Renaissance et Maniérisme
15ème et 16ème siècle
Les précurseurs de la Renaissance (1300-1420)
Dès le 14ème siècle, quelques peintres sortent du lot des artisans. A l'époque, il n'y avait pas de peintre au sens artistique. Des artisans exécutaient des décorations murales, le plus souvent pour les églises et les lieux publics. Ces fresques étaient destinées à expliquer, le plus souvent, l'histoire de la Bible à une population analphabète.
Ici, Giotto peint encore avec les repères du Moyen Age (pleureuses, anges, couronnes dorées), mais il créé un paysage, une mise en scène dramatique, et invoque les débuts de la perspective dans la peinture.
Lamentations sur le Christ mort (1304)
Giotto (di Bondone)
Fresque de la chapelle de l'Arena, à Padoue - Italie.
La Renaissance à Florence (1420-1500)
Le retour des dieux "païens" de l'antiquité grecque et les perspectives sont les points forts de la Renaissance, dont la philosophie pourrait être résumée ainsi : penser l'art en fonction de l'Homme et non de Dieu. Le portrait devient le genre majeur, remplaçant les scènes de batailles.
Ici, Botticelli représente Vénus, déesse de la beauté et de l'amour, née dans un coquillage, poussée vers la terre par les dieux des vents, et vêtue par Flora, la déesse des fleurs. Les cheveux et les gestes sont d'une légèreté rare pour l'époque.
La naissance de Vénus (1485)
Sando Botticelli
Galerie des Offices, Florence.
Léonard de Vinci (1452-1519)
Léonard de Vinci est "l'uomo universale", l'homme qui s'intéresse à tout. C'était un novateur de génie dans la peinture, mais aussi en architecture et dans tous les domaines scientifiques de l'époque. Cet ingénieur visionnaire a même inventé une machine pour voler. Ses contemporains l'admiraient pour avoir su unifier l'observation lucide et scientifique de la nature avec l'approche artistique de ces nouvelles réalités.
Vers 1478, il entama la rédaction de livres sur ses connaissances scientifiques.
La Joconde (la joyeuse) présente un visage doux et énigmatique, comme l'intériorité même de l'âme. Plusieurs thèses existent sur l'identité du personnage. Certains disent que c'est le portrait d'un ami intime de de Vinci. A l'arrière, on voit une étude fine de la nature, des perspectives et un bâtiment dont de Vinci avait dessiné les plans, et qui sera bâti plus tard.
La Joconde, ou Mona Lisa (1503)
Léonard de Vinci
Musée du Louvre; Paris.
Michel Ange (1475-1564)
En se consacrant uniquement à la peinture et à la sculpture, Michel Ange a porté la Renaissance vers son apogée. Cependant, toute son oeuvre est empreint de dramatisme et de tragique, comme sa vie, mêlée de religieux et de penchants refusés. Pour Michel Ange, l'art est un moyen de décrir et épier la nature humaine.
En 1505, le pape Jules II, grand stratège de guerre qui soumit plusieurs cités et combattait lui-même, l'épée à la main, commande à Michel Ange un tombeau majestueux. Puis, en 1509, il commence les fresques de la chapelle Sixtine, qui dureront 3 ans.
La création d'Adam (détail du plafond de la chapelle Sixtine)
Michel Ange (1511), Vatican, Rome
La Haute Renaissance (1500-1530)
Les intrigues et les complots de pouvoirs affaiblissent la position de Florence, et le pape Jules II attire à lui les plus grands artistes, pour concurrencer les arts des cours d'europe. Rome devient pour un temps la capitale de l'art. La peinture se rapproche des lois de la nature et met en valeur ses beautés. La perspective est omniprésente.
Raphaël peint des fresques pour les "Stances" (des chambres de travail, des bibliothèques) du Vatican. Ici, il glorifie la Grèce Antique, au travers d'une Ecole grecque de philosophie. Tous les arts sont représentés, et au centre, Platon et Aristote débattent de philosophie.
L'Ecole d'Athènes (1510)
Raphaël (Stanza di Raffaello)
Vatican, Rome.
La peinture vénitienne (1500-1570)
La peinture vénitienne se différencie par l'utilisation de couleurs riches et la représentation de drapés nobles et rares. Les visages sont toujours naturels et soignés, et les tableaux (chez Véronèse ou le Titien) sont à base de bleus et rouges profonds. Les peintures vénitiennes de l'époque étaient toutes faites avec de la peinture à l'huile (plus résistantes au temps), et sur des toiles tendues sur des cadres en bois (enroulables et transportables). Venise, qui était une république à l'époque et, de tout temps, une cité marchande (par son port), devint la cité européenne de l'art marchand.
Véronèse peint beaucoup sur commande des oeuvres monumentales, avec de grandes perspectives. "Les Noces de Cana" est commandé pour le réfectoire des bénédictins de Venise. Il y a 132 personnages. Le Titien est représenté à la contrebasse et Véronèse à l'alto.
Les noces de Cana (1562-63)
Paolo Véronèse. Musée du Louvre, Paris.
Le Maniérisme (1530-1600)
Martin Luther dénonce la décadence des papes, leurs commerces d'art et les achats d'indulgences (pour racheter les péchés). Il lance ce qui deviendra le protestantisme, réforme catholique dans l'europe du nord (hollande, allemagne, angleterre...), après des batailles et des massacres par les papistes. Le maniérisme en est le reflet. Un retour à l'intimisme, avec les positions caractéristiques des doigts et des mains (d'où vient le nom "maniérisme").
Voici les 2 maîtresses d'Henri IV, qui prennent leur bain ensemble. L'une est enceinte. Au fond, la nourrisse brode des habits de bébé.
Gabrielle d'Estrées et la duchesse de Villars
Ecole de Fontainebleau (1592)
Musée du Louvre, Paris.
La peinture flamande (1420-1580)
Pieter Bruegel et Jérôme Bosch transcendent la réforme protestante. Le premier dénonce la décadence morale et religieuse en Europe, et le second dépeint la nature humaine avec des créatures étranges et surréalistes.
Ici, Jérôme Bosch décrit l'Europe telle qu'il la voit, avec ironie et cynisme et la montée en enfer.
L'enfer (panneau de droite du triptyque des délices)
Jérôme Bosch (1503)
Musée du Prado, Madrid.
La Renaissance en Allemagne (1490-1540)
Derrière la frontière naturelle des Alpes, la peinture allemande passe plus lentement du Moyen Age à la Renaissance. La vierge Marie est quasi omniprésente, avec un fond uni en or, dans le pur style gothique allemand du 11ème siècle. Cependant, la Renaissance italienne influence la peinture allemande avec 2 siècles, par les artistes italiens venus travailler en Allemagne et reproduisant les principales oeuvres sur des plaques en cuivre. Ce procédé bon marché a permis d'être largement diffusé.
Albert Dürer est tombé sous le charme de la peinture italienne et la rend à la mode en Allemagne. Son autoportrait soulève 2 théories : soit il se compare à Jésus, ce qui est blasphématoire pour l'époque, soit il estime que Dieu est en chaque grand artiste.
Autoportrait (1500)
Albrecht Dürer
Bayerische, Munich
http://dilbert.free.fr/art_peinture/renaissance.html