus ou moins fortement sa qualité de vie et justifiant la prise d'hormones. On évalue annuellement l'indication à continuer le traitement et on n'hésite plus à l'arrêter dès que possible, généralement après cinq ans. Les dosages sont par ailleurs devenus plus faibles.
- De nouvelles préparations ont-elles été mises sur le marché?
- Non. C'est l'un des effets de l'étude de 2002. Après des années de marketing intense, l'industrie s'est désintéressée de ce domaine. Rien de révolutionnaire n'est sorti ces dernières années. D'une manière générale, on privilégie l'administration d'hormones par voie transcutanée (n.d.l.r.: patch, gel, crème) pour éviter le premier passage par le foie.
- Existe-il des contre-indications absolues à la prise d'hormones?
- La présence d'un cancer, et notamment d'un cancer du sein. Mais le fait d'avoir un membre de sa famille qui a eu un cancer du sein ne constitue pas une contre-indication.
- Les femmes restent déstabilisées. Les hormones augmentent-elles le risque de cancer du sein?
- D'abord, la prise d'hormones n'augmente pas le taux de mortalité dû au cancer du sein. Elle pourrait en revanche activer la formation d'une tumeur préexistante. Mais au même titre que d'autres facteurs de risque connus comme l'obésité, des antécédents familiaux, des règles précoces, la première grossesse après 30 ans, l'alcool. Au moment de décider d'un traitement substitutif, tous ces éléments doivent donc être évalués.
Traitement hormonal et ménopause: où en sommes-nous? Conférence par le Dr Daniel Wirthner, mercredi 31 mai, de 20 h à 21 h, Clinique Cecil, Lausanne
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