Le cancer de la prostate, ce méconnu
Le CHUM tient une journée de sensibilisation à ce silent killer aujourd'hui, au complexe Desjardins

Breton, Pascale

À 50 ans, François Angers s'était promis de passer un test de dépistage du cancer de la prostate, mais toutes les raisons étaient bonnes pour remettre le moment fatidique. Sportif, non-fumeur, en bonne santé, il se croyait à l'abri. Il se trompait.

Un an plus tard, il a vaincu un cancer de la prostate, non sans avoir dû subir une prostatectomie totale, soit l'ablation de la prostate, en septembre dernier.

" Je suis entré dans le processus, mais je me disais que je ne l'aurais pas. Même quand j'ai dû passer une biopsie, je pensais que j'étais correct. C'est une fois dans le bureau du médecin que là, j'ai trouvé ça très difficile ", relate-t-il.

La bonne nouvelle dans le cas de M. Angers, c'est que le diagnostic a été posé à temps. En janvier, quatre mois après son opération, il avait même recommencé à dévaler les pentes sur sa planche à neige. Il a retrouvé une vie normale et active, sur tous les plans.

Tous n'ont cependant pas cette chance, d'où l'importance de dépister le cancer de façon précoce par un examen annuel.

" Contrairement à ce que l'on pense, oui, malheureusement, il y a des hommes qui meurent du cancer de la prostate. Les Anglais l'appellent le silent killer, le tueur silencieux, parce qu'il n'y a pas de symptômes. Il n'est pas rare de voir des personnes qui arrivent avec une maladie très avancée ", explique le Dr Paul Perrotte, uro-oncologue au CHUM.

Un homme sur sept sera atteint d'un cancer de la prostate au cours de sa vie. Plus de 20 100 nouveaux cas sont détectés annuellement, soit 380 par semaine. Les statistiques démontrent que 40 % des personnes atteintes en mourront, révèle le DrPerrotte en insistant sur l'importance du dépistage précoce.

Le CHUM tient une journée de sensibilisation au cancer de la prostate aujourd'hui, au complexe Desjardins. C'est justement à pareille date l'an dernier, alors que ces journées avaient lieu pour la première fois, que M. Angers a finalement décidé de passer le test de dépistage, qui consiste en un toucher rectal et une prise de sang. Une affaire de moins de 15 minutes en tout.

Même s'il est le cancer le plus meurtrier après celui du poumon et du côlon, le cancer de la prostate reste méconnu. En matière de sensibilisation, les femmes ont d'ailleurs une bonne longueur d'avance avec le dépistage du cancer du sein, souligne le Dr Perrotte.

" Les femmes ont été très proactives tandis que les hommes sont toujours trop occupés pour s'occuper de leur santé et aller chez le médecin. Nous avons pris beaucoup de retard. Les femmes ont compris plus vite que nous que, pour combattre, il faut en parler. "

Dès l'âge de 50 ans, un homme devrait consulter son médecin pour passer un examen annuel. Les antécédents familiaux et l'alimentation nord-américaine, riche en gras, peuvent favoriser l'apparition du cancer.

Certains aliments contribuent toutefois à améliorer la santé de la prostate. Les tomates, les céréales complètes comme l'orge, les agrumes et les aliments à base de soya comme le tofu sont notamment recommandés.

> Un Canadien sur sept souffrira d'un cancer de la prostate.

> Chaque année, 20 100 nouveaux cas sont diagnostiqués au pays, dont 3600 au Québec.

> Après le cancer du poumon et du côlon, le cancer de la prostate est le plus meurtrier.


Illustration(s) :

McCann, Pierre
François Angers a pu détecter son cancer de la prostate lors de la campagne de sensibilisation à cette maladie, l'an dernier.