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 Les relations sud-sud

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Tite Prout
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Tite Prout


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08052006
MessageLes relations sud-sud

samedi 6 mai 2006 (13h12) :
Livre : les relations sud-sud
de Danielle Bleitrach

Pour l’édition cubaine de notre livre, Les Etats-Unis DE MAL EMPIRE (*), de nombreuses corrections ont été apportées, deux sont fondamentales : l’une concerne l’élection d’Evo Morales, l’autre le paragraphe consacré aux relations sud-sud. Grâce aux amis cubains, J.F.Bonaldi, et Raùl Colon en particulier, ces révisions ont pu intervenir à la fin mars 2006, ces amis m’ont fourni les documents, les réflexions qui en France nous font défaut. Voici donc le texte de l’édition cubaine concernant les rapports sud-sud, je conseille à tous les lecteurs de ce livre de les insérer dans leurs exemplaires. Je vous enverrai également le texte sur l’élection d’Evo Morales, cette élection était annoncée dans DE MAL EMPIRE, mais bien qu’il soit inutile de courir après un processus, il ne s’agit pas seulement d’actualisation, mais bien selon nous d’un renforcement important de l’aspect le plus novateur et le plus révolutionnaire du processus.

Les relations Sud-Sud (p. 97)

Il y a une deuxième idée cubaine en train de se réaliser : les rapports Sud-Sud. Suivre historiquement la gestation de cette idée tant dans l’évolution de l’ONU, de ses résolutions, dans l’élaboration d’un Nouvel Ordre économique international que dans l’histoire des non-alignés excéderait les limites imparties à ce livre.(1) Pourtant, on a toute chance de ne rien comprendre à Cuba si on limite son appartenance au camp socialiste occidental. Depuis toujours, Cuba affirme son appartenance aux pays sous-développés, en particulier ceux d’Amérique latine. On peut même considérer le caractère quasi visionnaire de Fidel Castro à partir de sa préoccupation de ce monde sous-développé dont Cuba fait partie et de son expérience historique de la dépendance coloniale et néocoloniale. Contentons-nous de noter que dans un rapport présenté en 1983 à la Conférence au sommet des pays non alignés, Fidel Castro fixe la doctrine des rapports Sud-Sud. qu’il s’agisse de la crise qui, partie des pays capitalistes développés et de ses retombées prévisibles sur le tiers-monde, ou des mesures à prendre pour y faire face, on ne peut manquer d’être frappé par l’actualité de ses propos. Tout ce que l’on peut dire, c’est qu’aujourd’hui la situation s’est encore aggravée, comme en témoigne l’actualisation des données de 2000. Pourtant, en 1983, l’affaire se présente mal. Non seulement Fidel Castro échouera dans sa tentative d’organiser un front uni contre le paiement de la dette extérieure du tiers monde, mais, quelque temps après, l’Union soviétique s’effondre et l’impérialisme, le système capitaliste derrière les Etats-Unis paraît sans concurrent.(2) Mais à partir de 2004, si notre analyse a quelque fondement, c’est la montée de la résistance et le développement de la coopération Sud-Sud qui s’amorce.

Que sont donc les rapports Sud-Sud selon la doctrine définie dans le Rapport de 1983? D’abord, il ne s’agit pas d’un système d’autarcie utopique à l’échelle du Tiers-Monde, mais bien d’un processus de longue haleine qui passe par des réalisations concrètes.

On peut dire que dans le processus tel qu’il a été entamé aujourd’hui, la base en a été le G-20 et son unité face à l’OMC. Les pays du Sud se sont rassemblés dans les négociations et se sont opposés aux pays du Nord sur la question des subventions aux exportations agricoles. Ils ont dénoncé les contradictions des néolibéraux, protectionnistes, qui envahissent leurs marchés avec de produits agricoles subventionnés par les gouvernements des Etats-Unis et de l’Union européenne. Les tentatives actuelles de réconciliation des premiers avec la seconde portent sur le Moyen-Orient, mais également sur la nécessité de faire bloc face à cette exigence du Sud.

Que dit le Rapport de 1983 de Fidel Castro face au protectionnisme des marchés des pays capitalistes développés ? Il est nécessaire pour les pays sous-développés de trouver de nouveaux marchés, en particulier en favorisant les échanges à l’intérieur du Tiers-Monde. « La grande diversité économique existant dans le Tiers-Monde, la variété des ressources matérielles et humaines dont il dispose et les différents niveaux de développement permettent d’envisager d’importantes possibilités de complémentarités économiques rentables, devant assurer des bénéfices concrets » (p. 161). Déjà à cette époque, les complémentarités telles qu’elles sont envisagées sont multiples : ressources pétrolières, matières premières, mais aussi services avec la référence aux techniciens, aux médecins. Notons qu’à cette même époque, grâce aux tarifs préférentiels d’achat de sucre dont bénéficie Cuba dans le camp socialiste, l’île surdéveloppe sa capacité sucrière, et dans le même temps non seulement elle développe l’éducation, la santé, mais également, à partir de la nécessité de vacciner la population contre des épidémies envoyées par les Etats-Unis, elle commence à développer des recherches biologiques, chimiques. Aujourd’hui, l’île continue à penser ses rapports Sud-Sud à partir de ses productions traditionnelles (le nickel, le tabac, et même le sucre), mais en utilisant son potentiel intellectuel pour fournir des produits dans le domaine biologique et des services hautement qualifiés dans le domaine de la santé et de l’éducation. Les échanges commerciaux se développent dans ces secteurs avec le Venezuela, mais aussi l’Argentine et le Brésil. Sur le plan politique, Cuba se prononce en faveur de nouvelles perspectives pour le Mouvement des pays non alignés, d’autant qu’elle en deviendra le président pour la seconde fois à partir de la Conférence au sommet qui se tiendra à La Havane en septembre de cette année-ci.

Mais revenons à la doctrine telle qu’elle apparaît en 1983. Dès cette époque, la Révolution cubaine entame une réflexion sur le fait que cette coopération Sud-Sud doit reposer sur un autre modèle que celui qu’impulse l’Occident capitaliste. D’abord, il n’y aura pas de coopération sans la possibilité d’échapper aux transnationales. En 2000, lors de la première Conférence au sommet du Sud, tenue à La Havane, Cuba dénoncera le rôle du FMI, mais aussi, encore et toujours, le poids de la dette : « Les gouvernements doivent échapper aux transnationales agissant par le biais de leurs filiales installées dans le Tiers-Monde [.] La coopération entre pays sous-développés doit se baser sur la coordination de leurs propres efforts et situer en bonne place des mesures de contrôle réel et effectif des actions des transnationales. » C’est à l’aune de la mise en oeuvre de ce contrôle « réel et effectif » que les gouvernements seront ou non désignés par les Etats-Unis comme des ennemis à abattre, accompagnés par de bruyantes campagnes de presse dénonçant « les dictatures », ou des hypothétiques dangers terroristes. Chávez, Morales en Amérique latine, l’Iran aujourd’hui. Les moyens réels de la souveraineté des peuples sur leurs ressources sont toujours en cause.

Car déjà dans ce Rapport, s’esquisse un mode de développement autre que celui de l’Occident : il s’agit de partir des besoins des peuples de « nos pays » ; ceux-ci souffrent de carences alimentaires, manquent du strict minimum à force d’être pillés, mais ils ont aussi des besoins en matière de santé, d’éducation, des besoins qui ne peuvent être couverts par un marché, mais nécessitent l’intervention de l’Etat, des formes de coopération, de services dont certains rentrent dans les échanges commerciaux, mais quand il s’agit d’aider les pauvres, ceux qui ne peuvent payer, le service devient solidarité, don. Le partage de ces valeurs cubaines par le Venezuela de Chávez a encore accru l’ampleur de ces formes de coopération basées sur le don. C’est le cas de l’Opération Miracle, grâce à laquelle plus de deux cent mille pauvres, transportés par le Venezuela qui va les chercher dans toute l’Amérique latine et les Caraïbes, et assure leurs frais de séjour et ceux d’une personne accompagnant le patient, ont à ce jour reçu à Cuba des soins ophtalmologiques gratuits qui leur ont permis de recouvrer la vue. Déjà plus de 200.000 personnes en ont bénéficié et sur le programme prévu sur dix ans, ils seront plusieurs millions.

Cette forme de solidarité à base du don s’étend au domaine de l’alphabétisation. Ainsi, une méthode révolutionnaire d’enseignement de la lecture et de l’écriture mise au point par des pédagogues cubains (Yo si puedo, autrement dit : Moi aussi je peux) et pratiquée avec succès dans différents pays (dont Haiti en créole, le Mexique, voire l’Australie.) a permis au Venezuela, de nouveau avec l’aide cubaine et dans le cadre d’une campagne nationale, d’éradiquer l’analphabétisme et de se déclarer, après Cuba en 1961, le second pays d’Amérique latine délivré de ce fléau. Le plus extraordinaire de cette solidarité cubaine, c’est qu’elle est prête à entrer en action dès qu’elle trouve un répondant : ainsi, à peine un gouvernement foncièrement populaire s’installe-t-il en Bolivie qu’en à peine deux mois, une campagne d’alphabétisation se met en place, toujours selon la méthode cubaine et avec le concours de conseillers cubains et vénézuéliens, en vue d’alphabétiser un million de Boliviens, ceux parmi les plus pauvres et les plus marginalisés, autrement dit les populations originaires qui apprendront en lire et à écrire non seulement en espagnol mais aussi dans leurs langues (quechua, aymara et autres) . Si cette intervention foncièrement révolutionnaire - dont il n’est jamais fait état dans la presse occidentale - concerne en priorité l’Amérique latine, elle s’étend toutefois à d’autres pays. Et même aux Etats-Unis, ou plutôt - et c’est logique - à ce qui constitue, dans le pays le plus riche au monde, le pendant du Sud sous-développé et qui coïncide curieusement avec son sud géographique ! Ainsi, les Cubains ont proposé d’envoyer urgentistes et personnel médical à la Nouvelle-Orléans pour secourir les sinistrés du cyclone Katrina, mais l’administration Bush, pour laquelle les pauvres, à plus forte raison s’ils sont Noirs, sont à peu près le cadet de ses soucis, a refusé cette aide proposée sous forme d’un contingent de plusieurs centaines de médecins spécialisés en situation de désastre naturel et mis sur pied en à peine une semaine. Qu’à cela ne tienne ! Cette solidarité ne serait pas perdue pour tout le monde : la Révolution cubaine officialisait cette offre ponctuelle sous forme du Contingent Henry Reeve spécialisé en désastres naturels, dont le premier détachement partait très vite porter secours aux victimes des inondations au Guatelama, puis avait son extraordinaire baptême du feu au Pakistan, lourdement frappé, on le sait, par un terrible séisme : à partir du 8 octobre 2005 et jusqu’en mars 2006, donc, 2 386 médecins et personnels de santé (dont des techniciens) arrivés avec des dizaines d’hôpitaux de campagne, ont traité plus d’un million de Pakistanais sur les contreforts de l’Himalaya, dans des lieux où l’on ignorait même ce que médecin voulait dire, réalisé des milliers d’opérations parfois très complexes, et quand ils sont rentrés à Cuba, après avoir reçu les éloges reconnaissants des plus hauts fonctionnaires pakistanais, ils ont laissé sur place leurs hôpitaux de campagne dotés d’équipements dernier cri et o Le Rapport de Fidel de 1983 insiste également sur la nécessité de chercher entre pays sous-développés des relations d’équité. Il faut tenir de l’hétérogénéité du Tiers-monde en matière de niveaux de sous-développement afin d’éviter que quelques pays relativement industrialisés et exportateurs ne monopolisent la plupart des bénéfices et n’entraînent de ce fait tensions et désunions, car les facteurs de division sont multiples, utilisés par les pays capitalistes développés pour empêcher l’établissement de rapports Sud-Sud. Parmi eux, il y a non seulement toute une infrastructure avec l’ancienne métropole, l’absence de réseaux financiers, économiques et culturels entre les pays du Sud, mais encore le poids différent que pèse l’inégalité dans le sous-développement. L’existence de pays comme la Chine, le Brésil, peut être un atout. Comme nous l’avons vu, leur présence peut être un facteur d’accélération de nouveaux réseaux. Ils peuvent aussi être un atout dans la résistance, car leur taille, leur développement relatif les rendent plus aptes à affronter les mesures de rétorsion des Etats-Unis et de leurs alliés. Récemment, la Chine a signé avec Cuba des contrats sur l’exploitation du nickel avec son apport technologique, la fournit en électroménager, en cars, en locomotives, ce qui devrait à terme améliorer la vie des population autant que le facture énergétique. Quant au Venezuela, il est le premier destinataire des investissements chinois en Amérique latine. Chávez multiplie les contacts avec l’Iran pour la constitution d’un pôle pétrochimique.
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Les relations sud-sud :: Commentaires

Tite Prout
Re: Les relations sud-sud
Message Lun 8 Mai - 18:58 par Tite Prout
On voit à quel point les rapports Sud-Sud basés au départ sur la recherche d’un Nouvel ordre économique international sont un processus complexe à travers lequel tente de se dessiner une nouvelle orientation en vue d’un développement harmonieux et équilibré de la planète. L’épuisement des ressources de la planète, le réarmement, alors même que l’ennemi désigné au siècle dernier, l’URSS, s’est effondré, incitent Chávez à parler de « socialisme ou barbarie », et Fidel à poser l’alternative en termes encore plus drastiques : ou l’humanité change de cap et elle court à sa perte.

Dans les résistances qui montent du Sud, telles que nous avons tenté de les esquisser dans notre livre, s’imbriquent des formes de résistance étatiques tentant de dessiner un monde multi-polaire, comme dans le cas de la Chine, de la Russie voire de l’Inde et d’autres basées sur la résistance des peuples comme en Irak ou en Palestine, et des résistances de peuples débouchant sur des Etats-nations, « la multitude », non telle que l’entend Toni Negri, mais Spinoza, pour qui l’indignation populaire fonde la République, le sens du processus tel qu’il se développe en Amérique latine . Le poids de géants comme la Chine est essentiel créer de nouveaux circuits d’échange, pour échapper à la polarisation nord-sud. Comme d’ailleurs le poids du Brésil, et avec lui celui du Mercosur, pour mettre en cause l’ALCA. Mais au cour même de ces nouveaux échanges sud-sud, s’esquisse un projet de nouvelles relations internationales qui mettent en cause une simple dynamique marchande et impulsent solidarité, don, c’est l’ALBA, signé d’abord par le Venezuela et Cuba, et par la Bolivie aujourd’hui. Là encore il ne s’agit pas d’une utopie autarcique, mais d’actions concrètes, exemplaires. Les relations entre Etat respectent la logique de chaque pays, la base sur laquelle chacun de ses pays entre dans ces relations sud-sud et élargit sans cesse le front. C’est pour cela qu’il faut suivre avec beaucoup d’intérêt la Conférence des Non Alignés qui aura lieu à la Havane en septembre 2006. Si l’Amérique latine, avec son processus d’unité dans la diversité, contre la domination US est exemplaire, même si les fragilités sont nombreuses, les situations d’inégalité flagrantes, ce processus s’étend et paraît susceptible d’entraîner d’autres continents.

Il convient encore de noter le parallélisme entre l’action politique immédiate et des phénomènes qui se déroulent sur un temps plus long comme les phénomènes culturels, ceux qui ont trait aux civilisations, et à la création. Dans notre chapitre consacré à la Bolivie, à la démocratie insurrectionnelle andine, à l’élection d’Evo Morales, nous avons fait état du caractère symbolique de cette élection, pour la première fois l’Indien entre de plein pied dans le continent dont il a été dépossédé et accepte de se considérer comme Bolivien et comme citoyen de l’Amérique latine à travers le projet bolivarien. La réappropriation des ressources nationales se fait au nom de tous. On retrouve dans les interrogations des écrivains, en particulier ceux de la créolité le même souci d’échapper au tropisme d’un pseudo-centre. (5)Les mêmes questionnements sur la nécessité d’approfondir sa langue tout en dépassant la colonisation des Caraïbes, mais on pourrait en dire autant de l’Afrique et de bien d’autres continents, qui a isolé chaque voisin dans l’enfermement avec le pays colonisateur, fait vivre chaque créateur dans un néo-colonialisme, un marché de l’art et de la reconnaissance qui dépend encore et toujours de la métropole. Là encore l’exemple cubain, la manière dont l’île a su devenir un vivier de création et de manifestations de haut niveau donne des leçons de souveraineté qui ne soit pas basé sur l’autarcie et la momification folklorique du passé.

Dans tous les domaines, les relations sud-sud ne sont pas une autarcie utopique, mais une manière pour les pays du sud, à travers des actes concrets, non seulement de se mettre en situation de résistance face au pillage, au sous-développement impulsé par l’impérialisme, chacun sur ses bases propres, mais encore à partir du moment où le Sud est à l’intérieur du Nord, de dégager les voies d’une autre mondialisation. Le processus est fragile, les facteurs de division sont multiples, mais le sens du processus demeure et s’amplifie.

Daneille Bleitrach

(*) "Les Etats-Unis De Mal Empire, ces leçons de résistance qui nous viennt du Sud", de D. Bleitrach, V. Dedaj, M. Vivas ; éd. Aden.

NOTES

(1) Sur le place historique du Nouvel Ordre économique international, il faut consulter le recueil de documents compilé par Brigitte Stern, Nouvel Ordre économique international ? (Paris, 1983, Economica.) Le rapport de Fidel au VIIe Sommet des pays non alignés s’intitule : La Crise économique et sociale du monde. Ses retombées dans les pays sous-développés, ses sombres perspectives et la nécessité de lutter si nous voulons survivre, La Havane, 1983, Office de publications du Conseil d’Etat. Dont les données ont été actualisées en mars 2000 par Fidel dans son allocution inaugurale (plus cinq annexes) du Premier Sommet du Sud tenu à La Havane.

(2)En 1983, Fidel Castro convaincu de la nécessité de trouver un pays leader dont la taille et les ressources permettent d’impulser la résistance au paiement de la dette, s’adresse à l’Argentine d’Alfonsi. Il se heurtera au refus de ce dernier, qui tout en reconnaissant que l’analyse de Cuba est juste, les pays du sud ne peuvent pas honorer la dette, c’est mathématiquement impossible et avec le poids de cette dette tout développement est impossible, rétorquera que si l’on aggrave la situation de crise du Nord ce sont les pays du sud qui en feront les frais. Cuba n’obtiendra rien non plus de Gorbatchev qui vient d’être élu, malgré l’intervention de Raùl Castro, si ce n’est une vague demande de moratoire à l’Assemblée Générale des Nations Unies.

(3) Le 3 février 2006, lors de la remise solennelle, sur la place de la Révolution, du Prix José Martí décerné par l’Unesco à Hugo Chávez, Fidel annonçait : « Voilà quelques jours à peine, une catastrophe naturelle a durement frappé le peuple bolivien libéré par Bolívar et Sucre. Le Venezuela et Cuba se sont portés au secours de ce pays frère. Dès que la nouvelle a été connue dans notre pays, et après l’appel lancé par Evo à la communauté internationale, un avion IL-62 a décollé de La Havane emportant 15,7 tonnes de médicaments, et un autre, quelques heures plus tard, emmenant cent quarante médecins spécialisés dans la lutte contre les conséquences humaines des catastrophes naturelles, une brigade complète du contingent Henry Reeve. Et tous ceux dont Evo aurait besoin partiront vers ce pays frère. »

(4) L’étonnant - mais cela devrait cesser de l’être, puisqu’il s’agit bel et bien d’une politique de black-out parfaitement dessinée - est que la presse occidentale soi-disant « libre » n’a jamais consacré le moindre entrefilet à ces opérations humanitaires dont la source originelle est Cuba (mais ceci explique cela, bien entendu), de sorte que le lecteur français (mais ses concitoyens européens sont dans le même cas) ne saura jamais rien des millions de pauvres vénézuéliens soignés par des médecins et des personnels de santé cubain dans le cadre de l’0pération Barrio Adentro (Au cour du quartier), ou du soutien apporté par des personnels cubains aux nombreuses « missions » déclenchées par le gouvernement Chávez en vue de tirer les déshérités de ce pays (malgré les richesses pétrolières) de la situation de non-dit et non-lieu qui étaient la leur sous les gouvernements « démocratiques » des deux partis bourgeois qui avaient alterné au pouvoir pendant presque cinquante ans. Comment s’étonner, donc, de ce mur de silence érigé autour de Cuba et de ses contributions humanitaires (pas des promesses d’argent, d’ailleurs jamais tenues, à la mode des gouvernements occidentaux, mais bel et bien une manière de « mettre la main à la pâte » qui n’a pas son équivalent dans le monde) quand on constate qu’un journal prétendument sérieux comme Le Monde s’est converti en porte-parole unique et exclusif des « supplétifs » dont il répercute consciencieusement les « informations » tout à fait intéressées, sans jamais dire un seul mot des onze millions d’autres Cubains qui ne sont pas, eux, des « dissidents » ?

(5) lire en particulier Patrick Chamiseau : Ecrire en pays dominé.

De : Danielle Bleitrach
samedi 6 mai 2006

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=27449
 

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