mercredi 10 mai 2006, 8h01
Sénégal: une exposition pour se souvenir de l'esclavage
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DAKAR (AFP) - Des hommes entravés par des chaînes, des caravelles où s'entassent la marchandise humaine au milieu de négriers blancs, les sculptures de Lamine Barro, qui évoquent des scènes de la traite négrière, se veulent autant didactiques qu'artistiques.
"La marche de l'homme vers la promesse de l'universel" est le thème de l'exposition qui, du 10 mai au 10 juin, commémorera le souvenir de l'esclavage au cours Sainte Marie de Hann à Dakar, une école privée réunissant des élèves issus d'une cinquantaine de pays.
Pas moins de 1.750 petites sculptures exposées, hautes d'une dizaine de centimètres, représentent le parcours des esclaves depuis leur capture par les "dioulas", les intermédiaires africains, jusqu'à leur mise en vente à leur arrivée en Amérique.
"Il vaut mieux voir une seule fois que d'entendre mille fois", insiste M. Barro pour expliquer la dimension pédagogique de son travail, "qui s'adresse avant tout aux enfants" et qui se base sur des travaux d'historiens.
"Après avoir vu mon exposition, les gens comprennent les souffrances de l'esclavage", assure-t-il en désignant des scènes représentant la visite médicale au cours de laquelle s'opérait la sélection des esclaves, ou les conditions de vie lors de la longue traversée.
L'exposition aborde également le thème du métissage, cher à l'artiste qui veut voir une promesse au delà de l'horreur de l'esclavage.
"Les gens ne peuvent pas vivre deux cent ans ensemble sans se rapprocher", estime-t-il.
Pour Marie-Hélène Cuenot, directrice du cours Sainte Marie de Hann, les élèves de cette institution sont "nettement plus sensibles au sujet de l'esclavage qu'en France".
Plusieurs d'entre eux se sont d'ailleurs portés volontaires pour lire des textes lors de l'inauguration de l'exposition devant une délégation officielle comprenant notamment des parlementaires français venus accompagner le 10 mai la ministre déléguée à la Coopération, au développement et à la francophonie, Brigitte Girardin.