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 Des parrains du collectif Devoir de Mémoires

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
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24102006
MessageDes parrains du collectif Devoir de Mémoires

Clichy reçoit les parrains du collectif

NOUVELOBS.COM | 20.12.05 | 16:07

Des parrains du collectif Devoir de Mémoires étaient réunis mardi
pour inciter les jeunes à s'inscrire sur les listes électorales.



Le collectif Devoirs de Mémoires, parrainé par de nombreuses
personnalités, a lancé le 15 décembre un appel aux jeunes de
banlieue pour s'inscrire sur les listes électorales le 20 décembre
afin de "ne pas reproduire le 21 avril 2002". Des personnalités,
dont Joey Starr, Jean-Pierre Bacri et Jamel Debbouze, parrains du
collectif Devoirs de mémoire, se sont donc rendus à Clichy-sous-Bois
mardi pour un débat passionné avec des jeunes, afin de les inciter à
s'inscrire sur les listes électorales.
"Je l'ai, je suis allé la chercher!", a lancé le rappeur Joey Starr
à la foule en exhibant sa carte. "Voter, c'est exister, c'est créer
un contrepoids. Demain il faudra vous investir dans la vie
politique. Réveillez-vous!", a-t-il ajouté.
Dans une ambiance survoltée, les parrains ont pris la parole pour
tenter de convaincre les jeunes, avant d'être interpellés par un
participant de Clichy-sous-Bois qui leur a vivement reproché de ne
pas être venus plus tôt.
Des membres du collectif AC-Lefeu, fondé en novembre par les
éducateurs de Clichy, participaient également au débat qui se
déroulait dans une salle de spectacles municipale et auquel ont
participé une centaine de jeunes.



Les parrains, ainsi que le maire Claude Dilain (PS), devaient
ensuite accompagner des jeunes à la mairie pour valider leur
inscription sur les listes.

"Voter pour exister"

Mardi, le joueur de l'équipe de France de football Lilian Thuram,
signataire de l'appel, a demander aux "jeunes issus des anciennes
colonies" à "voter pour exister", dans Le Parisien/Aujourd'hui en
France.
"Les jeunes issus des anciennes colonies ont un problème de
reconnaissance. Ils ont du mal à se situer dans la société. Ils
doivent voter pour exister", a affirmé le défenseur de la Juventus
Turin et de l'équipe de France.
Lilian Thuram, membre du Haut conseil à l'intégration et qui s'était
déjà illustré par son discours citoyen lors de la crise des
banlieues en novembre, a souhaité aussi une "Histoire sans passion,
avec toutes ses vérités" au sujet de la colonisation.

"Choqué" par Finkielkraut

"Dire que la colonisation a eu des effets bénéfiques est d'une
grande malhonnêteté intellectuelle.
Comment peut-on parler ainsi? La colonisation a été la prolongation
du concept de l'esclavagisme, elle n'a pas été source de
civilisation", selon Lilian Thuram, pour qui "notre malaise actuel
prend ses racines dans cette histoire".
Le joueur estime ainsi que "le discours se radicalise", se
disant "choqué" par les propos du philosophe Alain Finkielkraut, qui
avait suscité une polémique en évoquant "une révolte à caractère
ethnico-religieux" au sujet des émeutes urbaines. Evoquant aussi sa
rencontre avec le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, fin
novembre, Thuram affirme: "Je lui ai dit que son discours était
dangereux car il réveille le racisme latent qui sommeille chez les
gens."
Lilian Thuram, né à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), figure parmi la
dizaine de personnalités ayant signé l'appel à s'inscrire sur les
listes électorales, y voyant "une des solutions concrètes après les
révoltes sociales", paru dans le Nouvel Observateur.

Le texte de l'appel

"POUR QUE NOS VOIX COMPTENT, FEDERONS NOUS !"

"Le 20 décembre, allons nous inscrire !

Allons jeunes et moins jeunes de la patrie, le jour de s'inscrire
sur les listes électorales est arrivé.
Parce que nous existons, tous autant que nous sommes, passons ce
message d'avenir, voici une des solutions concrètes après les
révoltes sociales. La République appartient à tous, soyons
représentés ensemble dans le cadre républicain. Surtout quand nos
frères immigrés en sont privés.
Nos destins sont imbriqués ! Chacun de nous est une voix, chacun de
nous a des droits sur les choix sociaux, économiques, culturels et
politiques, faisons-les valoir. Nous exigeons que Liberté, Egalité,
Fraternité s'inscrivent réellement dans notre quotidien. Parce que
la société française est composée de nous tous, faisons-nous
entendre.
La démocratie n'attend que nous, quels que soient notre couleur, nos
origines (sans reniement), notre lieu d'habitation, France
hexagonale, France d'outre mer, cités, milieu ruraux et autres.
Retissons les liens parfois abîmés. Non à la séparation, Non aux
boucs émissaires. Oui au dialogue, Oui à l'écoute et au
rapprochement.
La jeunesse, des quartiers et d'ailleurs, est notre avenir. Pansons
et renforçons les solidarités. Prenons cette initiative comme une
arme démocratique ; comme un acte d'ouverture.
Dans ce contexte d'Etat d'urgence sociale, de peur agitée, de
préjugés, de discriminations, il est impératif de se mobiliser en
cette journée nationale d'action citoyenne.
Nous voulons une histoire et un avenir commun. Si on ne s'occupe pas
de la politique, la politique s'occupe et s'occupera de nous.
Oeuvrons chacun à notre échelle. Ensemble choisissons de construire
l'avenir. S'inscrire, c'est nécessaire, surtout maintenant. Nous ne
voulons pas revivre le 21 avril 2002. Passons le message.
Nous appelons parallèlement le monde associatif de terrain à
soutenir cette initiative."

Les parrains de l'initiative

Jamel Debbouze (acteur)
Joey Starr (chanteur)
Jean-Pierre Bacri (acteur)
Lilian Thuram (footballeur)
Mathieu Kassovitz (réalisateur)
Mohamed Dia (styliste)
Alain Chabat (réalisateur)
Les Robins des bois (comiques)
Lady Laistee (chanteuse)
Dadoo (chanteur)
Tété (chanteur)
Bruno Gaccio (auteur des "Guignols de l'Info)
Admiral T (ragga man)
Pascal Blanchard (historien)
Guillaume Depardieu (comédien)
Devoir de réagir
Collectif Devoirs de Mémoires


Source :
http://permanent.nouvelobs.com/societe/20051220.OBS9433.html
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https://vuesdumonde.forumactif.com/
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Des parrains du collectif Devoir de Mémoires :: Commentaires

Les stars des cités battent le rappel des jeunes en politique

LE MONDE | 20.12.05 | 13h34 • Mis à jour le 20.12.05 | 14h10

Créé en février, le collectif Devoirs de mémoires voulait prendre le
temps d'"éveiller les consciences", selon sa présidente, Leila
Dixmier. Parce que "l'histoire répond à beaucoup de troubles
identitaires" et que "taire les discriminations d'hier, c'est
susciter les discriminations de demain", ses fondateurs — le rappeur
Joey Starr, le porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire,
Olivier Besancenot, ainsi que Jean-Claude Tchicaya (Mouvement des
droits civiques), adjoint au maire de Bagneux — ont organisé des
conférences : sur les massacres de Sétif, le poids du colonialisme
et de l'esclavage dans la société française, puis — ce qui était
prévu avant les violences urbaines — l'histoire des pratiques
policières.

L'actualité les a d'abord rattrapés, avant de menacer de les
dépasser. Polémiques sur la mémoire de la colonisation et de
l'esclavage, émeutes en banlieues, état d'urgence : les emballements
de l'automne ont eu raison de l'angle et du tempo initialement
choisis. Devoirs de mémoires est devenu Devoir de réagir. Avec un
nouvel objectif : obtenir des inscriptions massives sur les listes
électorales.

Pour convaincre vite, la liste des parrains s'est élargie : Jamel
Debbouze, Joey Starr, Jean-Pierre Bacri, Lilian Thuram, Mathieu
Kassovitz et d'autres personnalités ont apporté à cette ancienne
cause une bouffée d'air frais, doublée d'un potentiel d'audience et
de crédibilité auprès des jeunes des cités qui ferait pâlir d'envie
les chefs de parti. Mardi 20 décembre, à 13 heures, plusieurs de ces
stars devaient débattre avec des jeunes à l'Espace 93, en face de la
mairie de Clichy-sous-Bois, avant de s'y rendre pour joindre les
actes à la parole.

Lundi soir, en marge d'une ultime réunion avant le jour J, Joey
Starr disait son "envie" de "conscientiser tout le monde, de
fédérer" et sa volonté de convaincre les jeunes que "toutes leurs
voix auront un poids". "Les gens ont besoin d'être écoutés",
explique Leila Dixmier. "Les revendications des jeunes seront plus
entendues lorsqu'ils seront inscrits" sur les listes, poursuit Jean-
Claude Tchicaya.

Pour éviter que le collectif soit accusé d'être "récupéré", Olivier
Besancenot, absent de la réunion, a été invité à se mettre en
retrait. "On est apolitique. Même si on fait forcément de la
politique", expliquait Joey Starr. La seule allusion partisane
implicite figurant dans le texte de l'appel est la volonté de "ne
pas revivre le 21 avril 2002". "Un second tour avec le FN est le
seul cas où on sera obligé de dire notre avis", explique Leila
Dixmier. Les uns et les autres ne se privent pas, toutefois, à titre
personnel, de dire tout le mal qu'ils pensent de Nicolas
Sarkozy. "C'est sa bêtise et son manque de tact qui ont fait que ça
a pété", dit la présidente du collectif, en précisant que "tout le
monde ici est d'accord là-dessus".

Au-delà, c'est le paysage politique qui leur pose problème. Leila
Dixmier qui, à 28 ans, devait s'inscrire pour la première fois,
mardi, sur une liste électorale, n'est "pas du tout convaincue" par
une offre politique qui souffre d'"un manque de leaders
poignant". "La gauche aussi a beaucoup déçu", souligne Jean-Claude
Tchicaya, en rappelant notamment le revirement tardif du Parti
socialiste sur la loi du 23 février.

Pourquoi, alors, s'inscrire sur des listes électorales ? "On ne va
pas changer le monde en un scrutin", relève Joey Starr. "L'objectif
est à plus long terme. Il faut d'abord qu'on nous écoute et qu'on
nous réponde", souligne Leila Dixmier. "Ça se fera par étapes. Il
faut que les jeunes comprennent que la politique est accessible",
renchérit Jean-Claude Tchicaya. Des inscriptions pour peser
électoralement, être entendu, pris en compte ; avant, pourquoi pas,
d'être en mesure de prendre la relève de candidats et de partis
jugés aujourd'hui inadaptés : tels sont les lendemains de ce 20
décembre rêvés par les membres du collectif.

Les partis se tiennent prudemment à l'écart et observent. "Notre
travail viendra après, en 2006. Ce sera à nous de faire en sorte que
nos propositions arrivent à "parler" à ces jeunes qui vont
s'inscrire", dit Bruno Le Roux, député PS de Seine-Saint-Denis, qui
parie sur leur "envie de changement". "S'ils ont des arrière-pensées
antisarkozystes, je dis... chiche ! L'embrigadement n'est pas dans
l'air du temps", réplique un proche du ministre de l'intérieur, Yves
Jégo, député UMP de Seine-et-Marne. Plus amer, Pierre Cardo, député
UMP des Yvelines et maire de Chanteloup-les-Vignes, moque "des
vedettes qui se donnent bonne conscience sans que cela leur coûte
trop cher".

---------
PROCÉDURE

La loi du 10 novembre 1997 a prévu l'inscription d'office sur les
listes électorales des jeunes ayant atteint l'âge de 18 ans. Les
mairies s'appuient sur des fichiers de l'Insee établis d'après les
données du recensement militaire. Jusqu'en 2000, les municipalités
devaient demander par courrier aux jeunes concernés de fournir un
justificatif de nationalité et de domicile. En 2002, cette procédure
a été simplifiée, ce qui n'a que partiellement resserré les mailles
du filet. Selon le ministère de l'intérieur, sur les 593 000 jeunes
recensés en 2005 lors de la journée d'appel, 84 100 (14 %)
n'ont "pas été retrouvés" et n'ont pu être inscrits.
---------

Jean-Baptiste de Montvalon

Article paru dans l'édition du 21.12.05

source :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-723095@51\
-723037,0.html
A Clichy-sous-Bois, la difficile campagne des stars

Ils étaient venus inciter les jeunes de banlieue à s'inscrire sur
les listes électorales. Mais Jamel Debbouze, Joey Starr ou encore
Jean-Pierre Bacri ont eu du mal à convaincre ceux qui leur ont
reproché de «faire un coup de marketing».

par Ludovic Blecher

LIBERATION.FR : mardi 20 décembre 2005 - 20:11

S'il fallait une nouvelle preuve de la profondeur du malaise en
banlieue, la voici: «J'aimerais savoir pourquoi vous n'étiez pas là
avant, pourquoi quand les gens d'ici voulaient faire des choses avec
vous, vous aviez toujours "pas le temps"», lance un jeune homme à
l'adresse de Joey Starr, Jamel Debbouze, Jean-Pierre Bacri et les
autres soutiens du collectif «Devoirs de mémoires» venus, mardi, à
Clichy-sous-Bois inciter le citoyens, «jeunes et moins jeunes», à
s'inscrire sur les listes électorales. «C'est un coup marketing tout
ça», avertissait Aurélie, 23 ans et déjà encartée, avant que ne
débute le débat entre une centaine de jeunes installés dans une
salle face à la mairie et les «vedettes made in banlieue» alignées
sur une estrade. «Clichy, ça fait 20 ans que c'est la merde,
poursuit-elle. Il a fallu qu'on se révolte, que certains brûlent des
voitures pour les faire venir».

N'empêche, ils sont là. Réunis à l'initiative du collectif qui, le
15 décembre dernier, a appelé les jeunes de banlieues à un «réveil
civique» associé à AC-Lefeu, une association fondée en novembre par
des éducateurs de Clichy après la mort de deux jeunes dans un
transformateur EDF. Un mois et demi après les nuits de violences en
région parisienne comme en région, ils sont venus dans la ville
demander à tous - «la France hexagonale, les milieux ruraux mais
aussi la Guadeloupe ou la Martinique» - de s'inscrire sur les listes
puis de glisser un bulletin dans l'urne aux prochaines
élections. «Je l'ai, j'y suis allé, dit Joey Starr, debout,
brandissant le document officiel, preuve de son inscription sur les
listes électroales. Voter, ça existe, c'est créer un contrepoids.
Demain il faudra vous investir dans la vie politique. Réveillez-
vous».
Le maire de Clichy, le socialiste Claude Dilain: «C'est pas vote et
tais-toi, c'est vote et continue à t'investir». Et le comédien Jean-
Pierre Bacri de renchérir: «C'est une espèce de ronde des bons
sentiments et je suis obligé d'y prendre part. 40% d'abstention,
c'est une catastrophe pour les résultats. On s'en est aperçu en
2002. Que tous les Français qui se sont offusqués de voir des
voitures brûlées le soient tout autant quand ils voient un job ou
une entrée dans une boîte refusée à un jeune de banlieue». Assis à
ses côtés, Jamel Debbouze se lève: «On est Français, on est fiers.
Vous êtes d'ici, on est d'ici, vous êtes des icissiens».

Sauf que les "icissiens" venus en nombre n'avaient pas que des
applaudissements à renvoyer à leurs supposés mentors. Les premières
interventions dans la salle sont sévères. Joey Starr, donc, renvoyé
dans ces cordes pour sa visite tardive à Clichy, a cette
réplique: «On est là aujourd'hui». Le jeune à la question: «C'est
nous qui mettons la cuillère dans ta bouche, ton public, c'est
nous». Joey Starr: «T'as la haine, t'es plus en mesure d'entendre ce
qu'on a à te dire». Une autre, dans la salle, embraie: «Vous voulez
qu'ils votent mais pour qui. Ils ne se reconnaissent pas dans les
politiques». Un membre du collectif: «Déjà qu'on ne nous laisse pas
entrer dans une boite vous voulez qu'il nous laisse entrer à
l'assemblée nationale. Commençons par construire». Troisième
intervention. Une femme à nouveau. Elle se lève: «Le premier jeune
qui a parlé a raison, qui profite des banlieues, qui profite de la
médiatisation». C'est Jamel qui réplique: «Je ne suis pas venu pour
me faire insulter mais pour être solidaire. Vous ne pouvez pas me
dire qu'on est venu pour notre pub, ça me rend hystérique».

La suite des débats sera plus posée. Dans la salle, comme à la
tribune, on revient sur les fondamentaux: la nécessité de voter pour
se faire entendre, de ne pas être sourd à la vie politique. A leur
appel, quelques dizaines de jeunes ont d'ailleurs filé à la maire à
travers les nuées de caméras pour une inscription très médiatique
sur les listes électorales. Yaya, 15 ans, n'en sera pas. Trop jeune,
il était venu «juste pour voir». Il repart déçu: «Franchement
c'était pas trop bien. Les gens n'ont fait que s'embrouiller,
critiquer, ils n'arrivent pas à s'écouter. C'est injuste à 50% mais
c'est vrai qu'il a fallu attendre qu'il y ait des morts pour les
voir venir nous parler».

Source :
http://www.liberation.fr/page.php?Article=346360
Débat houleux à Clichy-sous-Bois entre jeunes et célébrités venues
les inciter à voter.

«J'en ai pas vu un seul d'entre vous pendant les émeutes!»

par Didier ARNAUD
QUOTIDIEN : mercredi 21 décembre 2005

Medhi avait prévenu. «Les célébrités vont amener la foule. Mais on
n'est pas au festival de Cannes.» Amane s'est inquiété, peu avant le
début : «On ne pensait pas avoir autant de monde. J'espère qu'ils
vont poser les bonnes questions.» Pas de montée des marches, mais
des propos qui fâchent. Mehdi et Amane font partie de deux des
associations qui organisaient, hier, à la maison des jeunes de
Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), une opération pour inciter les
jeunes à s'inscrire sur les listes électorales. Sans doute trop tôt
après les émeutes et la mort de deux adolescents dans un
transformateur EDF, elle a provoqué des joutes verbales, donné lieu
à un débat cathartique. Mais elle n'a pas vraiment convaincu les
spectateurs de son bien-fondé.

Rampe de lancement. Dans la maison des jeunes, 400 sièges, c'est
trop peu pour une opération annoncée partout. Les ingrédients sont
en place pour l'ébullition. Les caméras déboulent, en bousculade ­
«on arrive mieux à neutraliser les jeunes que les journalistes,
c'est un truc de fou», dit un animateur. Des associations locales
(Au-delà des mots et AC le Feu !) et une, plus médiatique et
nationale (Devoirs de mémoires), qui luttent, entre autres, contre
les discriminations, discutent âprement de l'organisation, qu'ils
échafaudent ensemble. «Devoirs» veut faire de Clichy une rampe de
lancement d'une initiative nationale pour le vote des jeunes des
cités. La concurrence toutefois, inévitable, entre «locaux» ­ jeunes
et associations ­ et «étrangers» ­ les stars membres de Devoirs de
mémoires ­ affleure. Ces dernières débarquent, s'assoient sur des
chaises en rang d'oignons. On vient voir, on applaudit. Pourtant,
même si certains, comme Jamel Debbouze et Joey Starr, sont censés
figurer l'appartenance banlieusarde, ils ne semblent plus
représenter les jeunes des banlieues, en tout cas pas ceux de
Clichy.

Boris, jeune Clichois coiffé d'un bonnet, tend cette embuscade au
rappeur Joey Starr : «Vous voulez qu'on prenne des cartes
électorales. Pour voter pour qui ? Qui nous représente ? J'en ai pas
vu un seul d'entre vous pendant les émeutes. Pourquoi ? Vous avez du
temps, maintenant ?» Joey Starr : «Toutes ces choses qu'on fait,
faut pas nous les jeter à la gueule.» Boris encore : «Cela fait des
années que vous êtes là, des années que vous ne nous représentez
pas.» Boris exécute un dernier crochet, sous les applaudissements de
la salle, avant d'être emporté par le service d'ordre : «Moi, je ne
vais pas chez toi sans raison pour me faire ma pub.»

«Mauvais procès». La brochette de célébrités colmate les brèches,
avec plus ou moins de bonheur. Jamel Debbouze s'étrangle qu'on le
prenne pour «l'Arabe de service» : «Hé cousine ! Je suis pas venu
pour me faire insulter !» rétorque-t-il à une éducatrice qui embraye
sur le discours de Boris. Le comédien défend sa sincérité. Son
collègue, Jean-Pierre Bacri, avait préalablement critiqué la «ronde
des bons sentiments» des autres stars qui plaident : «votez, votez,
pour exister». De sa voix rauque, il s'est plaint du ton pris par
les débats : «c'est un mauvais procès qu'on fait à la politique.
Vous rejoignez les discours des extrêmes qui parlent du "tous
pourris". Regardez ce mec de maire de Clichy, il bosse comme un
malade. Ne dites pas du mal de la politique. Un jour, elle va
s'occuper de vous.»

Sur la scène, Samir a pris le micro : «Les politiques ne nous
donneront rien tant qu'on n'existera pas.» Tant qu'on ne votera pas.
Joey Starr, en un mea-culpa final en forme d'explication à ceux qui
rateraient le coche : «J'ai 38 ans, j'ai eu accès à un certain
savoir, j'aurais pu me rancarder moi-même, je ne l'ai pas fait.» Il
ne veut pas que d'autres reproduisent son erreur. La démarche des
artistes est louable. Cependant, dans la salle, certains se
demandent pourquoi les politiques sont absents. «J'aurais préféré
que les artistes n'aient pas besoin de faire cela», a admis le maire
(PS) de Clichy, Claude Dilain, devant les caméras. Lui-même
répète : «Voter, c'est comme cela qu'on va s'en sortir, mais aussi,
s'investir dans la vie de la ville.» A Clichy, qu'est ce que cela
veut dire, s'inscrire ? «Les médias pensent que l'inscription est
automatique, mais elle ne l'est pas autant que cela», expliquait le
premier adjoint au maire, Olivier Klein. En fait, il faut «se
signaler» au moment du recensement, à 16 ans, ou aller en mairie, à
18. La mairie ignore combien de personnes sont en âge de voter. A
Clichy-sous-Bois, il y a 7 000 inscrits sur 28 000 habitants. Parmi
ces derniers, 50 % ont moins de 20 ans et 33 % sont étrangers.

Mais avant que le vote ait un sens, il faut aborder «les vrais
problèmes» dit un jeune dans l'assistance. L'absence de gare,
d'équipements, de moyens pour les associations... Les participants à
cette journée «citoyenne» n'ont toujours pas digéré la
proposition «humiliante» faite par Eric Raoult, maire du proche et
riche Raincy de mettre la ville de Clichy sous tutelle. Un mois et
demi après le commencement des émeutes en banlieue, les faits sont
toujours présents. Et Tewfik, animateur, demande : «Pourquoi
attendre deux morts et des voitures brûlées pour qu'on parle de
Clichy-sous-Bois ?» Mohamed, organisateur, lance : «Je veux rendre
hommage à tous ceux qui ont été arrêtés pendant les émeutes sociales
et penser aux gros voyous qui sont toujours dehors.»

Recueil de doléances. Devant la mairie, les caméras ont «filmé la
symbolique des jeunes avec les parrains en train de voter», selon
les mots d'un membre de Devoirs de mémoires. Mohamed, organisateur,
veut recueillir les doléances des habitants et les remettre à
l'Assemblée nationale : «Ce ne sont pas eux (les politiques) qui
vont trouver les solutions, c'est nous qui allons transmettre nos
problèmes.»


Source :
http://www.liberation.fr/page.php?Article=346476
 

Des parrains du collectif Devoir de Mémoires

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