Quel commerce pour le développement ?

La table ronde sur le commerce, dans le cadre du colloque mondialisation du 27 avril, réunissait des économistes, des acteurs et spécialistes du mouvement altermondialiste. Il s’agissait de voir comment faire évoluer les logiques du commerce international et des échanges marchands pour qu’ils n’entravent pas le développement et la lutte contre la pauvreté.


Pour les intervenants, il y a désormais consensus sur le fait que le commerce est absolument indispensable. La libéralisation commerciale a conduit à la transnationalisation des activités productrices – la production des biens ne se fait plus dans un seul pays et de ce fait, par leur participation à la conception, la fabrication, la distribution et la consommation de ces biens, des millions de personnes peuvent participer à la richesse ainsi produite. De plus en plus de personnes ont ainsi accès à des biens matériels ou culturels. Aujourd’hui, la logique de globalisation permet d’énoncer que la fermeture des frontières conduirait à la paupérisation.

De même, la notion de « sud » est bouleversée. Il n’y a plus comme auparavant une même unité dans le développement économique.

Le problème réside dans les inégalités dans les échanges marchands. Ce sont les pays riches qui conçoivent, brevètent et consomment. Les pays pauvres ou en voie de développement eux, produisent, mais ne peuvent pas encore concevoir ou consommer. L’immigration vers les pays riches comme les règles imposées par ces derniers pour la production conduit à une injustice. Les règles ne sont pas les mêmes pour tous et les protections que les pays pauvres pourraient maintenir pour entamer un début de développement comme la présence publique (douanes ou taxes) sont souvent torpillées par les accords commerciaux internationaux au nom du libre échange.

La libéralisation commerciale produit des bénéfices inégalement partagés, mais ses coûts ne peuvent être assurés par des structures étatiques trop faibles pour être aussi protectrices que celles des pays développés. Par exemple la PAC… On se prépare à la disparition d’ici quelques décennies de l’agriculture en Europe.

La solution est donc dans la démocratisation et dans la régulation. Et tous les acteurs intègrent désormais le fait que le développement économique est indissociable du respect de l’environnement.

Sur le plan de l’action politique, il faut articuler la contestation externe et la critique interne. L’émergence d’une opinion publique mondiale a permis à un embryon de démocratie mondiale de s’exprimer, comme lors de la bataille sur les médicaments. Aujourd’hui, il faut se battre pour une régulation basée sur l’accès aux droits pour tous.

Il faut des politiques d’échanges et de concurrence juste. Un produit subventionné contre un produit non subventionné sur un marché, ce n’est pas juste. Dans la mesure où la majorité de la population active mondiale est agricole et rurale, la question de la « libéralisation de la main d’œuvre » est cruciale : les gens sont les laissés pour compte de la mondialisation. Pour une mondialisation juste, il faut donc une politique commerciale au service d’un développement solidaire.

Pierre Kanuty

Source: http://www.parti-socialiste.fr/tiki-index.php?page=060427_colloqmondcommerce