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 "Les Haïtiens sont encore" des traumatisés de l'hi

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

"Les Haïtiens sont encore" des traumatisés de l'hi Empty
12052006
Message"Les Haïtiens sont encore" des traumatisés de l'hi

La Presse
Lectures, dimanche 25 janvier 2004, p. LECTURES11

Littérature étrangère

"Les Haïtiens sont encore" des traumatisés de l'histoire"

Khan, Jooneed

Fils illégitime, il dira " incestueux ", d'un Américain responsable des chemins de fer et de sa fille adoptive haïtienne qui n'avait alors que 13 ans, il fut d'abord Frank Étienne, du nom de jeune fille de sa mère, rejetée de la maison du maître dès qu'elle tomba enceinte.

Après une dure enfance et une adolescence torturée, le garçon devenu romancier, poète, dramaturge, comédien, peintre et musicien, grâce aux sacrifices de sa mère pour faire de lui un lettré, se rebaptisa Frankétienne, en un seul mot.

" C'était il y a 32 ans. J'en ai aujourd'hui 68. Alors que d'autres se font une identité en assassinant leur père, je me suis inventé un père et un repère: je représente l'unité de mon être dans un pays ravagé par le virus de la division ", lance-t-il, truculent.

" Mon oeuvre reflète la vraie réalité haïtienne, les problèmes de fond ", dit-il, en short et chemise sur la véranda de sa maison de Delmas 31, sa cour ombragée d'arbres fruitiers protégée de la cohue et des ordures par un mur haut et un lourd portail en métal. Sa maison est aussi le musée permanent de ses toiles, dont il vit littéralement.

" Nous, Haïtiens, sommes encore les traumatisés de l'histoire. Nous sommes comme des acteurs exécutant un strip-tease psychodramatique, morbide, suicidaire, et inachevable. Haïti est un pays qui flotte entre le réel et l'imaginaire, entre la vie et la mort ", dit-il.

" La cause profonde? C'est d'abord le caractère exceptionnel de la geste même de 1804: l'esclavage à l'échelle mondiale était le mode de production par excellence et une petite communauté de 500 000 esclaves défie le système sur un tiers d'île et sort victorieuse de la plus grande puissance de l'époque, la France. C'était inattendu, imprévisible, anormal. Comment gérer cela? L'indépendance ne fait pas une nation. Il fallait un projet national, et on le cherche toujours ", explique-t-il.

Les écrivains haïtiens ont tour à tour raconté, chacun à sa façon, ces traumatismes. Jean Price Mars l'a fait avec La Vocation de l'élite (1919) et Ainsi parla l'oncle (1928). Mais le récit historique de l'organisation de la traite et de l'esclavage, fondé sur les documents d'archives, c'est l'écrivain trinidadien C.L.R. James qu'il l'a réalisé, avec son ouvrage monumental intitulé Les Jacobins noirs, et publié en 1938.

La traite était devenue un circuit commercial dont la dynamique dépendait de la demande permanente et croissante d'esclaves sur les plantations coloniales. Aussi, l'esclave était-il une denrée dispensable, aussitôt remplacée par de nouveaux arrivants. Une bourgeoisie entière en vivait dans les grands ports de la métropole. Les supplices prévus au Code noir pour la moindre incartade étaient horribles; et les maîtres en rajoutaient volontiers.

À la veille du soulèvement de 1791 à Saint-Domingue, le nom d'Haïti à l'époque, la société coloniale comprenait des esclaves de champs, des esclaves de maisons, des esclaves marrons (évadés), des esclaves affranchis, des mulâtres libres, des militaires français, des maîtres blancs (français), et des commerçants et administrateurs blancs et mulâtres, autant de couches sociales, de classes et de castes, qui s'allient et s'opposent jusqu'à la victoire décisive de Vertières en 1803.

Mais ces divisions restent profondément ancrées dans la société haïtienne d'aujourd'hui. Au-delà de la polarisation entre " noiristes " et " mulâtristes ", qui revient dans le débat pour et contre le président Jean-Bertrand Aristide, subsistent des nuances complexes et impitoyables que la grande romancière Marie Chauvet (Vieux) rend avec une précision insoutenable dans les romans Amour, Colère et Folie et Les Rapaces.

Frankétienne lui-même a signé près d'une quarantaine d'oeuvres littéraires. La plus récente, Miraculeuse, une brique grand format de 800 pages faite de poèmes, textes d'analyses, maximes, confessions psychanalytiques et dessins, s'ouvre sur ces mots: " Ô ma terre cruelle et douce à la fois. Tendre et sauvage. Généreuse et barbare... Toi qui m'échappes et me reviens trésor de chair et de terreur. Tu me fais. Me défais. Me fascines. M'épouvantes. Et m'étourdis par l'insolite beauté d'une catastrophe toujours recommencée. "


Illustration(s) :

La maison de Frankétienne est aussi le musée permanent de ses toiles, dont il vit littéralement.
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"Les Haïtiens sont encore" des traumatisés de l'hi :: Commentaires

Frankétienne, l'intellectuel qui a consacré toute sa vie à travailler au service de la communauté haïtienne et qui a écrit des oeuvres incomparables pouvant édifier la génération d'aujourd'hui et celle de demain.
Il connait bien son pays pour avoir passé la plus grande partie de sa vie à l'aimer. Souhaitons longue vie à ce géant venu d'un autre monde nous apporter lumière et beauté.

Jean
 

"Les Haïtiens sont encore" des traumatisés de l'hi

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