L’heure de l’Amérique latine est arrivée
• En présence des présidents Hugo Chavez, Evo Morales et Fidel Castro, la Bolivie a intégré l’Accord pour l’application de l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA) • Signature du Traité de Commerce des Peuples
PAR NIDIA DIAZ, de Granma international
AVRIL a de nouveau prêté ses jours à l’Histoire. C’est un 19 avril, il y a 45 ans, que l’impérialisme nord-américain a subi dans les sables cubains de Playa Giron sa première déroute militaire en Amérique latine. Ce 29 avril 2006 à La Havane, capitale du premier pays socialiste de l’hémisphère, l’empire a encore subi une défaite, d’une plus grande portée car il s’agit de la défaite de ses idées et de l’imposition de son modèle de domination.
L’heure de l’Amérique latine est arrivéeL’heure de l’Amérique latine est arrivée. Cuba, cette fois, n’a pas été seul dans la bataille. Le Venezuela bolivarien, d’Hugo Chavez, et la Bolivie dirigée par l’indigène Evo Morales, nous accompagnent.
Lors du premier anniversaire des accords de mise en route de l’Alternative Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique (ALBA) signée par Cuba et le Venezuela, une triade révolutionnaire s’est formée avec l’intégration de la Bolivie à cet instrument d’intégration et dont le président a apporté, en outre, la proposition des Traités de Commerce pour les Peuples d’Amérique (TPC) pour faire contrepoids à ceux de Libre-échange par lesquels le gouvernement des Etats-Unis entend renforcer l’exploitation et la dépendance de nos peuples.
Dans les documents signés par les trois dirigeants, qui comportent un Communiqué commun, sont fixées les positions concernant le processus d’intégration, lequel, ont-ils décidé, doit être « basé sur des principes d’aide mutuelle, de solidarité et de respect de l’autodétermination » dans le but de « d’apporter une réponse adéquate à la hauteur de la justice sociale, de la diversité culturelle, de l’équité et du droit au développement que méritent et réclament les peuples ».
Avec ce pas en avant fait par la Bolivie on assiste à un renforcement des efforts intégrationnistes qui ont lieu actuellement sur le continent avec l’arrivée au pouvoir de gouvernements de type nationaliste et populaire, des efforts qui dans le cas de Cuba et du Venezuela portent déjà leurs fruits.
Fidel, Chavez et Evo sont tombés d’accord, en outre, sur le fait que seul une nouvelle et véritable intégration, qui s’oppose aux relations de type économique et politique établies par la ZLEA et les Traités de libre échange, peut garantir un développement durable et souverain de nos peuples.
LE DEBUT D’UN GRAND JOUR
Ce fut au Palais des Conventions de la capitale cubaine où se sont donnés rendez-vous ceux qui, aux dires d’Evo Morales, représentent trois générations de révolutionnaires : Fidel, Hugo Chavez et le leader indigène lui-même, que ceux-ci ont signé un Accord pour l’application de l’Alternative Bolivarienne pour les Peuples de Notre Amérique et le Traité de Commerce des Peuples.
Juste à deux heures de l’après-midi, la ministre cubaine pour les investissements étrangers et la Collaboration économique, Marta Lomas, pour démontrer la justesse et la viabilité de l’ALBA, a fait un récapitulatif des relations cubano-vénézuéliennes pour montrer à quel point celles-ci ont avancé depuis ce 30 octobre 2000, date à laquelle ses principaux dirigeants ont signé l’Accord intégral de coopération qui a servi de base à la signature le 14 décembre 2004 de la Déclaration commune et l’Accord pour l’application de l’ALBA.
En conséquence, a rappelé la ministre, les délégations de Cuba et du Venezuela se sont réunies les 28 et 29 avril 2005 qui ont constitué la première réunion pour l’application de l’ALBA, où a été adopté le premier Plan stratégique pour sa mise en marche.
Le bilan a été assez éloquent et encourageant et c’est l’expression de ce que l’on peut obtenir avec des pactes dans lesquels l’honneur, la solidarité et l’amour pour le peuple constituent le principal objectif.
La réussite la plus importante de la période a été la proclamation, le 28 octobre dernier, par l’UNESCO, du Venezuela comme territoire libéré de l’analphabétisme, une condition atteinte en moins de deux ans après une dure bataille contre ce fléau. De même l’annonce, le 20 mars dernier, que la Bolivie allait débuter la Campagne d’alphabétisation avec la participation de 20 alphabétiseurs vénézuéliens, de spécialistes boliviens et de 48 conseillers cubains.
LES CHIFFRES DE L’ALBA…
En 2001 les échanges commerciaux entre Cuba et le Venezuela ont été de 973 millions de dollars. En 2005 ce chiffre a atteint les 2 milliards 400 millions de dollars avec une augmentation par rapport à 2004 de 255% des exportations non pétrolières du Venezuela vers Cuba.
En 2001 la coopération médicale au Venezuela n’existait pas. Aujourd’hui 23 601 collaborateurs de la santé prêtent leurs services à plus de 17 millions de vénézuéliens, avec un bilan historique de 175 millions de consultations.
Aujourd’hui 3 328 vénézuéliens font leurs études de médecine générale intégrale à Cuba et 12 940 poursuivent ces mêmes études au Venezuela dans la Carrière intégrale communautaire, conseillés par 6 525 spécialistes cubains qui travaillent dans la Mission Barrio Adentro.
Jusqu’au 28 avril la Mission Milagro a permis de réaliser 220 571 opérations chirurgicales, dont 188 389 concernant des Vénézuéliens. L’Opération Milagro n’existait pas en 2001, aujourd’hui celle-ci profite à des patients de 17 pays d’Amérique latine et de la Caraïbe et d’autres la rejoignent.
En 2001 il y avait plus d’un million d’analphabètes au Venezuela, il est aujourd’hui territoire libéré d’analphabétisme. Avec l’assistance cubaine et la méthode Yo si puedo, 1 482 543 illettrés ont été alphabétisés, dont 76 369 indigènes.
En 2001, nous, le Venezuela et Cuba nous avons ouvert la voie à l’ALBA et la Bolivie nous rejoint aujourd’hui et d’autres vont continuer à nous rejoindre.
Interrogé par la chaîne Telesur après la signature des documents à propos de ce qu’il ressentait 45 ans après le triomphe de la Révolution cubaine en partageant sa condition de révolutionnaire avec d’autres présidents, Fidel a été catégorique : « Je suis l’homme le plus heureux du monde ». Une idée qu’il a réaffirmée lors de la cérémonie de masses sur la Place de la Révolution en concluant cette journée de solidarité, d’intégration et de Révolution.
LE SOMMET D4UNE JOURNEE SPECIALE ET HISTORIQUE
Sur la Place de la Révolution, où comme l’a déclaré Chavez nous accompagnaient les vents bolivariens, les vents de l’ALBA et les vents de Che Guevara qui revient, Fidel a dénoncé la duplicité des Etats-Unis face au terrorisme, le dirigeant vénézuélien a prophétisé pour le XXIe siècle la fin de l’empire et Evo a rappelé que l’heure était venue de revendiquer l’Amérique, lors d’une soirée historique d’unité et d’espérance pour l’hémisphère.
A 6 heures 10 de l’après-midi et en présence de plus de 25 000 invités s’est terminée cette journée du 29 avril qui, aux dires de Chavez, « bouleverse la conscience de chacun » car ce sont des faits comme ceux-ci qui s’enracinent dans la mémoire collective et se transforment en engagement révolutionnaire.
Ont participé à la cérémonie les délégations officielles visiteuses, dans compter les leaders des cercles bolivariens du Venezuela et d’organisations sociales de Bolivie. Etaient présents aussi des étudiants de l’Ecole latino-américaine de médecine, de l’Ecole internationale d’Education physique et des Sports, du nouveau programme de formation des médecins latino-américains, et des membres du Front des combattants sociaux vénézuéliens, Francisco de Miranda.
Etaient présents aussi des médecins et des techniciens membres du Contingent Henry Reeve, de l’Opération Milagro, des ingénieurs et des techniciens qui se préparent à travailler dans les Centres intégraux de santé au Venezuela et des jeunes des Programmes de la Révolution.
Chavez a été chargé du discours d’ouverture et il a déclaré, après avoir remercié les peuples cubain et vénézuélien et leurs principaux dirigeants, Fidel et Chavez, que le moment de l’unité était venu, « une unité qui est pour la vie et pour l’indépendance et qui est au-dessus de tout intérêt sectoriel ou régional ».