Un enfant tannant
Roux, Paul
Je me demande si tannant (en parlant d'un enfant, par exemple) est considéré comme un emprunt archaïque ou comme une autre forme d'emprunt. En effet, l'Office québécois de la langue française ne donne la définition de tannant que par rapport à l'industrie du cuir...
Annie Sauvageau
On trouve tannant dans le Petit Robert, qui lui donne le sens figuré et familier de " qui tanne, lasse ". En ce sens, tannant est un synonyme familier de fatigant, ennuyeux, lassant.
C'est tannant à la longue.
Cet enfant est tannant.
L'emploi du verbe tanner au sens de taper sur les nerfs, agacer, importuner est également correct dans un contexte familier.
Cesse de me tanner: je ne t'en dirai pas davantage.
Le français standard ne donne toutefois pas à tanné le sens de fatigué de, las de.
Je suis tanné que tu m'en parles.
Cet emploi est un québécisme familier.
La liaison après let
Nous entendons souvent ceci à la télévision ou à la radio: " c'est intéressant, c'est impossible ", etc., sans que les gens fassent la liaison. Est-ce correct d'ignorer letavec le mot qui suit s'il commence par une voyelle?
Suzanne Pineault, Boucherville
La liaison est obligatoire quand le verbe être se termine par t et est suivi d'un mot qui commence par une voyelle.
C'est-intéressant. C'est-impossible...
Mais on ne fait pas la liaison entre un nom et un adjectif postposé. On ne dirait pas, par exemple, un étudiant-américain.
" Pensé-je "
Bien que cette règle ne soit pas très claire, je crois comprendre que lorsqu'un verbe au présent se terminant par uneest inversé, on propose d'ajouter un accent aigu sur ceedans un objectif de jolie phonétique.
Pour mon exemple en objet, " Pensé-je ", je n'y vois aucune complication. Par contre, si je souhaite inverser " Je me rappelle ", un conflit survient. Dois-je garder les deuxl, puisque la conjugaison au présent le demande, ou dois-je en enlever un, puisque je prononce maintenant leefinal?
Question trop ardue peut-être? Pour mon travail actuel, j'ai trouvé un verbe synonyme. Mais je trouvais le questionnement intéressant.
Olivier Lalonde
Saint-Jérôme / Montréal
Vous m'avez forcé à aller consulter les petits caractères de cette bonne vieille grammaire Grevisse, quasi indispensable dans de pareils cas. On peut y lire que, lorsque le e se transforme en é, " il ne faut pas faire subir au radical les modifications qu'il subirait devant une syllabe muette ou un e muet ". Donc, il faudrait écrire me rappelé-je (et non me rappellé-je). Grevisse donne aussi comme exemples préféré-je, employé-je, semé-je, acheté-je, jeté-je.
Undeinutile?
J'ai remarqué qu'on écrit souvent des expressions comme celles-ci: " il y a eu une centaine de personnes de blessées " ou " il y avait dix gens de morts ". On voit cela un peu partout dans les journaux (incluant le vôtre).
Leden'est-il pas de trop ici? Il me semble que ça devrait plutôt être: " il y a eu une centaine de personnes blessées ". On élimine ainsi la prépositionde, qui n'apporte rien et qui est même une faute de grammaire. Ai-je raison, ou, comme on aime dire ici, suis-je dans les patates?
Alain
On peut intercaler la préposition de entre un nombre et un adjectif ou un participe passé.
On rencontre surtout cette tournure dans la langue parlée, mais elle n'est pas incorrecte dans l'écrit.
Il y a eu une centaine de personnes (de) blessées.
Voilà déjà un mois (de) passé.
Une de perdue, dix de retrouvées.
Petits pièges
Voici les pièges de la semaine dernière:
1) L'hélicoptère a fait du rase-motte.
2) Un voilier d'oies est passé au-dessus de chez-moi ce matin.-
Le composé rase-mottes s'écrit toujours au pluriel.-
Un " groupe d'oiseaux volant ensemble " est une volée. Le mot volier est un québécisme. Quant à voilier, il constitue un barbarisme en ce sens.
Par ailleurs, chez ne s'écrit avec un trait d'union que lorsqu'il forme un composé désignant un domicile (mon chez-moi). Quand il introduit un complément circonstanciel, il ne prend pas de trait d'union.
Il aurait donc fallu écrire:
1) L'hélicoptère a fait du rase-mottes.
2) Une volée d'oies est passée au-dessus de chez moi ce matin.
Voici les pièges de cette semaine. Les phrases suivantes comprennent chacune au moins une faute. Quelles sont-elles?
1) Les débats risquent d'être cacaphonique.
2) Richard Legendre veut obtenir le plus de deuxièmes votes possibles.
Les réponses dimanche prochain.
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