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 Partie VI: Inégalités raciales en Afrique du Sud

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Tite Prout
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Tite Prout


Nombre de messages : 1737
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Date d'inscription : 01/06/2005

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05062005
MessagePartie VI: Inégalités raciales en Afrique du Sud

3.3 L’ESPÉRANCE DE VIE : inégalités, pauvreté, VIH/SIDA

La nouvelle tendance économique est celle du développement d’un secteur spécialisé à haute intensité de capital mais aussi une concentration de la croissance dans certains domaines du secteur tertiaire et secondaire. Pour une population noire qui fût exclu du système d’éducation blanc jusqu'en 1994, ce revirement au niveau de la production nationale est synonyme d’exclusion. L’intégration et la libéralisation de l’économie sud-africaine par le biais du GEAR auraient donc contribué à aggraver les inégalités au niveau du salaire, des revenus et certainement au niveau des conditions sociales primaires. En raison de la diminution de la croissance engendrée principalement par le programme d’ajustement structurel, la pauvreté en Afrique du Sud s’est nichée chez presque 47.8% de la population.

Cette pauvreté, elle est aussi symbole de mortalité. Dans un pays que les économistes considèrent moyennement avancé, on y côtoie des nouveaux milliardaires, mais aussi des pauvres et des malfamés.

Graphique 3.3 : L’espérance de vie
Source : Cordellie Serge, Didiot Béatrice, Netter Sarah, (sous la dir.). L’état du monde 2003 : annuaire économique géopolitique mondial, La Découverte/Boréal, 2003, Montréal (plusieurs années)


Si nous observons le graphique, nous voyons qu’un phénomène surprenant s’est produit entre 1996 et 2002 : la chute libre de l’espérance de vie en Afrique du Sud. Pour un pays qui frôlait les 65 ans avant la transition démocratique, la chute de quasi 20 ans d’espérance de vie s’est opérée en moins de 6 ans, achevant sa descente en 2002 à 47,7 ans, l’âge maximum auquel doive tendre une part grandissante de la population. Plusieurs facteurs en sont la cause, mais l’obsession liée à la réduction des dépenses publiques encouragées et promut à l’intérieur du GEAR est à notre avis une raison majeure venant expliquer le laisser-faire gouvernemental à l’égard des Noirs dans l’amélioration des structures sociales et sanitaires qui leur permettrait une amélioration de leur qualité de vie et donc de leur espérance de vie.




3.3.1 L’épidémie de SIDA
Il est certain que l’adoption du GEAR en 1996 a sonné le ton des priorités du gouvernement sud-africain. La volonté de stabilisation macro-économique fût portée à l’agenda politique comme le principe souverain des nouvelles politiques économiques nationales. Mais, alors que l’économie se libéralisait, un problème plus majeur encore, capable de venir sérieusement contrecarrer à long terme ses politiques néolibérales, se profilait à l’aube du jour.

Le SIDA, comme pandémie, est l’une des plus sérieuses problématiques à l’heure actuelle en Afrique du Sud. On estime à 40 millions le nombre d’individus infectés sur la planète, et si le 2/3 de ces individus résident en Afrique sub-saharienne, la moitié de ces 2/3 provient d’Afrique du Sud. En 2001, les statistiques recueillies par UNAIDS sont saisissantes : 20,1% de la population âgée entre 14 et 49 ans est atteinte du SIDA, soit plus de 4 700 000 millions d’individus. Plus de 360 000 morts en 2001 et 660 000 orphelins atteints du SIDA. En 2002, le nombre de sidéens était de 5,3 millions, toujours en progressant.

Plusieurs hypothèses ont appuyé la corrélation entre d’une part la pauvreté et d’autre part la prolifération du SIDA. Entre 1998 et 2000, alors que le SIDA devenait une épidémie générale en Afrique du Sud, plus de 30 % de la population vivait dans une situation de malnutrition. L’apartheid a été, sur ce plan, l’instrument idéal qui a permis au SIDA de se propager chez la population noire. Aujourd’hui, les vestiges de l’apartheid, le manque d’injection d’argent dans les infrastructures médicales et dans les traitements contre le SIDA perpétuent les conditions socioéconomiques empêchant le fléau de régresser. L’appui de Mbeki offert aux opposants théoriques du VIH/SIDA, affirmant qu’il n’y avait aucun lien entre les deux, mériterait à l’heure actuelle des dédommagements substantiels. Alors que les entreprises pharmaceutiques offraient de fournir les médicaments à 20 % du prix original, Mbeki s’est férocement battu afin que des médicaments tels que l’AZT prescrit au femmes enceintes ne soient pas distribués. Selon Mbeki, le VIH n’était qu’un virus passager qui ne comportait aucun danger pour l’organisme. Mandela a déploré cette attitude.

3.3.1.1 Le SIDA comme perturbateur dans le processus de consolidation démocratique

Une étude intéressante a été réalisée à ce sujet par Nicoli Natrass pour le Centre for Social Science Research à L’Université du Cap en Afrique du Sud. Selon les études de Natrass, la malnutrition, les infections et les croyances sexuelles favorisent l’infection au HIV mais aussi à d’autres maladies infectieuses. Ainsi, les facteurs socioéconomiques renforcent certaines pratiques sociales. La pauvreté exacerbe la situation sociale de plusieurs individus, principalement des femmes, en les incitant à se prostituer comme stratégie économique afin de survivre.

La thèse de Natrass suppose qu’il existe un fort lien entre d’une part le VIH/SIDA et, d’autre part, la sécurité humaine en Afrique du Sud. L’approche socioéconomique de la sécurité humaine comprise dans une perspective de sécurité économique, considère que l’augmentation du SIDA serait en partie à l’origine de la diminution de la sécurité économique : augmentation des coûts de production des firmes, diminution de la croissance économique, diminution de la productivité des employés au travail etc. Toujours selon la thèse de Natrass, l’efficacité de l’État va également être réduite par l’épidémie de SIDA.

Plus intéressant encore, Natrass détermine que s’il n’y a généralement pas de liens observables à faire entre l’impact du SIDA et la montée des inégalités, dans le cas de l’Afrique du Sud, cette évidence semble suggérer au contraire que les inégalités pourraient augmenter. Mais si la sécurité humaine est comprise dans son extrapolation comme la sécurité de l’État, le problème devient politique. Le problème du crime y est majeur. Les orphelins du SIDA, que nous avons évalué à 660 000 en 2001, pourraient éventuellement causer à long terme une augmentation de la violence et donc une instabilité politique.

L’implication du SIDA, dans cette approche, comme incidence sur la sécurité nationale et internationale est indéfectible. Comme nous le savons, l’Afrique du Sud tient fragilement. On y trouve des institutions démocratiques, mais dans les faits, la démocratie est plus que fragile.

Le SIDA a un rôle à jouer dans le processus de consolidation démocratique puisqu’il suggère une accélération de la pauvreté des ménages et des tensions sociales, elles-mêmes exacerbées par les inégalités sociales.

Selon une analyse de Preworski, la démocratie est assurée lorsque le revenu d’un pays par capita approche 4000$. Donc, si le SIDA est en partie à l’origine de la diminution des salaires, il est également à l’origine de la fragilité démocratique en Afrique du Sud.


4. BILAN GLOBAL

La démocratisation de l’Afrique du Sud en 1994 a entraîné avec elle une dissociation aiguë entre d’une part la sphère politique et d’autre part, la sphère économique. Résultat majeur des compromis effectués entre De Klerk et Mandela, cette situation est pourtant à l’origine aujourd’hui d’un « apartheid » peut-être plus politicly correct, mais qui mine le développement socioéconomique d’une large partie de la population, principalement noire et rurale. La politique aux mains des Noirs, l’économie aux mains des Blancs, n’est pas un système viable et acceptable puisqu’il permet la transformation d’un système d’exploitation et la reproduction d’une élite économique blanche qui a connu et utilisé les moteurs socioéconomiques de l’institutionnalisation de l’apartheid.

Plusieurs grandes crises socioéconomiques pointe au détour en Afrique du Sud. Mbeki ne pourra à long terme soutenir l’idée selon laquelle la croissance viendra redresser les conditions économiques d’elle-même puisque les problèmes sont d’une ampleur irréversibles. Le gouvernement devra intervenir davantage qu’auparavant. De plus, les politiques économiques orthodoxes du GEAR, comme nous l’avons brièvement observées, ont pour effet d’augmenter la paupérisation d’une large majorité des Noirs, d’augmenter le chômage et les inégalités sociales. En Afrique du Sud, seulement cinq grands groupes organisés en holdings financiers représentent 80% de la capitalisation boursière de la bourse de Johannesburg. Ces empires représentent également un noyau dur qui semble lier l’impossibilité de redistribuer la concentration des richesses héritées de l’apartheid. Dans ces conditions, l’émergence d’un entreprenariat noir, d’un black business est difficile, voire impossible.

L’économie nationale sud-africaine est contrainte de remanier ses priorités sous peu. À notre connaissance, il n’existe aucune loi antitrust pouvant remédier actuellement à ces empires économiques. Compte tenu de leur implication dans la construction de logements, d’infrastructures et de premiers employeurs, des mesures sévères devraient être soutenues par le gouvernement.

Les contradictions et dérisions en Afrique du Sud sont immenses. Nous doutons que l’on puisse saisir l’éventail des difficultés qui y sont liées sans qu’il n’y ait eu, peut-être, une recherche de terrain. Le peu de statistiques disponibles est également un obstacle majeur que nous avons rencontré afin de satisfaire les exigences d’une analyse socioéconomique crédible.

Les élections en Afrique du Sud le 14 avril prochain n’auront rien d’un tour de magie. Faute d’opposition valable, l’ANC sera probablement reporté au pouvoir avec Mbeki à sa tête. Douteusement, le gouvernement vient d’annoncer, il y a de cela deux semaines, que les premiers rétroviraux seront distribués gratuitement par l’État sous peu. Le poids de cette stratégie électorale récoltera probablement ce qu’elle a semé. N’en demeure pas moins que les défis seront lourds à soulever. Supposons qu’au nombre de ces défis se retrouverons assurément la pauvreté, les inégalités socioéconomiques, le chômage et le SIDA.
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