L’UE veut mettre fin aux gaspillages de l’aide
(Photo RFI)
Si l’Europe est le premier donateur mondial, certains l’accusent de gonfler délibérément ses chiffres. La critique a émané, cette semaine, d’une coalition d’organisations non gouvernementales européennes. Selon ces ONG, le chiffre de l’aide publique européenne au développement - 44 milliards d’euros par an représentant 55% de toute l’aide mondiale - serait faussé. Car sur ce montant, près de 12 milliards serviraient en fait, à financer l’accueil de réfugiés en Europe, la formation d’étudiants étrangers dans les universités de l’Union et, surtout, correspondraient à des opérations d’annulation de dettes des pays en développement. Une pratique notamment utilisée, selon les ONG, par la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
Mais pour la Commission de Bruxelles, il n’y a rien d’incorrect à ce que des annulations de dettes soient comptabilisées comme aide au développement à condition, bien sûr, que l’argent frais ainsi dégagé soit réinvesti pour lutter contre la pauvreté.
Au-delà des batailles de chiffres, l’efficacité de l’aide sera au menu des 25 ministres européens de la Coopération, les 10 et 11 avril à Luxembourg. Objectif: mettre fin aux gaspillages et doubles emplois qui résultent du manque de coordination entre donateurs européens. Les 150 pays du Sud partenaires de l’Europe reçoivent en moyenne 200 visites par an, avec des situations parfois kafkaïennes, comme au Mozambique où 26 donateurs différents travaillent tous, mais chacun de son côté, dans le secteur de l’éducation. Conséquence aussi du manque de concertation entre bailleurs de fonds : le Niger, par exemple, ne reçoit que 22 dollars d’aide par personne contre 178 dollars au Nicaragua. La Commission de Bruxelles prône un système où l’Etat membre ayant le plus d’expérience dans un secteur ou un pays en développement particulier y jouerait le rôle de chef de file et y coordonnerait toute l’aide européenne. Un partage des tâches qui ne plait pas forcément à tous et suscite des réticences du côté des pays nordiques comme la Suède et la Finlande.
par Anne-Marie Mouradian