La Presse
Plus, dimanche 19 mars 2006, p. PLUS2
SÉRIE: INCREVABLE CUBA
Comment regarnir ses coffres sans se fatiguer
Hachey, Isabelle
La Havane - Quand le gouvernement cubain a interdit la circulation du dollar, il y a un peu plus d'un an, des millions de Cubains ont fouillé sous leurs matelas et se sont précipités à la banque pour changer les précieux billets, récoltés auprès des touristes ou envoyés par des proches exilés en Floride. Ils devaient faire vite: le gouvernement leur donnait deux semaines de grâce avant d'imposer une pénalité de 10 % sur le change.
Quelques mois plus tard, le régime a remis ça en réévaluant le nouveau " peso convertible " de 8 % par rapport au dollar- avec, une fois de plus, une période de grâce accordée aux Cubains. Nouvelle course folle à la banque. C'est ainsi que le gouvernement, qui souffrait d'une pénurie de devises, a pu regarnir ses coffres de centaines de millions.
" Ce n'était pas le but fondamental, mais ça ne nous a pas fait pleurer ", admet Rene Lazo Fernandez, vice-président de la Banque centrale de Cuba. Le but, c'était de " minimiser l'impact de la dollarisation de la société cubaine ", explique l'homme en sobre complet-cravate, à mille lieues des barbudos de la révolution.
Reste que les Cubains fonctionnent toujours avec deux monnaies: le peso convertible, qui vaut maintenant 1,20 $US, et le peso cubain, 20 fois plus faible, avec lequel doivent se débrouiller la plupart des habitants. " Cette dualité monétaire n'est pas désirable, admet M. Fernandez. L'objectif, c'est de nous retrouver un jour avec une seule monnaie et d'enrayer ainsi la société à deux vitesses. "
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Doc. : news·20060319·LA·0096