Les propositions relatives
Roux, Paul
Beaucoup de gens confondent les propositions relatives déterminatives et les propositions relatives explicatives, ce qui entraîne des fautes de ponctuation. Les premières précisent l'antécédent en y ajoutant un élément indispensable au sens. On ne pourrait les supprimer sans détruire la signification de la phrase. C'est pourquoi on ne les sépare pas de l'antécédent par une virgule.
On a détecté des anomalies cancéreuses chez 9,5 % des femmes qui ont subi une mammographie.
Les secondes, au contraire, ajoutent à l'antécédent un détail, une explication, non indispensable au sens. On pourrait les supprimer sans modifier la signification de la phrase. C'est pourquoi elles sont introduites par une virgule.
L'automobile, qui était puissante, a dérapé avant de capoter.
La fièvre aphteuse est une maladie très contagieuse, qui s'attaque surtout aux porcs, moutons, boeufs et chèvres.
Les pronoms relatifs lequel, laquelle, lesquels et lesquelles n'introduisent jamais une relative déterminative. On pourra constater la différence entre la relative déterminative et la relative explicative dans l'exemple suivant:
Les voyageurs qui étaient fatigués se sont endormis.
Les voyageurs, qui étaient fatigués, se sont endormis.
Dans le premier cas, il faut comprendre que seuls les voyageurs qui étaient fatigués se sont endormis. Dans le second, il faut conclure que tous les voyageurs étaient fatigués.
Les morts et les traits d'union
Q: Quand on écrit, par exemple,salle Pierre-Bérubé, on doit toujours mettre un trait d'union, n'est-ce pas? Je ne sais d'ou ça vient, mais des personnes croient dur comme fer que l'on ne doit ajouter le trait d'union que lorsque la personne visée est décédée. Est-ce que cette dernière règle a déjà été en vigueur à un moment donné dans la langue française? Et peut-on retrouver la bonne règle dans une grammaire commeLe Bon Usageou lePrécisde Grévisse, par exemple? C'est seulement pour en avoir le coeur net...
Yvon Duguay
Cette fausse règle circule aussi dans les salles de rédaction du Québec. À ma connaissance, elle ne s'appuie sur aucun ouvrage sérieux. Il ne faut donc pas hésiter à mettre un trait d'union dans ces toponymes.
Les espaces insécables
Q: J'essaie de comprendre depuis quelques années un glissement d'usage quant à l'espace séparant les milliers dans les nombres. On me dit de plus en plus souvent que, pour un nombre inférieur à 10 000, l'espace n'est plus requise et certains (graphistes, imprimeurs) me chicanent à ce sujet et même me corrigent. Ma question porte également sur l'espace devant les ponctuations hautes (le deux-points, le point-virgule, le point d'interrogation et le point d'exclamation), de même que sur l'emploi des deux espaces entre les phrases, qui aident tellement un texte à respirer.
Qu'en est-il? Dois-je désapprendre?
Guy Monté
Voici les règles que nous appliquons à La Presse.
Les tranches de trois chiffres sont séparées par une espace insécable (N.B.: espace est féminin au sens typographique) et non par une virgule (1 000 000). Les chiffres inférieurs à 10 000 s'écrivent sans espace.
On utilise également une espace insécable pour indiquer l'heure (12 h 30), ainsi que pour séparer les signes $ et % des chiffres qui les précèdent (5 $, 52 %).
On fait aussi précéder le deux-points, le point-virgule, le point d'interrogation et le point d'exclamation d'une espace insécable, laquelle tient alors lieu d'espace fine.
Pour ce qui est des deux espaces entre les phrases, le traitement de texte dont nous nous servons (mais ce n'est pas le seul) ne les tolère pas.
Petits pièges
Voici les pièges de la semaine dernière:
1. Dans le prochain budget, le focus sera mis sur la santé.
2. De puissants hauts-parleurs.-
Focus n'est pas un mot français. On le traduit généralement par accent, attention, centre d'intérêt. Au Québec, on traduit aussi focus par emphase. Mais ce mot, qui désigne correctement une " exagération pompeuse ", est péjoratif en français. Il n'a pas, comme en anglais, le sens neutre d'accent.-
Lorsque haut a une valeur adverbiale, seul le deuxième élément prend la marque du pluriel.
Il aurait donc fallu écrire:
1. Dans le prochain budget, l'accent sera mis sur la santé.
2. Des haut-parleurs.
Voici les pièges de cette semaine. Il y a une faute dans chacune des phrases suivantes. Quelles sont-elles?
1. De bonnes gens fortunées.
2. De joyeuses jeunes gens.
3. Échaudées par les hausses d'impôts, les bonnes gens sont méfiants.
4. Certaines gens d'affaires.
Les réponses la semaine prochaine.
L'auteur n'ayant pas demandé qu'on lui fasse parvenir le reste de ses affaires en Italie, on peut croire qu'il sera bientôt de retour. Vous pourrez recommencer à lui faire parvenir questions ou commentaires par courriel à paul.roux@lapresse.ca ou par la poste au 7, rue Saint-Jacques, Montréal (QC), H2Y 1K9.