Bush dénonce l'esclavage sans présenter d'excuses
Les États-Unis vont «participer» aux efforts de pacification du Liberia
AFP
Île de Gorée - Le président américain George W. Bush a solennellement condamné hier à Gorée, haut lieu symbolique de la traite des Africains vers le Nouveau Monde, l'esclavage comme étant «un des crimes les plus abominables de toute l'Histoire».
Au premier jour d'une tournée africaine dans cinq pays du continent, M. Bush a également déclaré à Dakar que les États-Unis allaient «participer» aux efforts des pays d'Afrique de l'Ouest pour rétablir la paix au Liberia, sans toutefois préciser si Washington allait envoyer des troupes dans ce pays en proie à une guerre civile.
Dans un discours prononcé sur l'île de Gorée, située non loin de la capitale sénégalaise, M. Bush a affirmé avec force que la traite des Africains fut «une des plus grandes migrations de l'Histoire, mais aussi un des crimes les plus abominables de toute l'Histoire».
«En ce lieu, la liberté et la vie furent enlevées et vendues», a-t-il ajouté après avoir visité la Maison des esclaves. À propos de son pays, le président américain a relevé qu'«une République fondée sur l'égalité de tous était devenue une prison pour des millions» d'Africains déportés.
Dans ce discours, prononcé devant son hôte sénégalais Abdoulaye Wade et destiné à la fois aux Africains et à l'électorat noir américain, M. Bush s'est néanmoins gardé de présenter des excuses pour le rôle des États-Unis dans cette période sombre de l'Histoire.
La visite de M. Bush a été mal perçue par beaucoup d'habitants de l'île, choqués par le comportement des services de sécurité chargés de protéger le chef de l'exécutif américain. Les habitants ont été délogés de leurs maisons à 5 heures et tenus éloignés du président jusqu'à son départ.
Cette irritation était également très sensible à Dakar, soumise à un quasi-état de siège pendant la demi-journée de la visite présidentielle.
À Dakar, la crise libérienne a été abordé par M. Bush lors d'un sommet avec huit chefs d'État d'Afrique de l'Ouest. «Nous avons eu une bonne discussion sur le Liberia», a-t-il déclaré à la presse à l'issue d'un sommet auquel participait notamment le Ghanéen John Kufuor, président en exercice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO, 15 pays membres). La CEDEAO presse les États-Unis de prendre la tête d'une force d'interposition au Liberia.
«Je lui ai dit que nous participerions aux côtés de la CEDEAO» aux efforts pour rétablir la paix au Liberia, a poursuivi M. Bush, qui a ajouté: «Nous sommes maintenant en train d'établir le degré de notre participation.»
Au moment où M. Bush entamait sa tournée, des experts militaires américains qui voulaient procéder à une évaluation humanitaire et sécuritaire dans un camp de réfugiés au Liberia ont été forcés de rebrousser chemin par des forces loyales au président libérien Charles Taylor, a constaté un journaliste de l'AFP.
Intervention
Cette équipe de 32 experts, arrivée lundi à Monrovia, est chargée officiellement d'évaluer la situation humanitaire, mais probablement aussi d'examiner la faisabilité d'une intervention militaire. M. Bush a également réitéré à Dakar son voeu de voir le président Taylor quitter le pouvoir.
La CEDEAO a annoncé vendredi qu'elle approuvait l'envoi de 3000 hommes pour participer à une «force d'interposition» au Liberia. Selon les médias américains, M. Bush envisage l'envoi de 500 à 2000 soldats américains au Liberia.
Après son discours, George W. Bush a quitté le Sénégal pour l'Afrique du Sud. Sa tournée le mènera ensuite au Botswana, en Ouganda et au Nigeria. Au cours de ce voyage, il entend insister auprès de ses interlocuteurs sur la lutte contre le sida, les efforts de développement et la lutte antiterroriste.