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 Un juge rouvre le dossier français au Rwanda

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Un juge rouvre le dossier français au Rwanda Empty
24112005
MessageUn juge rouvre le dossier français au Rwanda

Un juge rouvre le dossier français au Rwanda

Grands Lacs Des rescapés du génocide rwandais mettent en cause le
rôle de l'armée française pendant l'opération «Turquoise».

Patrick de Saint-Exupéry
[23 novembre 2005]


LA BOÎTE DE PANDORE rwandaise va-t-elle se rouvrir ? Ou, au
contraire, se refermer sous la pression de ceux qui voudraient que
l'on n'y regarde guère ? La réponse repose, en grande partie, entre
les mains de Brigitte Raynaud. La juge d'instruction au Tribunal des
armées de Paris (TAP) a été saisie le 16 février d'une plainte
contre X pour «complicité de génocide et/ou complicité de crime
contre l'humanité» portée par six rescapés rwandais qui mettent en
cause le rôle de l'armée française durant l'opération «Turquoise».
Cette opération «militaro-humanitaire», voulue par François
Mitterrand, fut lancée en juin 1994, trois mois après le début du
génocide des Tutsis du Rwanda.


Arrivée lundi à Kigali, Brigitte Raynaud a commencé dès hier
l'audition des premiers plaignants. Son déplacement, motivé par le
refus du procureur d'ouvrir une information judiciaire tant que la
plainte n'était pas plus étayée, a déjà été l'occasion d'un premier
affrontement feutré. Dans un courrier, le ministère de la Défense a
tenu à attirer «l'attention» de la juge sur le fait que Paris ne
disposait pas au Rwanda de «moyens de protection». A cet
avertissement était jointe une note blanche des services de
renseignements militaires jugeant «inopportun» un éventuel
déplacement compte tenu de possibles «menaces».


«Affaire hors norme»

Pour lever l'obstruction venue de la Rue Saint-Dominique, il fallut
que le Quai d'Orsay intervienne et l'ambassadeur de France au
Rwanda, Dominique Decherf, accepta de donner sa garantie personnelle
quant au manque de fondement des «menaces» alléguées. Au rappel de
cet épisode, Brigitte Raynaud, qui se refuse à toute déclaration, se
contentait hier de répliquer sur le ton de l'ironie : «J'ai une
grande habitude des voyages.»


Pour l'avocat des plaignants, Me Antoine Comte, également présent à
Kigali, un premier obstacle a simplement été levé : «Il s'agit d'une
affaire hors norme, assure-t-il. C'est la première fois qu'une
plainte pour «complicité» sur des événements aussi graves et visant
une opération extérieure est portée au Tribunal des armées de Paris.
C'est aussi la première fois qu'un juge d'instruction se déplace
dans un cadre très restreint voulu par le parquet, mais qui va, à
mon avis, révéler toute la justesse de la plainte et l'étendue du
préjudice.» Pour le défenseur des parties civiles, la première
journée d'audition a été décisive : «Le transport du juge à Kigali,
affirme Me Comte, lui a donné la mesure de ce qui s'est passé à
compter d'avril 1994 et aussi de l'implication des militaires
français depuis 1990 dans les affaires rwandaises.»


Paradoxalement, les auditions se déroulent – pour des questions de
procédure – dans les locaux mêmes de l'ambassade de France au
Rwanda. Un lieu chargé de mémoire comme le souligna en avril 2005
l'ambassadeur de France à Kigali qui, inaugurant une plaque
commémorative en mémoire des employés rwandais tués lors du
génocide, réaffirma dans un discours approuvé par Paris la nécessité
d'identifier «nos dysfonctionnements, nos erreurs, nos faiblesses,
nos insuffisances».

Une présence à la limite de l'engagement direct


La plainte déposée par les six parties civiles vise tant
l'opération «Turquoise» que les années antérieures, années durant
lesquelles «la présence française est à la limite de l'engagement
direct», constatera la mission d'information sur le Rwanda de
l'Assemblée nationale. Elle n'épargne pas pour autant les
responsables au plus haut niveau de l'Etat français. Une note datant
du 28 avril 1994 émanant du conseiller à l'Elysée Bruno Delaye et
destinée à François Mitterrand est ainsi citée. Tout comme une autre
note du général Quesnot, alors chef de l'état-major particulier
(EMP) du président de la République. Celle-ci date du 6 mai, soit un
mois après le début du génocide. Après un point de situation, le
général Quesnot livre son analyse : un «Tutsiland», écrit-il, est en
passe de se constituer «avec l'aide anglo-saxonne et la complicité
objective de nos faux intellectuels, remarquables relais d'un lobby
tutsi auquel est également sensible une partie de notre appareil
d'Etat... Est-ce vraiment ce que nous voulons ?»

Source :
http://www.lefigaro.fr/international/20051123.FIG0207.html?112110

---------------

PS : Le journaliste Patrick de Saint-Exupéry a écrit un ouvrage
remarquable que je vous recommande chaudement "L'Inavouable : La
France au Rwanda"


Présentation de l'éditeur

Je vais vous rabaisser au rang d'homme. Ou vous élever, c'est selon.
Je vais attraper votre main et nous allons partir. Quelque part, là-
bas, il y a longtemps. En Afrique, la France se bat depuis cinquante
ans pour conserver son empire. La décolonisation n'a pas été une
rupture, juste une étape. Avec le temps, nos dirigeants ont
simplement privilégié l'ombre, perfectionnant certaines techniques
forgées durant les guerres coloniales : les opérations secrètes,
l'enseignement de la " guerre révolutionnaire ", cette doctrine de
manipulation des foules...
Au Rwanda, notre politique fut une réussite. Techniquement - je veux
dire si l'on se débarrasse de ces concepts encombrants que sont le
bien et le mal, l'humain et l'inhumain, l'acceptable et
l'inadmissible -, nous fûmes au sommet. La mystification est une
figure de la guerre. Nous la pratiquâmes avec une maîtrise qui glace
le sang. Des soldats de notre pays ont formé, sur ordre, les tueurs
du troisième génocide du XXe siècle. Nous leur avons donné des
armes, une doctrine, un blanc-seing. J'ai découvert cette histoire
malgré moi, dans les collines rwandaises. Il faisait chaud, c'était
l'été. Il faisait beau, c'était magnifique. C'était le temps du
génocide.


http://www.arenes.fr/livres/fiche-livre.php?numero_livre=103
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