Venezuela, Bolivie, Cuba pour un traité commercial des peuples ? Expérience à suivre
15/05/2006
Les modèles d’intégration régionale sur le paradigme ultralibéral, promus à l’échelle du monde depuis les années 80 marquent le pas face à l’évidence de leur échec à stimuler une croissance économique bénéficiant à tous… A supposer que tel ait été l’objectif des méga programmes de libéralisation, privatisation, transition, ajustements structurels, hypothèse héroïque s’il en est. En tous cas la réussite côté profits des multinationales a été sans bavure, trop voyante des fois, alimentant diverses frondes à l’instar des mouvements altermondialistes et culturalistes mondiaux en gestation ou en développement.
A l’heure des grandes recompositions amenées par l’émergence de nouvelles puissances économiques chinoise, indienne, coréenne, brésilienne, etc. il est opportun que des idées nouvelles proposent un horizon rafraîchit. La hausse des prix du pétrole permet théoriquement de rééquilibrer les relations entre pays producteurs et majors exploitantes, favorisant, avec l’arrivée au pouvoir de classes politiques inattendues rendues inévitables par les déceptions de deux décennies de paupérisation des masses, des initiatives novatrices. C’est en ce sens que prend toute sa pertinence le traité commercial entre le Venezuela, la Bolivie et Cuba, visant à s’ouvrir mutuellement leurs espaces économiques et se fournir des débouchés mutuels, soutenant en cela leurs filières de production complémentaires.
Cela se traduirait par les relations tripartites : Pétrole vénézuélien à prix préférentiel, assistance cubaine dans les secteurs de la santé et de l'éducation, contribution de la Bolivie à la sécurité énergétique des pays signataires avec sa production excédentaire d'hydrocarbures. Des avantages douaniers réciproques et des investissements libres d'impôts sur les bénéfices prévus.
[Extrait de http://www.lalibre.be/article.phtml... ]. Les présidents vénézuélien Hugo Chavez et bolivien Evo Morales, réunis autour du dirigeant cubain Fidel Castro, ont signé à La Havane un Traité commercial des peuples (TCP), conçu comme une alternative au libre-échange promu par Washington.
Le président bolivien, promoteur du TCP, est devenu par la même occasion le troisième membre de l’Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), un projet régional d’intégration économique et politique d’inspiration socialiste lancé par Hugo Chavez et Fidel Castro.
Le TCP permettra notamment à la Bolivie d’exporter ses produits vers Cuba et le Venezuela sans payer de taxes. « La Bolivie n’a absolument pas à s’inquiéter pour sa consommation de diesel, le Venezuela s’engage à fournir intégralement ce dont la Bolivie a besoin pour son développement », a déclaré M. Chavez après la signature. De même, « à partir d’aujourd’hui, les producteurs boliviens ne doivent pas s’inquiéter pour leur soja, Cuba et le Venezuela leur garantissent le marché », a-t-il ajouté. « Cela va aider la Bolivie à sortir de la crise économique », a répondu M. Morales, ajoutant que l’accord ne portait pas que sur le soja, mais « sur beaucoup d’autres produits ».
Un commerce de peuples à peuples et pas de marché à marché
Evo Morales a souligné que le TCP permettait un commerce « de peuple à peuple, pour les dépossédés, les gens marginalisés ».
« Nous tenons le cap. Nous bâtissons. L’ALBA est en cours de construction », avait déclaré vendredi [28 avril 2006] soir Hugo Chavez, accueilli à l’aéroport par Fidel Castro et Evo Morales.
Interrogé sur le point de savoir si d’autres pays que Cuba, le Venezuela et la Bolivie pourraient se joindre au traité, Fidel Castro a répondu : « Je pense que oui. Maintenant, pour la première fois, nous sommes trois ». Le TCP, sur lequel peu de détails ont filtré, est un moyen « extraordinaire, d’un profond contenu humain, social et économique », a-t-il ajouté.
L’alliance entre les trois pays intervient à un moment où les options libérales au coeur des processus d’intégration régionale sont en crise en Amérique latine. Farouche opposant --autant que Fidel Castro-- de Washington, Hugo Chavez a annoncé la semaine dernière le retrait de son pays de la Communauté andine des nations (CAN, qui regroupe Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou et Venezuela), en reprochant au Pérou et à la Colombie d’avoir signé des traités de libre-échange promus par les Etats-Unis, un acte de «bigamie», selon lui, «incompatible» avec l’intégration régionale.
Afrikara