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 L'Afrique et la corruption:Les causes du fléau

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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23032006
MessageL'Afrique et la corruption:Les causes du fléau

Les causes du fléau

Plusieurs facteurs contribuent au climat de corruption :

Les observateurs signalent tout d'abord l'instabilité politique qui, à son tour, alimente une politique de bas salaires des fonctionnaires, des militaires et des policiers, ce qui contraint ces derniers à demander des pots-de-vin ou à détourner des fonds. Les populations livrées souvent à elles-mêmes finissent par accepter le phénomène de la corruption qui devient un fait de société presque normal avec lequel il faut faire pour supporter les difficultés de la vie.

Plusieurs observateurs ont été tentés de mettre la corruption sur le compte d'une culture corruptrice, basée sur la «logique du cadeau» très répandue en Afrique. Selon de nombreux expert, il n'en est rien. Il n'y a pas «d'enchâssement culturel de la corruption» nous signale le sociologue Olivier de Sardan, dans une étude sur l'économie morale de la corruption en Afrique.

Cette corruption est, selon le sociologue, post coloniale, liée surtout à la monétarisation des rapports sociaux. Elle est liée à une logique de pouvoirs qui versent dans le népotisme, l'abus de pouvoir, l'enrichissement illicite, l'absence d'imputabilité, le trafic d'influence etc. Certains chefs d'États en Afrique, des ministres ou encore de simples hauts fonctionnaires abusent en toute impunité de leur position dans la hiérarchie sociale pour se lancer dans la corruption et dispose des biens de la nation comme s'il s'agissait de leur bien personnel. Une logique d'autorité qui devient une logique «d'autorité prédatrice», explique Olivier de Sardan.

Un rapport américain de 2002 fait le lien entre les richesses naturelles dont dispose un pays et le niveau de la corruption. Ce rapport fait état de nombreux exemples de corruption, notamment dans les pays ayant des industries d'extraction : pétrole, gaz naturel, pierres précieuses, etc.

Le Rapport cite le cas notamment du Nigeria où une affaire de corruption a impliqué l'ancien dirigeant militaire Sani Abacha qui aurait transféré des dizaines de milliards de dollars hors du pays durant son gouvernement, de 1993 à 1998. En Angola, la mauvaise gestion des revenus du pétrole a été rapportée par la presse et 4,2 milliards de dollars auraient disparu entre 1997 et 2002.

On connaît l'exemple de Mobutu, l'ancien président du Zaïre qui a fait du pays le plus riche de la planète en pays le plus pauvre à cause de la corruption qui le concernait lui, sa famille et ses proches ainsi que les membres de son gouvernement.

Au Bénin, pays relativement épargné jusque-là par le fléau dans une certaine mesure, le ministre des finances a indiqué que la corruption faisait perdre 68 millions de dollars tous les trois ans.



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Des démocraties de façade sans liberté de presse, sans contre pouvoir

Le manque de transparence lié aux activités gouvernementales et le fait que les gouvernements ne sont pas tenus de rendre des comptes créent un climat propice à la corruption. L'inefficacité des cadres juridiques et le non-respect des lois entravent les tentatives d'enquêtes et de poursuites et la plupart des pays n'ont pas un appareil de justice suffisamment efficace pour traduire en justice les fonctionnaires corrompus et les punir. Ce n'est que lorsqu'il y a des changements brutaux de régimes que les tenants de l'ancien pouvoir sont poursuivis par leurs successeurs pour se donner une nouvelle légitimité. Une fois au pouvoir, les nouveaux gouvernants appliquent souvent la même politique en matière de droits de l'homme ou de lutte contre la corruption que leur prédécesseurs.

La démocratie est la solution en ce sens que les oppositions, en tant que contre pouvoir, peuvent aider, avec une presse libre et protégée, à créer un climat peu propice à la corruption par des dénonciations, des enquêtes, des traduction devant les tribunaux, des juges protégés par les autorités contre toute menace ou intimidation. La démocratie, au-delà du bulletin de vote, peut également pousser la société civile à exiger des réformes aux plans législatif, judiciaire et réglementaire, en imposant des mécanismes permettant le contrôle par les syndicats et les ONGs des activités des entreprises publiques ou privés. Et, enfin, il faut une imputabilité des gouvernements, la tenue d'élections honnêtes et régulières et il faut donner à la presse les moyens matériels pour faire son travail d'information sans subir les fourches caudines des gouvernants.



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Le journaliste Norbert Zongo

La liberté de la presse en Afrique : Un tableau noir

Les organisations internationales de surveillance signalent chaque jour de nombreuses atteintes à la liberté de la presse sur le continent africain : radios incendiées, journaux saisis ou saccagés, journalistes arrêtés, parfois torturés, tabassés ou tout simplement assassinés lorsqu'ils tentent avec le peu de moyens en leur possession d'informer en toute objectivité leur concitoyens. Les gouvernements ont tous prévus des dispositifs légaux et un code de l'information qui n'est en fait rien d'autre qu'un code pénal pour réprimer les journalistes pour «atteinte à la sécurité de l'état, incitation au trouble de l'ordre public, révélation de secrets d'État, offense à chef d'État, atteintes aux corps constitués comme la police, l'armée ou les douanes». Ou parfois tout simplement pour avoir dénoncé un fonctionnaire indélicat.

À l'exception du Bénin (25e), du Cap Vert (29e) et de l'Afrique du Sud (31e) aucun pays africain n'a pu franchir la barre des cinquante premiers pays classés par Reporters Sans Frontières (RSF) qui reconnaît un léger mieux dans l'ensemble comme l'adoption de lois dépénalisant les délits de presse par exemple celle qui a permis à la République centrafricaine de passer de la 104e à la 82e place. Cette année encore, un cadre législatif réformé en Angola (76e), qui pourtant sort d'une interminable guerre civile, lui permet de gagner quelques places.

En revanche, le fait que les assassins du journaliste Norbert Zongo soient toujours en liberté au Burkina Faso (78e) et les promesses de dépénalisation, non encore tenues, du président Abdoulaye Wade au Sénégal (78e) pèsent sur le classement de ces pays, où la situation n'est pourtant pas aussi mauvaise que celle du Cameroun (83e) où une radio FM libre vient d'être incendiée après avoir été empêchée de diffuser depuis sa création.

Dans ce dernier pays, des journalistes sont encore régulièrement envoyés en prison. Reporters Sans frontières constate qu'en Afrique la violence à l'égard des journalistes perdure toujours.

Dans son rapport sur l'Afrique RSF conclut pour 2004 que:

«Des lois injustes et des gouvernements répressifs maintiennent à de mauvaises places même des pays supposés offrir pourtant un réel pluralisme de l'information. Il en est ainsi de Madagascar (97e), de la Guinée (102e), du Kenya (109e), du Tchad (109e), de la Mauritanie (127e) ou de l'Éthiopie (131e) entre autres.
Quelques pays africains ont connu une nette détérioration de la situation de la liberté de la presse comme la Gambie classée 130e, où règne un climat de défiance entre la presse et le gouvernement et qui chute brutalement en raison de l'assassinat impuni du journaliste Deyda Hydara et du comportement de plus en plus méprisant envers la presse du président Yahya Jammeh. Au Sierra Leone, à la 126e place, les violences policières et politiques exercées contre les journalistes ont entraîné la dégradation d'une situation déjà mauvaise. Harry Yansaneh, le remplaçant du journaliste emprisonné Paul Kamara à la tête du quotidien For Di People, a payé de sa vie ce climat d'extrême tension. Malgré les efforts fournis par les journalistes du pays pour se défendre, la Somalie (149e) reste l'un des plus dangereux pour la presse en Afrique. Deux femmes journalistes, Kate Peyton, de la BBC, et Duniya Muhiyadin Nur, de la radio HornAfrik, ont trouvé la mort cette année à Mogadiscio.
Sur toute l'étendue de la République démocratique du Congo qui traîne à la 146e place, la violence et la répression ont empêché toute amélioration de la situation de la liberté de la presse. Le Zimbabwe de Mugabe (153e) stagne dans les profondeurs du classement. L'un des gouvernements les plus impitoyables du continent s'acharne toujours sur une presse indépendante courageuse mais aux moyens limités. Enfin, en Érythrée (166e), avant-dernier du classement, la liberté de la presse n'y existe tout simplement pas.»

Recherche: Abdel Krim Debbih
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