Usages culinaires
Bien choisir
À chaque plat son riz
On ne saurait préparer un risotto sans se servir de l'Arborio italien, riz à petits grains qui a la particularité d'être tendre à l'extérieur, mais de garder une pointe de fermeté au centre. Bien sûr, le Carnaroli, le « caviar du riz » est meilleur encore, mais il n'est pas à la portée de toutes les bourses. En Espagne, la paella se prépare avec le Calasparra, variété à petits grains qui bénéficie d'une dénomination d'origine contrôlée. En Louisiane, le jambalaya, un plat riche et épicé composé de saucisses, jambon, fruits de mer, porc ou poulet, sera préparé avec le Pacane sauvage, variété aromatique à longs grains dont la saveur, on s'en doute, rappelle celle des pacanes.
On trouve dans le commerce du riz brun (ou entier) et du riz blanc complètement débarrassé de son enveloppe et, par conséquent, presque dénué de vitamines et de minéraux. Toutefois, malgré sa supériorité sur le riz blanc, le riz brun est peu consommé dans le monde, en raison de la saveur rance qu'il prend quelques mois après avoir été récolté. Cette saveur vient de ce que les acides gras polyinsaturés, dont le son est riche, rancissent lorsqu'ils entrent en contact avec l'air.
On trouve aussi du riz étuvé (converted), c'est-à-dire qu'il est cuit sous vide avec son enveloppe de son, avant d'être décortiqué et séché. Ce procédé a le double avantage d'en faire un produit extrêmement stable qui cuira de façon très homogène quels que soient les talents du cuisinier, et de préserver en partie les nutriments, qui, durant l'étuvage, migrent vers le coeur amidonné du grain.
Préparation et cuisson du riz
Rincer. Il faut rincer le riz pour le débarrasser de son surplus d'amidon et des résidus. Rincer jusqu'à ce que l'eau soit claire.
Tremper. Le trempage du riz est peu répandu dans nos cuisines nord-américaines, mais c'est une étape importante. Il permet de réduire le temps de cuisson de quelques minutes, mais surtout, il a pour effet d'améliorer la texture du riz, l'intérieur et l'extérieur du grain cuisant de façon simultanée et homogène. Un trempage d'une heure permet de cuire le riz blanc en 6 à 8 minutes en moyenne, tandis qu'il en faut normalement 15. Bien qu'il ait été cuit auparavant, le riz étuvé demande une cuisson un peu plus longue : 20 minutes si on ne l'a pas fait tremper, 12 autrement. Le riz entier cuit en une heure, un peu moins si on le faire tremper de quatre à huit heures.
La cuisson du riz se fait généralement en deux étapes : d'abord, c'est l'eau qui le cuit puis, à mesure que celle-ci s'évapore, c'est la vapeur. C'est elle qui donne au riz sa forme gonflante. Il importe donc que l'eau soit d'abord amenée au point d'ébullition; on réduira ensuite la chaleur au minimum et on couvrira.
Rapport eau-riz. Les recommandations varient d'un cuisinier à l'autre, selon le type de riz, selon son « âge », sa texture, etc. Les cuisiniers expérimentés mettent le riz dans la casserole, puis rajoutent ce qu'il faut d'eau pour que le niveau dépasse d'environ 1 à 1,5 cm le niveau du riz, indépendamment de la quantité de grains à cuire. En réalité, pour cuire parfaitement, le riz n'a besoin que de son propre volume d'eau, plus ce qui s'évaporera durant la cuisson. Il va de soi que plus longue est la cuisson, plus grande devra être la quantité d'eau.
Lorsque le riz est cuit, le remuer délicatement avec une fourchette pour faire sortir la vapeur et séparer les grains.
Le riz cuit se réchauffe sans difficultés. Il suffit d'ajouter 2 c. à soupe de liquide par tasse, de couvrir et de réchauffer sur le rond ou au four de cinq à dix minutes.
Apprêts culinaires
À chaque région son riz
Au Japon, en Chine, en Inde, en Thaïlande, au Vietnam, au Laos, au Bhoutan, en Afrique, on a ses grains préférés : riz rouge des haut plateaux d'Afrique ou des contreforts de l'Himalaya, pourpre de Thaïlande, noir de Chine, riz au jasmin du nord-est de la Thaïlande, riz botan à grains moyens pour la confection des sushis japonais, et enfin riz au bambou de la province chinoise de Yunnan, spécialité datant de plus de 800 ans qui se prépare en infusant dans le grain, durant le polissage, de la chlorophylle provenant de jeunes plants de bambou, ce qui lui donne une fraîche coloration verte.
Autres lieux, autres usages
* Au Moyen-Orient, on fait griller le riz avant de le bouillir, ce qui rehausse sa saveur de noisette.
* Dans la cuisine macrobiotique, on fait griller le riz brun dans une poêle à sec après l'avoir mis à tremper au moins quatre heures (mais de préférence toute la nuit) et égoutté. Remuer constamment pour éviter que les grains ne brûlent et n'attachent. Si désiré, ajouter quelques gouttes de tamari durant l'opération et manger tel quel.
* En Chine, au Japon, en Corée, on en fait une bouillie épaisse en le cuisant dans six ou sept fois son volume d'eau. Servir avec divers condiments : prunes umeboshi, poudre d'algues, gomasio, échalotes hachées, nori, persil.
* À Madagascar, l'eau de cuisson du riz constitue une excellente boisson. On la sert bien froide à l'heure des repas. À noter que dans la médecine traditionnelle occidentale, on l'a longtemps appréciée pour ses propriétés adoucissantes et émollientes en cas d'irritations intestinales et de diarrhées.
* Au Japon, on prise l'amasake ou « lait de riz », une épaisse boisson fermentée préparée avec du riz cuit et jugée excellente pour la santé. En Occident, on trouve de l'amasake dans les magasins de spécialités japonaises ou certains magasins de produits naturels. À ne pas confondre avec les substituts de produits laitiers faits de riz ou de farine de riz qui portent parfois le nom de « lait de riz » et qui sont tout aussi excellents, mais ne sont pas fermentés.
Dans ce pays, on prépare aussi le genmaicha, une boisson chaude composée de thé vert et de riz grillé à sec. Avec sa saveur sucrée, le riz grillé tempère l'astringence du thé sans rien lui enlever de sa force. On peut se procurer du genmaicha dans les épiceries japonaises ou le préparer soi-même.
* On appelle « papier de riz » ces fines galettes translucides faites de farine de riz et d'eau, et dont se servent les Vietnamiens et les Thaïlandais pour la confection de rouleaux du printemps.
* Les Asiatiques cuisinent beaucoup les nouilles de riz, qu'ils font frire dans l'huile pour les rendre croustillantes, ou sauter avec des légumes et de la viande pour les savourer toutes moelleuses.
Produits dérivés
* Vin, sirop, vinaigre - âpre s'ils viennent de Chine, doux s'ils viennent du Japon - sont employés en cuisine comme on le ferait de leurs équivalents occidentaux. Les oignons, les carottes ou les navets glacés au sirop de riz méritent d'être expérimentés.
* Bien que très nutritif, le son de riz a traditionnellement été peu employé, car il rancit facilement. On a trouvé aujourd'hui le moyen de le stabiliser, si bien qu'on peut le consommer sans problème : il est riche en fibres et en vitamines B.
* Riche en acides gras de qualité et en vitamine E, l'huile de son de riz est ajoutée à certains produits alimentaires dits « nutraceutiques ».
Conservation
Le riz sera consommé le plus frais possible, dans l'année de sa récolte pour le moins. Avec l'âge, le grain durcit, devient plus ferme et moins collant. Il perd de son humidité et fend plus facilement à la cuisson. Quant aux riz aromatiques, ils s'éventent en vieillissant. Seule exception, le riz basmati, qui gagne en texture et en saveur au bout d'un ou deux ans de séchage.
Comme le son rancit facilement, la durée de conservation du riz entier ne dépasse pas six mois; au-delà, on conseille de le garder dans la partie la plus froide du réfrigérateur en veillant à ce qu'il ne prenne pas l'humidité. Cela est vrai pour les rouges, les noirs et les pourpres, qui sont des riz à grains entiers. Le riz blanc sera conservé dans un contenant hermétique, au placard ou dans la dépense.
Écologie et environnement
Dans les années 1980, sous la direction d'un jésuite et agronome français, Henri de Laudani, un groupe de petits producteurs de riz du Madagascar obtint une augmentation radicale des rendements en riz en changeant les méthodes ancestrales. On passa de deux à huit tonnes l'hectare sans avoir jamais recours à l'armada de produits chimiques généralement nécessaires pour obtenir de tels résultats. On n'eut pas non plus à utiliser les semences améliorées et extrêmement dispendieuses que la « révolution verte » des années 1970 avait rendues indispensables pour quiconque voulait augmenter sa production.
Il s'est agi tout simplement de transplanter les jeunes pousses plus tôt dans leur croissance et de limiter l'irrigation de façon à ce que les plants soient mieux oxygénés et y gagnent en force et en productivité. Quelque 20 000 fermiers malgaches ont adopté la méthode, et leur rendement a démontré qu'elle était écologiquement durable et économiquement viable. Depuis, des fermiers de pays producteurs comme la Chine, le Bangladesh et l'Indonésie l'ont expérimentée. En Chine, dès la première année, des rendements de 9 à 10,5 tonnes à l'hectare ont été obtenus là où l'on ne récoltait avant que 6 tonnes.
Section Profil santé
Recherche et rédaction : Hélène Baribeau, nutritionniste
Révision scientifique : Amélie Charest, M.Sc., Dt.P., nutritionniste, Institut des nutraceutiques et des aliments fonctionnels (INAF), Université Laval
Autres sections
Recherche et rédaction : Paulette Vanier
Fiche révisée le : 5 mai 2005
Références
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Bibliographie
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