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 DETTE : CHANGER RADICALEMENT DE CAP

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mihou
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mihou


Nombre de messages : 8092
Localisation : Washington D.C.
Date d'inscription : 28/05/2005

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24102006
MessageDETTE : CHANGER RADICALEMENT DE CAP

Aujourd’hui, la dette est l’outil d’un nouvel esclavage.

28 décembre 2005


DETTE : CHANGER RADICALEMENT DE CAP



par Damien Millet



Profond est le gouffre qui sépare les institutions internationales
comme le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque mondiale
d'une part, et de nombreuses organisations militant pour
l'annulation de la dette, dont le CADTM, d'autre part. Le moment est
idéal pour revenir sur deux moments-clés de l'année qui permettent
d'éclairer ces divergences de fond.

La dette a été sous les feux de l'actualité à deux reprises cette
année : au moment du tsunami en Asie et à l'occasion du sommet des
dirigeants des pays les plus industrialisés (G8). A chaque fois, des
mesures d'apparence généreuse ont été annoncées. Mais à chaque fois,
la réaction de nombreux réseaux mobilisés sur ces thèmes fut une
réaction de rejet. Pourtant, les animateurs de ces réseaux ne sont
en rien d'éternels insatisfaits qui joueraient en toutes
circonstances la politique du pire. Cette opposition est la
résultante d'une analyse globale dont les principes s'opposent
fondamentalement à ceux de la logique actuelle.

En janvier dernier, après le tsunami au large de l'Indonésie qui fit
plus de 300 000 morts, la dette est apparue tout de suite comme un
levier sur lequel agir pour venir en aide aux pays touchés. Fait
troublant, les Premiers ministres de Thaïlande et d'Inde ont très
vite annoncé que leurs pays ne demandaient pas de report des
remboursements : ils craignaient par-dessus tout que leur note sur
les marchés financiers soit dégradée. Il apparaît ainsi clairement
que les dirigeants de nombreux pays du Sud sont parfaitement insérés
dans le système néolibéral centré sur la dette et mis en place par
les grandes puissances. Du côté des populations de ces pays, la
démarche est opposée : des centaines de mouvements sociaux ont signé
l'appel du réseau Jubilé Sud pour l'annulation totale de la dette
des pays concernés. Le clivage n'est donc pas Nord/Sud, mais plutôt
entre ceux qui profitent de la dette et ceux qui subissent la dette.

Devant l'ampleur de la catastrophe et de la mobilisation, les pays
riches, réunis au sein du Club de Paris, ont été fiers de décider un
moratoire sur la dette de l'Indonésie et du Sri Lanka. Le Club de
Paris s'attendait sans doute à des félicitations unanimes. Ce ne fut
pas le cas : seuls deux pays, sur la douzaine de pays touchés,
étaient dispensés de remboursement de leur dette bilatérale en 2005,
et ils devront payer entre 2007 et 2010 ce qu'ils devaient
rembourser cette année. De surcroît, puisqu'ils n'ont pas remboursé
à la date prévue, des intérêts de retard leur seront appliqués.
Comment se réjouir d'une telle annonce ? Non seulement aucune
annulation n'a été décidée, mais ces deux pays paieront finalement
davantage que si le tsunami n'était pas survenu. Derrière une
opération médiatique savamment orchestrée, se cache mal la politique
de la " décision minimale " : faire semblant d'agir, sans toucher au
mécanisme qui donne leur toute puissance à ceux qui prennent les
décisions.

Puis vint la réunion des ministres des Finances du G8 à Londres en
juin, et l'annonce " historique " qui en a découlé : l'effacement de
la dette détenue par 18 pays pauvres et très endettés (PPTE) envers
la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et le FMI,
soit 40 milliards de dollars. Après six mois d'intenses négociations
entre les acteurs en présence, le FMI vient d'entériner le 21
décembre l'annulation de la dette de 19 pays à son égard. Heureuse
nouvelle, direz-vous ? Au risque de surprendre, non.

Tout d'abord, 17 des 19 pays concernés ont dû réaliser un véritable
parcours du combattant néolibéral : réduction drastique de leurs
budgets sociaux, privatisations massives, ouverture des marchés,
libéralisation de leur économie..., pour le plus grand profit des
sociétés multinationales et des investisseurs internationaux. Mais
ce sont autant de coups très durs portés aux conditions de vie des
populations pauvres. Les deux pays ajoutés à la liste se sont déjà
pliés eux aussi aux exigences du FMI. Ils ont donc tous payé très
cher, en terme de souffrances humaines, le droit d'être ainsi
éligibles. Il y a donc une réelle continuité avec les décisions des
deux décennies précédentes puisque les pays bénéficiaires sont les
pays pauvres et dociles qui ont appliqué à la lettre les
recommandations du FMI et de la Banque mondiale. C'est une décision
minimale de plus. La dette extérieure publique des 165 pays en
développement s'élève à 1 600 milliards de dollars, l'annonce du G8
concerne seulement 2,5% de ce montant. Comment régler le problème de
la dette dans ces conditions ?

Les tenants du modèle actuel, FMI et Banque mondiale en tête,
apportent volontairement une réponse uniquement financière : quand
il n'est plus possible de faire autrement, ils réduisent légèrement
la dette. L'échec de cette analyse est patent : depuis 1988, chaque
réduction de la dette des pays les plus pauvres en appelle une
suivante, et les quelques pays concernés croulent toujours sous le
poids d'une dette démesurée. C'est oublier un peu vite que la dette
est un mécanisme puissant permettant aux dirigeants et aux grandes
entreprises des pays riches, avec la complicité des élites du Sud,
d'imposer au monde depuis plusieurs décennies un modèle économique
qui sert leurs intérêts. A cause de la dette, les pays du Sud sont
dépendants de leurs exportations et sont contraints de brader leurs
richesses naturelles tout en transférant des sommes gigantesques
vers leurs créanciers. Entre 1980 et 2004, les pays en développement
ont remboursé 5 300 milliards de dollars au titre de service de la
dette. C'est presque 10 fois leur dette de 1980. C'est aussi 417
milliards de dollars de plus que ce qu'ils ont reçu en nouveaux
prêts pendant la même période. Le FMI, la Banque mondiale et
l'Organisation mondiale du commerce (OMC) sont les chefs d'orchestre
de ce véritable racket permanent.

Contrairement à une idée reçue diffusée à dessein, le Sud produit
suffisamment de richesses pour organiser son avenir. Le problème
n'est donc pas de l'endetter pour lui fournir des capitaux, le
problème est de faire en sorte que les richesses produites au Sud ne
fuient pas le pays, qu'elles soient investies sur place et servent
l'intérêt des populations locales.
Les pays du tiers-monde peuvent tout à fait se passer de cet
endettement qui entraîne soumission aux créanciers, détérioration
des conditions de vie et accroissement des inégalités. Aujourd'hui,
la dette est l'outil d'un nouvel esclavage. Le G8, le FMI et la
Banque mondiale l'utilisent froidement pour renforcer leur mainmise
sur l'économie mondiale. Certains de leurs soutiens, comme le
chanteur Bono ou le milliardaire Bill Gates, veulent juste l'amender
pour l'humaniser. Or on n'amende pas un esclavage, on l'abolit.

Pour espérer libérer les populations du Sud du fardeau de la dette,
il faut définitivement briser le mécanisme lui-même, d'où la
nécessité de revendiquer sans faiblir l'annulation totale et
inconditionnelle de la dette extérieure publique des pays en
développement et l'abandon des politiques néolibérales qui leur sont
imposées. S'y ajoutent également l'expropriation des biens mal
acquis par les élites corrompues et leur rétrocession à leurs
peuples, la suppression des paradis fiscaux, l'instauration de
mécanismes de redistribution équitable des richesses à l'échelle
planétaire, une vaste réforme agraire, la reconnaissance d'une dette
historique et écologique à l'égard des populations du Sud, sans
oublier la construction d'une nouvelle architecture financière et
commerciale internationale... Une vraie lutte contre la corruption
serait alors possible. Il est impensable dans ces conditions de se
réjouir des mesures prises par les pays riches et leurs
représentants au FMI ou à la Banque mondiale. Ce n'est pas une
question de tactique, c'est une question de principes. A force
d'ignorer ceux que nous défendons, les choix des promoteurs de la
mondialisation néolibérale provoquent des ravages humains et
environnementaux considérables. Notre opposition résolue se
poursuivra donc, à moins que notre mobilisation parvienne à changer
radicalement le cap suivi.

Damien Millet est président du CADTM France (Comité pour
l'annulation de la dette du tiers-monde, www.cadtm.org), auteur de
L'Afrique sans dette, CADTM/Syllepse, 2005.



Source :
http://www.cadtm.org/article.php3?id_article=1723
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