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 Intellos : la vague droitière Finkielkraut, Taguieff, Adler

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mihou
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mihou


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14032006
MessageIntellos : la vague droitière Finkielkraut, Taguieff, Adler

Semaine du jeudi 1 décembre 2005 - n°2143 - Dossier

Finkielkraut, Taguieff, Adler et les autres...

Intellos : la vague droitière

Ils se veulent « politiquement incorrects », dénoncent la « bien-pensance
antiraciste ». Les hérauts de la France en péril sont-ils iconoclastes ou tout
bonnement réactionnaires ?

« Nos intellectuels ont vingt ans de retard sur les milieux populaires
français... Ils sont visiblement en train de découvrir favorablement les thèses
du FN », commente, pince-sansrire, Emmanuel Todd. Résolument optimiste,
l'historien veut croire cependant que tout ça n'est que le fait de classes
dirigeantes qui sentent que la société future leur échappe. Montée démographique
des descendants d'immigrés. Emeutes civiques à répétition : 21 avril 2002 et 29
mai 2005. Et désormais insurrections en banlieue. « Il y a vraiment quelque
chose de crépusculaire aujourd'hui chez ces élites françaises, qui sentent que
le pays leur tourne le dos. Ce sont elles qui sont en dépression, pas la France.
» Une version finalement optimiste de l'« affaire » Finkielkraut, auquel
l'auteur d'« Après l'Empire » suggère au passage de prendre un peu de repos.
A première lecture de ces six pages dans le quotidien « Haaretz », on peut
penser à un faux rédigé pour nuire à l'auteur de « la Défaite de la pensée » et
diffusé à la hâte par les soutiens de Dieudonné. Un admirateur de Hannah Arendt
et de Léon Poliakov ne polémiquerait pas avec un showman manifestement égaré au
sujet d'une hiérarchie à établir dans l'ordre de l'inhumain. Les traites
négrières sont au moins aussi graves que la Shoah, « tapez 1 ». Sinon, « tapez 2
». Impossible. L'altitude culturelle dont un Alain Finkielkraut s'autorise pour
toiser la bête humaine à jogging et son « parler banlieue » devrait a priori lui
permettre de ne pas tomber dans des pièges aussi grossiers. « Voilà ce qui
arrive quand on ne s'intéresse qu'aux concepts, et pas aux faits », disait un
jour à son propos Théo Klein, ancien président du Crif. Au-delà du cas
Finkielkraut, dont on ne discutera pas la sincérité, il n'est pourtant pas
interdit d'y voir un symptôme supplémentaire de l'extrémisation du
débat intellectuel en France.


'); } else if (_version '); } // --> Exemplaire à
cet égard, le basculement d'un Pierre-André Taguieff. Historien de référence du
racisme, celui-ci dénonçait inlassablement encore à la toute fin des années 1990
la « démonisation » des musulmans dans la société postcoloniale française. Une
défiguration de l'islam opérant selon lui « sur le modèle des propagandes
totalitaires de type communiste ou nazi ». Entre-temps, le 11-Septembre. Une
matinée de feu pour Taguieff, qui réinvestit sur-le-champ sa compulsion
documentaire dans la dénonciation agressive d'un complot « islamo-gauchiste ».
Entre-temps, une succession d'agressions antijuives que le même Alain
Finkielkraut comparera, courant 2002, à l'organisation planifiée de la nuit de
Cristal par les nazis en 1938. Entre-temps, toute une fraction de
l'intelligentsia qui se convertit à une méfiance antidémocratique de plus en
plus suicidaire. Véritable concentré du genre, le violentissime précis de
Jean-Claude
Milner, « les Penchants criminels de l'Europe démocratique », publié en 2003.
Ce fin linguiste, lacanien et anciennement mao, allait jusqu'à y faire de l'«
antijudaïsme » le moteur secret de la démocratisation de masse, sous les vivats
appuyés du milieu intellectuel. A Himmler, l'Homo democraticus à rollers
reconnaissant. Difficile d'imaginer vision plus régressive de ce pacte
républicain que décrivait subtilement Michel Winock dans « la France et les
juifs » en septembre 2004.
« Il n'est pas indifférent que le dénonciateur le plus radical du crime
démocratique ait été vingt ans auparavant le porte-drapeau de l'Ecole
républicaine et laïque », écrit aujourd'hui Jacques Rancière dans « la Haine de
la démocratie » (1) au sujet de Milner. L'historien y rappelle que fut un temps
pas si lointain où celui-ci, auteur en 1984 d'un « De l'école », semblait encore
croire en l'universel et en la puissance d'égalisation du savoir. Et Rancière de
pointer conjointement « les perles d'écolier » de Finkielkraut, passé d'une
dénonciation isolée et plutôt courageuse d'une certaine barbarie scolaire issue
de Mai-68 à un ressassement doctrinaire au sujet de la francophobie supposément
fanatique du lecteur de « Télérama ». La France, d'accord. Mais quelle idée de
la France ces gens opposent-ils au juste à ces hordes colorées à capuche censées
la haïr ? Encore faudrait-il qu'eux-mêmes l'aiment, cette France des Lumières,
autrement que retirée dans un ciel des idées vaincues d'où
il est peu probable qu'elle reparaisse jamais sur terre. En tout cas, pas
coulée dans le béton des banlieues.
Devant les accusations d'« angélisme », les clercs de gauche restent tétanisés.
Le soupçon de complaisances « judéophobes » pesant sur l'extrême-gauche aura
achevé de verrouiller toute objection. C'est ainsi que, dans le sillage
d'intellectuels écoutés, la dénonciation de l'« extase antifasciste » et de la «
bien-pensance antiraciste » est devenue l'inlassable incantation qui permet de
poser à l'esprit fort en servant son intérêt bien compris. C'est ainsi que,
repeintes aux couleurs avantageuses du soufre et du blasphème, on ressort depuis
quelques années de vieux thèmes édifiants, où l'on prône un retour à la yeshiva
et au missel. D'anciens « nouveaux philosophes » comme André Glucksmann
redécouvrent les charmes ténébreux de la gnose, par-delà Mao et
l'antitotalitarisme. D'autres croisent Léon Bloy et Philip K. Dick pour soutenir
des lieux communs d'évangélistes américains, comme Maurice G. Dantec. D'autres
encore, tel l'historien Alexandre Adler, revendiquent fièrement leur passage
de Georges Marchais à George Bush. Beaucoup en appellent à un Leo Strauss,
halluciné en oncle néoconservateur d'Amérique, oubliant au passage qu'on aurait
bien du mal à imaginer l'auteur du monumental « Maïmonide » tenant des propos de
concierge sur l'obscurantisme arabo-musulman.
Mais au fond, nous n'en sommes déjà plus là. Le train fantôme de la pensée
française file vite désormais. Il y avait encore un salutaire iconoclasme chez
certains de ces « nouveaux réactionnaires », que Daniel Lindenberg décrivait
polémiquement en octobre 2002 dans « le Rappel à l'ordre ». Pour certains, le
faux nez de la subversion est en train de tomber, et c'est une droitisation dure
et somme toute bien banale que l'on découvre. Racialisation décomplexée,
disqualification de la question sociale réduite à une « culture de l'excuse »,
diabolisation des « classes dangereuses », trop subventionnées pour être encore
« laborieuses » cela s'entend, le tout sur fond de libido sécuritaire à peine
dissimulée. Après le politiquement incorrect, voici le « politiquement abject»,
selon une heureuse expression empruntée à Philippe Muray, le plus subtil des
penseurs antimodernes qui, lui, ne donnerait jamais dans ce « dixneuviémisme »
glauque-là.
Quant aux repentances sur le passé colonial, les voici désormais pleinement
légitimées. Le Comité pour la mémoire de l'esclavage devrait à cet égard
récompenser Alain Finkielkraut d'un prix Victor-Schoelcher pour sa récente
contribution involontaire à l'avancée de ses revendications. « Qu'a fait la
France aux Africains ? Que du bien ! Je rêve, sans doute, commente Françoise
Vergès, vice-présidente. S'il y a eu certains effets positifs de la
colonisation, et il y en a eu bien sûr, il faudrait commencer par souligner
qu'ils étaient bien involontaires...Que je sache, les esclavagistes n'ont pas
investi les Antilles par philanthropie. » Enseignant la philosophie politique à
Londres, cette proche du poète Aimé Césaire conclut, elle aussi, à une crise
profonde des élites françaises. « Ce qui me frappe surtout, c'est la peur
panique. La trouille incroyable qui se dégage de tout ça. » Rien d'important ne
s'est jamais communiqué en ménageant un public, disait Guy Debord. Rien
d'important ne
se communiquera plus, en tout cas, en ménageant une intelligentsia française
qui tourbillonne désormais dans la nuit et achève sa consumation mentale dans le
feu des banlieues.

(1) Editions La Fabrique.

Aude Lancelin http://www.nouvelobs.com/dossiers/p2143/a289106.html
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