Un auteur français compare Napoléon à Hitler
Le mardi 29 novembre 2005
Agence France-Presse
PARIS
Un auteur français, soutenu par de nombreuses associations de la France
d'Outre-mer, compare Napoléon à Hitler dans un livre polémique qui accuse l'empereur d'avoir "exterminé" des populations entières sur des critères raciaux.Cet essai, "Le crime de Napoléon" (éditions Privé), sort jeudi en France, à la veille des célébrations du bicentenaire de la bataille d'Austerlitz, considérée comme sa plus grande victoire militaire."Sous prétexte de ce bicentenaire, la promotion de Napoléon a dépassé les limites du supportable", ont estimé lundi plusieurs associations et institutions des Antilles françaises, de Guyane et de l'île de la Réunion en appelant à manifester samedi à Paris "contre le révisionnisme historique" autour de la figure de l'empereur.
Défenseur de la mémoire des esclaves et lui même originaire de la Guadeloupe, Claude Ribbe, un agrégé de philosophie qui vient d'être nommé par le Premier ministre Dominique de Villepin membre de la Commission nationale consultative des Droits de l'homme, a apporté son soutien à cet appel.Dans son enquête sur le rétablissement de l'esclavage par la France en 1802, auparavant aboli par la Révolution en 1794, il assure que Napoléon et son régime ont voué à la mort ou réduit en esclavage des centaines de milliers de personnes selon des critères "raciaux".Il raconte comment 60.000 soldats, selon lui, ont été expédiés à Haïti où ils rencontrent une farouche résistance menée par Toussaint-Louverture. Homme de main de Napoléon, Charles Victor Emmanuel Leclerc y lance "une vaste opération de nettoyage ethnique".
En Guadeloupe, la population noire est "enchaînée, les rebelles abattus ou déportés".Claude Ribbe assure encore que l'armée napoléonienne a massacré des milliers de Noirs en Haïti en utilisant "une méthode tout à fait inédite: les gaz".A cette époque, écrit-il, "les cales des bateaux sont régulièrement désinfectées en faisant brûler des mèches dont la combustion dégage du dioxyde de soufre". "L'inhalation de ce gaz à haute dose est mortelle, ce qui a l'avantage de tuer les rats", et tuera aussi des êtres humains mis de force dans les cales."Génocide perpétré en utilisant les gaz, citoyens mis en esclavage (250.000 Français, surtout antillais, guyanais et réunionnais), plan de déportation meurtrier incluant d'anciens parlementaires, escadrons de la mort, camps de triage (en Bretagne) et de concentration (sur l'île d'Elbe et en Corse), lois +raciales+": "cent quarante ans avant la Shoah, un dictateur, dans l'espoir de devenir le maître du monde, n'hésite pas à écraser sous sa botte une partie de l'humanité", assure-t-il."Il n'est pas étonnant qu'il ait servi de modèle à Mussolini qui a écrit une pièce à sa gloire ni surtout à Hitler qui vient le saluer d'un +Heil Napoléon+ aux Invalides le 28 juin 1940" à Paris, écrit l'essayiste."Si l'esclavage a été aboli en 1848, conclut-il, le racisme est toujours là (...).
En un sens, tant qu'il n'est pas dénoncé, le crime de Napoléon continue à se commettre".Lundi, de nombreuses associations d'Outre-mer, réunies à l'Assemblée nationale, ont déclaré dans un texte commun qu'"on ne peut pas permettre, dans un pays dit de droit, d'orienter l'histoire comme on le faisait à l'époque de l'Union soviétique"."Napoléon a instauré une législation raciale qui annonce les lois de Nuremberg et qui interdisait aux Noirs et gens de couleur d'entrer sur le territoire français", se sont indignées ces associations après avoir rappelé les "massacres" à l'encontre des Français d'Outre-mer.