MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE

Vues Du Monde : ce Forum MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE est lieu d'échange, d'apprentissage et d'ouverture sur le monde.IL EXISTE MILLE MANIÈRES DE MENTIR, MAIS UNE SEULE DE DIRE LA VÉRITÉ.
 
AccueilAccueil  PortailPortail  GalerieGalerie  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Derniers sujets
Marque-page social
Marque-page social reddit      

Conservez et partagez l'adresse de MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE sur votre site de social bookmarking
QUOI DE NEUF SUR NOTRE PLANETE
LA FRANCE NON RECONNAISSANTE
Ephémerides
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

 

 Migrations : des solutions illusoires

Aller en bas 
AuteurMessage
mihou
Rang: Administrateur
mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

Migrations : des solutions illusoires Empty
21122006
MessageMigrations : des solutions illusoires

Les Echos, no. 19752
Idées, vendredi 15 septembre 2006, p. 17

Le point de vue de

LAURENCE TUBIANA ET THIERRY GIORDANO
Migrations : des solutions illusoires

LAURENCE TUBIANA ET THIERRY GIORDANO

Aujourd'hui se tient aux Nations unies une réunion ministérielle sur les migrations internationales et le développement. C'est une avancée majeure après plusieurs tentatives infructueuses visant à inscrire ces questions à l'agenda de l'ONU. Certes, ce rendez-vous ne sera qu'un moment de dialogue, sans déclaration finale et sans engagement formel. Néanmoins, il témoigne de la gravité des enjeux liés aux migrations et de la nécessité pour les Etats de trouver ensemble, et non plus isolément, des solutions. Les politiques migratoires des pays développés, guidées par des questions économiques ou de politique intérieure sécuritaire, montrent aujourd'hui leurs limites. Peu efficaces sur le contrôle des flux, elles ne contribuent ni à la responsabilisation des pays d'émigration, qui refusent d'être cantonnés à des opérations de police, ni à leur développement. Les pays de transit restent impuissants à endiguer le flux de passagers clandestins. Résultat de ce chacun-pour-soi : des catastrophes humaines, des trafics inacceptables, la violation des droits de l'homme et des migrants - dont la convention de 1990 n'a été ratifiée par aucun pays développé.

Face à ce constat, les propositions avancées à New York par les pays développés pour renforcer les synergies entre migrations et développement s'organisent autour de deux axes : le codéveloppement et la facilitation des transferts financiers des migrants.

Le codéveloppement signifie l'appui par l'aide publique des projets locaux de développement initiés par les migrants. Une piste intéressante qui mérite d'être encouragée, mais ne peut prendre de l'ampleur que si les pays d'accueil et d'origine agissent conjointement. Les premiers pour accompagner les émigrés et leur apporter une qualification, condition de leur réussite comme de futurs entrepreneurs de retour au pays ; les seconds pour renforcer leurs politiques publiques et mieux accompagner ces initiatives. Pour autant, le codéveloppement ne peut être la colonne vertébrale d'une politique d'aide cherchant à répondre aux enjeux migratoires. L'expérience prouve qu'il n'a de sens qu'à petite échelle et que les conditions sont nombreuses pour que ces projets réussissent.

L'autre proposition pour faciliter les transferts de fonds des migrants est d'autant plus attractive que les montants en jeu sont supérieurs à l'aide publique au développement : en 2004, ils ont représenté 160 milliards de dollars, contre 80 milliards d'aide publique. Mais, là encore, c'est insuffisant : ces fonds sont très rarement transformés en investissements productifs. Utiles lorsqu'ils servent de filet de sécurité, ils jouent un rôle plus ambigu lorsqu'ils représentent une rente extérieure, qui paralyse les initiatives internes.

Au-delà de ces propositions minimales, il faut donc une négociation plus globale. Prenons un exemple sensible : la fuite des cerveaux. Depuis dix ans, la part des migrants diplômés vers les pays de l'OCDE est passée de 29 % à près de 35 %. Certes, ce « brain drain » n'est pas toujours négatif : la perspective de départ incite les travailleurs à se former dans leur pays d'origine et améliore le niveau moyen de formation. Mais dans certains cas, près du tiers, voire la moitié, des diplômés sont expatriés comme au Ghana, au Kenya ou au Mozambique. La politique d'immigration sélective a donc un coût pour les pays en développement : ceux-ci financent pour partie la formation, manquent ensuite des compétences nécessaires et ne bénéficient pas d'un retour équitable sur leur investissement. Il faut donc débattre du partage des coûts entre pays d'accueil et pays d'origine et envisager des compensations. Ce que tente le gouvernement britannique en finançant la formation de personnels de santé en Afrique.

Le « brain drain » peut aussi devenir un « brain gain » si les migrants peuvent circuler plus librement et faire bénéficier leur pays d'origine des expériences acquises dans le pays d'accueil. L'octroi de la double nationalité, qui génère des retombées très positives en termes d'influence dans les relations entre les deux pays, particulièrement en matière de programmes de développement, est une solution à explorer, comme l'est également une politique de visas permettant des allers-retours entre les pays d'accueil et d'origine. Il est paradoxal de constater que les flux de marchandises et de capitaux font l'objet d'innombrables concertations et de réglementations sophistiquées, tandis que la circulation des personnes obéit souvent à l'arbitraire, dans un cadre international incomplet et ignoré d'un grand nombre de pays.

Les pays développés devront sans doute bientôt abandonner leur illusion de souveraineté sur les politiques migratoires. D'où la nécessité de donner une suite à la réunion de New York.


Note(s) :

LAURENCE TUBIANA est directrice de l'Iddri, THIERRY GIORDANO est de l'Iddri.
Revenir en haut Aller en bas
https://vuesdumonde.forumactif.com/
Partager cet article sur : reddit

Migrations : des solutions illusoires :: Commentaires

Aucun commentaire.
 

Migrations : des solutions illusoires

Revenir en haut 

Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Tirer parti des migrations
» Jeu politique et migrations mondiales
» Solutions pour couple embêté
» 7 simple solutions for managing your money
» Solutions to Lifting Problems by Eric Cressey

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
MONDE-HISTOIRE-CULTURE GÉNÉRALE :: SOCIETE-SOCIETY :: IMMIGRATION-EMIGRATION-
Sauter vers: