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 Anes blancs, ânes noirs.

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mihou
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mihou


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07122008
MessageAnes blancs, ânes noirs.

Anes blancs, ânes noirs.



Par Claude Ribbe,
dimanche 7 décembre 2008 à 13:42 :: General
:: #101
:: rss


Anes blancs, ânes noirs. %C3%A2nes
Un
journaliste - dont la différence avec moi n'est pas la mélanine mais
qu'il dispose, lui, d'une tribune sur France Ô... - avoue dans une
émission de télévision, non sans une certaine naïveté, qu’il croit -
comme tout le monde, pense-t-il - aux « races humaines ». La jeune
fille à la peau sombre qui est en face n’est pas de sa « race » à lui.
Il le dit, il le répète. « C’est évident ». Au sens étymologique. Ses
yeux ne peuvent le tromper. Manque de chance, la fille est intelligente
et cultivée. Elle s'étonne d'être ainsi négrifiée et c'est dévastateur.
Elle a raison. L'autre, en face, visiblement, ne comprend pas. Il
écarquille les yeux comme s'il essayait, finalement, d'y voir plus
clair. Il cherche des arguments. Il peine. Il s'enfonce. Il a dérapé.
Pour le coup, sa race, la gamine la lui a fait manger, comme on dit
dans les banlieues. C'est le Titanic. Là, en direct. Glouglou
le gladiateur. Son trou dans l'eau se refermera vite. Il disparaîtra
comme il est apparu. Sa mère regrettera de ne plus le voir dans la
lucarne. A force de le laisser sur toutes les chaînes tirer tout seul,
pour le compte de ceux qui pensent comme lui mais ne se mouillent pas,
le lourd fardeau de la sottise, ça devait forcément finir mal un jour
ou l'autre.


Anes blancs, ânes noirs. Ane-et-charrette


Voici le landernau germanopratin qui se démène. Et les ânes bâtés
habituels de se mettre à la queue leu leu pour venir donner leur coup
de pied à leur collègue fait aux pattes. J'espère que ma réaction était
attendue. En tout cas, la voici.


Quand on commence ses études de philosophie, on apprend que les sens
sont trompeurs, que croire n’est pas savoir, qu’un bâton plongé dans
l’eau paraît brisé alors qu’il ne l’est pas, que la couleur n’est pas
dans les choses, mais dans la lumière qui se pose sur les objets. La
nuit, tout est gris, tout est noir. Les ânes et les vaches aussi. Si on
éteint la lumière, la jeune fille n’est plus «noire» et le journaliste
n’est plus «blanc». Un enfant de sept ans en déduira avec justesse que
ce n’est pas parce qu’une jeune fille a la peau d’une couleur a priori
différente de la mienne qu’il y aurait des groupes humains qui
différeraient par la couleur de leur peau. Gageons que ce journaliste
n’a pas été un très bon élève en philosophie et qu’en disant tout haut
ce que malheureusement beaucoup pensent tout bas, il a perdu une bonne
occasion de se taire. On a tous des idées aberrantes qui nous passent
par la tête. C’est humain. Mais, à l'analyse, on s'aperçoit facilement
qu'elles sont absurdes. Cela s'appelle réfléchir. Quand on exprime à la
télévision une idée fausse en soutenant qu’elle est vraie, évidemment,
on peut s’attendre à des réactions, même si cette idée fausse est
largement partagée chez les ignorants, qui sont toujours majoritaires,
donc flattés par les politiques, ne l’oublions jamais.
À la « sacralisation » des races de la période nazie aurait succédé,
toujours selon ce journaliste, une «négation» des races propre à la
période contemporaine. À lire les journaux les plus réputés comme Le Monde
(on a vu les réactions de Véronique Maurus lorsque je m’étonnais de la
majuscule au substantif « noir » ou « blanc »), on n’a pas le
sentiment, pourtant, que la période contemporaine soit une période de
négation de l’idée de « race humaine ». Bien au contraire. Cette
idéologie de la "race", communément admise du début du XIXe siècle à la
fin du XXe, simplement pour donner une justification morale à
l’esclavage puis à la colonisation, semble au contraire revenir en
force sinon dans les mentalités du moins dans les médias. Cette fois
pour donner une justification morale à l'ordre économique et politique
mondial. Et c’est justement là que la réaction indignée contre les
propos du journaliste, simple épiphénomène, est intéressante.
Dire que l’affirmation de l’existence de "races humaines" est raciste
est une évidence pour toute personne un peu éduquée, une absurdité pour
les ignorants, toujours prompts à l'invective lorsqu'ils sont pris en
flagrant délit de bêtise. On pourrait même dire que le racisme,
heureusement, n’est à peu près que cela : la croyance naïve aux
"races". Donc on peut en sortir. Je ne prendrai même pas la peine
d’invoquer les scientifiques qui, depuis plus de trente ans, ont
démontré que l’idée de "race humaine" était dépourvue de toute valeur.
Qu'on relise le discours du Pr Ruffié lors de son entrée au collège de
France en 1975. En fait, le débat n’est pas scientifique mais
philosophique.
Il est donc extrêmement sain que, grâce à ces propos de journaliste,
qui révèlent un manque évident de réflexion et de culture, ce qui n’est
pas rare chez les journalistes auxquels on tend le plus souvent les
micros de la démagogie « idiot-visuelle », une réflexion durable
s’engage enfin. Bien au-delà de la polémique, toujours éphémère.
Grâce à ce journaliste, qu'il faut peut-être finalement remercier, des
contradicteurs prennent enfin conscience de ce que je ne cesse
justement de répéter depuis des années dans mes livres et sur mon
blog : l’idée de "race humaine" est raciste. C’est le racisme même.
Le journaliste pris à partie était invité à parler de la question du
"métissage" et il déclarait, non sans une certaine logique, que s’il
n’y a pas de "races humaines", la question du "métissage" n’a pas de
sens et qu'on peut clore le débat. On pourrait s’interroger, en effet,
sur la manière donc ceux qui avaient organisé l’émission voyaient, eux,
les choses. Bien sûr que l’idée de "métissage" suppose implicitement
une croyance aux « races humaines ». « Métis » vient du latin mixtus et renvoie à l’idée de mélange de deux éléments différents.
S’il n’y a pas de « races humaines », donc pas de différence malgré les
apparences, il ne peut évidemment y avoir de mélange. Si les
responsables de l'émission avaient fait ce raisonnement enfantin, ils
auraient choisi un autre titre.
Le journaliste a eu le malheur d’exprimer ce que pensent la majorité
des Français. Soixante douze pour cent des Français, pour être précis.
Les chiffres nous sont donnés par le sondage annuel de la commission
nationale consultative des droits de l’homme, une institution
salutaire, méconnue et sous-utilisée, au sein de laquelle j'ai eu
l'occasion de siéger pendant trois ans. J’ai d’ailleurs moi-même
participé activement au pilotage de ce sondage, donc à l’examen des
questions posées. La discussion avec les techniciens de l’institut
chargé de l'enquête fut parfois des plus savoureuses. Certains d’entre
eux pensaient, comme le journaliste, que l’idée de « race humaine »
allait de soi et que « noir c’est noir »...
Pour revenir au sondage (publié par la Documentation française en
2008), 12 % des Français non seulement croient aux races, mais pensent
qu’il y a des races supérieures à d’autres. Soixante pour cent croient
aux races, mais estiment que toutes les races se valent. Espérons que
c’est dans cette catégorie de gens (qui ne pensent pas un instant être
racistes) que se situe le journaliste; qu’il ne pèche que par
ignorance, comme la plupart de ses compatriotes. Heureusement, 23 % des
Français, dont je me réjouis de faire partie, affirment que la notion
de "race humaine" n’a pas de sens. Ce chiffre a évolué. Voici seulement
deux ans, ils n’étaient que 17 % à le penser et cela prouve qu’il ne
faut pas désespérer. N’oublions pas, pour que le compte soit juste, les
5 % de Français qui n’ont pas d’opinion ou qui, peut-être, n’osent pas
l’exprimer... Voilà qui fait froid dans le dos et explique peut être
que l’extrême droite puisse recueillir, à certaines occasions, jusqu’à
17 % des suffrages (les 12 % qui pensent que certaines « races » sont
supérieures à d’autres, renforcés par les 5 % « sans opinion »).


Parmi ceux qui ont crié haro sur le journaliste, on trouve
curieusement des personnes dont le fonds de commerce était jusqu’alors
lié à l’idée de « race humaine » et qui semblent à présent virer de
bord à 180°. Tant mieux ! Il faut être cohérent : on ne peut pas d’un
côté valider l’existence d’un groupe humain fondé sur la couleur de
l'épiderme et, de l’autre, s’en prendre à ceux qui disent exactement la
même chose. Celui qui affirme croire aux races et dont la peau est plus
claire ne peut pas être stigmatisé par celui qui dit la même chose mais
se croit autorisé à le faire parce que sa peau est plus sombre. Il y a
des ânes blancs et des ânes noirs.
J’engage donc à la prudence ceux qui voudraient donner à cette affaire
une suite judiciaire. Il est évident que le journaliste, devant un
tribunal, ne manquera pas de faire remarquer que la partie civile est
mal placée pour l’accuser si elle dit exactement la même chose que lui.
Il soutiendra également que la notion de « race humaine » est inscrite
dans la constitution française (article 1) et dans tous les textes
antiracistes. Enfin, la proportion des Français qui croient aux races
(72 %) doit être identique chez les magistrats et chez les
journalistes. Donc le résultat attendu n’est pas garanti.
J’ajoute qu’en France, aussi bizarre que cela paraisse, aucune loi -
non absolument aucune ! - ne stigmatise le fait de se déclarer raciste.
Si quelqu’un affirme demain à la télévision qu’il est raciste, qu’il
n’a pas peur de le dire, qu’il l’assume, les bien-pensants auront beau
engager des poursuites, aucun texte ne sera applicable. On ne tombe
sous le coup des lois antiracistes que si l’on s’en prend à un groupe
supposé, ce qui n’est pas le cas en se déclarant habilement raciste
dans l’absolu.


Alors que faire ? On se souvient que Stéphane Pocrain, auquel
j’avais posé exactement la même question que la jeune fille de
l’émission de télévision a posée au journaliste mis en cause – à
savoir : « Qu’entendez-vous par « noir » ? » - m’avait rétorqué avec
aigreur : « Je ne suis pas votre élève ! ». C’est vrai que j’ai
longtemps enseigné la philosophie, parcourant chaque année des dizaines
de milliers de kilomètres sur des routes parfois fort enneigées pour
aller parler de Descartes ou de Spinoza à des adolescents a priori
peu motivés. Tout cela pour un salaire de misère et pour rentrer épuisé
après des cours toujours improvisés pour être plus vrais. Mais je ne
regrette pas ces années de jeunesse consacrées, au fond de la province,
à l’éducation des jeunes esprits. Plutôt que de stigmatiser l’ignorant,
il me semble toujours plus simple d’essayer de l’éduquer. Beaucoup de
mes anciens élèves ont aujourd’hui l’âge du journaliste incriminé. J’ai
la quasi-certitude qu’ils font, pour la plupart, partie des 23 % qui ne
croient pas aux « races humaines ».


J’en appelle à présent aux parlementaires, aux politiques.
Qu’attendent-ils pour supprimer le mot de « race » de notre
constitution et voter des deux mains la proposition de loi Lurel
portant remplacement du mot « race » par celui d' « origine » ?
Qu’attendent-ils pour supprimer ce mot dépassé (et abominable) de
« race » des textes antiracistes répressifs ? Qu’attendent-ils pour
déposer une proposition de loi réprimant l’apologie du racisme et
combler ainsi un vide juridique surprenant ?
Nous sommes à la veille du soixantième anniversaire de la déclaration
universelle des droits de l’homme qui eut lieu à Paris le 10 décembre
1948. Or, soixante ans plus tard, le racisme est resté non seulement
l’une des atteintes les plus graves aux principes de l’humanité, mais
l'une des principales causes de discrimination.
Ce serait le bon moment, me semble-t-il, pour que le gouvernement
français, en souvenir de René Cassin (l'initiateur de la déclaration de
1948) déclare enfin la guerre au racisme. D’abord en s’efforçant, une
bonne fois pour toutes, de définir de quoi on parle - ce qui pourrait
être l’objet d’un rapport que je suis prêt à rédiger en urgence après
avoir auditionné tout le monde, y compris le journaliste aujourd'hui
cloué au pilori– ensuite en prenant des mesures rapides pour en finir.
Le ministère de l’Éducation nationale pourrait donner l’exemple en
intégrant clairement dans les programmes - philosophie, sciences
naturelles, histoire, littérature –un enseignement spécifique, de sorte
qu’on ne puisse plus, au XXIe siècle, sortir de l’école en débitant des
âneries sur les prétendues « races humaines ».
Il appartient aussi au CSA de veiller au grain. Les programmes de
télévision ne doivent plus être l’occasion, comme c’est trop souvent le
cas, d’une apologie du racisme. Le propos même de l'émission où s'est
exprimé le journaliste fauteur de polémique était le "métissage". En
choisissant un titre pareil, en invitant un journaliste connu pour ses
écarts de langage et en ne mettant pas en face de lui de contradicteur
capable de le remettre en place une fois pour toutes, les responsables
de l'émission ont pris des risques, pour ne pas dire plus. On
remarquera que je n'étais pas invité, que je ne suis jamais
invité dans ce type d'émission alors que j'aurais peut-être des choses
à dire. Je vois d'ailleurs dans cette attitude systématique, qu'il faut
bien appeler une censure, le plus bel hommage à mes qualités
médiatiques (dont je ne suis au demeurant pas très fier). On sait trop
que le journaliste incriminé aurait eu du fil à retordre en m'ayant en
direct en face de lui. Pour ceux qui aiment le spectacle, je suis
d'ailleurs prêt à le démontrer quand on veut sur n'importe quelle
chaîne, posément, avec des arguments, ce qui serait plus intéressant,
j'en suis sûr, qu'un procès ridicule.


Il suffirait d’être un peu plus vigilant au moment de la nomination
des responsables de l’audiovisuel public et tout irait beaucoup mieux.
De bons patrons de chaînes ne laisseraient pas longtemps des incapables
notoires à la direction des programmes. De bons directeurs des
programmes ne confieraient pas des émissions à des crétins incultes. Et
de bons responsables d'émission n'inviteraient pas systématiquement
n'importe qui pour parler n'importe comment de n'importe quoi.


Des dispositions devraient rapidement être prises pour assurer
l’égalité effective entre Français. Des mesures concrètes qui ne
seraient pas fondées sur les préjugés mais reconnaîtraient une
évidence :


Ceux qui sont aujourd’hui les victimes des discriminations racistes
n’ont pas forcément la même couleur de peau ni la même religion ni la
même origine ni la même culture mais se trouvent être, tous sans
exception aucune, les descendants des esclaves de jadis et des
indigènes de naguère. Qu'on y réfléchisse un peu et on trouvera
facilement les solutions.
http://www.claude-ribbe.com/dotclear/index.php?2008/12/07/101-anes-blancs-anes-noirs
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