Les excès d'excessivement
Roux, Paul
Q: Dans les médias, trop souvent, j'entends les commentateurs utiliser l'adverbe excessivement (au sens de extrêmement) pour décrire une performance exceptionnelle dans le domaine sportif ou artistique. Le Petit Robert souligne que cet emploi est critiqué, ce qui n'a pas empêché Beaumarchais, dans un moment d'égarement sans doute, de s'en servir, comme le démontre la citation du même dictionnaire. Mais je ne crois pas que nos commentateurs soient au courant des distractions de Beaumarchais.
Alain G.
Excessivement signifie " avec ex cès ". Il est donc impropre de lui donner le sens de extrêmement, au degré le plus élevé, très, tout à fait. Cet emploi est à éviter, en particulier devant les mots exprimant une qualité comme beau, brillant, habile, intelligent, etc. On peut être excessivement bête ou vulgaire (et certains ne s'en privent pas), mais on ne peut être excessivement brillant ou habile. On est plutôt extrêmement brillant ou habile.
Un accord confondant
Q: Récemment, j'ai lu un texte du gouvernement du Québec qui m'a rendu perplexe. J'en ai discuté avec des amis, mais personne n'avait la réponse. Le texte était le suivant: " Vous, ainsi que votre conjoint peuvent décider des outils... " Ma question porte sur l'accord du verbepouvoir. Dans le cas présent, le pluriel de la 3e personne est utilisé, mais le pluriel de la 2e ne serait-il pas plus indiqué?
Marc Ferland
Il faut incontestablement faire l'accord du verbe avec le vous. La règle est la suivante pour les sujets de personnes différentes: l'accord se fait au pluriel et à la personne qui a la priorité. La première personne l'emporte sur la deuxième, qui elle-même l'emporte sur la troisième.
Être allé ou avoir été ?
Q: Faut-il direêtre alléouavoir étéquelque part?
Claude Landry
La tournure avoir été n'est pas fautive, mais elle est considérée comme familière, bien qu'on la trouve parfois sous de bonnes plumes.
L'imparfait du subjonctif
Q: J'aimerais connaître votre point de vue sur l'emploi de l'imparfait du subjonctif dans un texte plus relevé ou dans un texte littéraire. Dans une entrevue àBouillon de culture, il y a quelques années, Amélie Nothomb avait dit: " J'utilise l'imparfait du subjonctif la plupart du temps, sauf s'il sonne très mal. " De ce côté-ci de l'Atlantique, il me semble que l'imparfait du subjonctif sonne toujours mal, même dans un texte littéraire. J'aimerais bien savoir ce que vous en pensez.
Denise Martel
Il est vrai que l'imparfait du subjonctif peut avoir l'air très affecté. Mais ce n'est pas nécessairement le cas. Pierre Foglia, chroniqueur bien connu de La Presse, pour ne donner qu'un exemple, emploie fort joliment, à l'occasion, l'imparfait du subjonctif. Son secret, c'est peut-être que son style n'est pas du tout maniéré.
Petits pièges
Voici les pièges de la dernière chronique:
1. On avait placé la barre trop haute.
2. Elle court les ventes à rabais.
- Dans la première phrase, haut est adverbe, et non adjectif.
- On écrit au rabais et non à rabais.
Il aurait donc fallu écrire:
1. On avait placé la barre trop haut.
2. Elle court les ventes au rabais.
Voici les pièges de cette semaine. Les phrases suivantes comprennent chacune au moins une faute. Quelles sont-elles?
1. Je vous présenterez les membres du groupe.
2. Elle a fait son rapport d'impôt elle-même.
Les réponses la semaine prochaine.
Paul Roux est l'auteur duLexique des difficultés du français dans les médias, aux éditions La Presse. Faites-lui parvenir vos questions, vos suggestions ou vos commentaires par courriel à amoureux@cyberpresse.ca, par la poste au 7, rue Saint-Jacques, Montréal (QC), H2Y 1K9, ou encore en écrivant directement sur la page www.cyberpresse.ca/amoureux