Québec -- La qualité du français utilisé dans les médias québécois est acceptable, mais perfectible. C'est ce qui se dégage d'une recension de plusieurs études de spécialistes que vient de publier le Conseil supérieur de la langue française du Québec sous le titre Le français au Québec, les nouveaux défis.
L'avenir du français dans les médias est plutôt rassurant, selon une étude du Conseil supérieur de la langue française.
Pedro Ruiz
«L'avenir du français dans l'information est plutôt rassurant. Au fil des ans, les secteurs de la presse écrite et de l'information radio et télévision ont été moins touchés par les excès de familiarité ou la dégradation relative de certains aspects de la langue», écrit Guy Bertrand, conseiller linguistique à Radio-Canada.
M. Bertrand note que les communicateurs de la radio et de la télévision doivent souvent improviser en direct plusieurs des textes qu'ils livrent.
«Les bafouillages, les lapsus, les tournures lourdes ou un peu maladroites et les impropriétés sans gravité sont excusables dans une émission ou l'improvisation tient une place importante», dit-il.
Dans la plupart des médias, «la simplicité, la convivialité et, dans une certaine mesure, la familiarité sont des qualités médiatiques appréciées et même recherchées par une majorité d'auditeurs et de téléspectateurs».
«Les radiodiffuseurs ne veulent pas retirer à leurs émissions légères cette convivialité tant prisée du public. Ils veulent simplement démontrer qu'on peut présenter des émissions sympathiques et intéressantes dans un français correct et sans prétention», signale M. Bertrand.
Variations linguisitiques
Pour sa part, le professeur Luc Ostiguy, de l'Université du Québec à Trois-Rivières, relève que «la radio et la télévision, grand public ou spécialisées, font entendre l'ensemble des variations linguistiques que connaît la communauté québécoise».
Pour certains, note M. Ostiguy, il y a «un relâchement de la langue des émissions de variétés, de certaines oeuvres de fiction ainsi que de celle des humoristes».
«La langue parlée des journalistes, considérée par le public comme une référence, n'est pas épargnée non plus». Certains spécialistes «disent ne plus compter les fautes attribuables à l'anglais, les emplois syntaxiques fautifs, les erreurs de prononciation et les tics de langage, les mots et les structures de phrases de registre familier émaillant les bulletins d'information».
Le professeur trifluvien rapporte par ailleurs le jugement d'une spécialiste allemande, Kristin Reinke, qui a étudié la langue des bulletins d'information et des émissions d'affaires publiques des médias québécois, et qui y relève une prononciation généralement «de bonne qualité» par rapport au français standard.
Mme Reinke a étudié 38 émissions d'information diffusées à Radio-Canada, à TVA, à TQS et à Télé-Québec entre février 1999 et février 2000. Elle a analysé la prononciation des animateurs.
Mais M. Ostiguy met en relief le fait que l'ensemble des observations et des critiques «ne repose pas sur des études vraiment systématiques».
Lui aussi note que l'improvisation à laquelle sont contraints les animateurs de radio et de télévision rend plus difficile leur tâche de rendre leur texte en excellent français.
Enfin, M. Ostiguy mentionne que «la qualité de l'expression orale devrait être un critère d'embauche déterminant, et que les universités s'attachent à l'amélioration de la formation linguistique des communicateurs».
«Beaucoup considèrent que la langue parlée correcte du Québec d'aujourd'hui ne doit pas nécessairement être identique en tous points à celle qui serait entendue ailleurs dans la francophonie», conclut-il.