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 L'intégration latino-américaine en morceaux

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Tite Prout
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Tite Prout


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08052006
MessageL'intégration latino-américaine en morceaux

L'intégration latino-américaine en morceaux
L. O.
05 mai 2006, (Rubrique International)


Les ensembles économiques régionaux du Mercosur et de la Communauté andine sont au bord de l'explosion.


Il Y A D'ABORD eu la réunion de Cuzco, en décembre 2004. Réunis au coeur de l'ancienne capitale de l'empire des Incas, à 3 400 mètres dans les montagnes péruviennes, douze pays latino-américains se promettaient d'unir leur destinée au sein d'une «Communauté sud-américaine des nations», sur le modèle de l'Union européenne. Cette intégration se ferait par le rapprochement des deux grands blocs régionaux que sont le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et la CAN (Communauté andine des nations : Bolivie, Colombie, Pérou, Equateur et Venezuela). Manquait la cohérence idéologique.

Un petit groupe, conduit par le Vénézuélien Hugo Chavez, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et l'Argentin Nestor Kirchner, s'en charge un an plus tard, dans la station balnéaire argentine de Mar de Plata. «Les trois mousquetaires», pour reprendre les mots d'Hugo Chavez, réaffirment au cours d'un sommet régional l'unité d'un «sud» américain contre les Etats-Unis et leur projet de libre-échange. Et comme preuve suprême de cet attachement, le riche Venezuela obtient même d'adhérer au Mercosur.

Depuis, rien ne va plus. Les couples se déchirent, les trahisons se multiplient, les blocs se désintègrent. Tout a commencé par une stupide querelle, entre l'Argentine et l'Uruguay, deux membres du Mercosur. Arrivé au pouvoir depuis peu, le président uruguayen Tabaré Vasquez annonce l'installation de deux gigantesques usines à papier financées par des Espagnols et des Finlandais, un investissement de 1,7 milliard de dollars, du jamais vu dans ce pays de trois millions d'habitants.

Les travaux commencent à peine sur le fleuve Uruguay, qui constitue la frontière avec l'Argentine, qu'éclate la polémique. Buenos Aires estime que l'Uruguay a violé le traité régissant l'exploitation du fleuve en omettant de l'inclure dans cette décision, et souligne les risques environnementaux de telles installations. Montevideo se braque, souligne que les Argentins, qui disposent déjà de nombreuses usines à papier, sont jaloux d'un tel investissement. Tous les jours, des milliers d'Argentins manifestent et bloquent les routes uruguayennes. Les chefs d'Etat ne s'adressent plus la parole. Hier, Buenos Aires a été plus loin, en présentant une requête contre l'Uruguay auprès du Tribunal international de La Haye. L'épisode est l'un des plus graves qu'ait connu le Mercosur.

Divorce régional

En choisissant de porter le conflit à La Haye, Buenos Aires souligne que le bloc régional ne dispose pas de mécanisme fiable de règlement des conflits. «Cette dispute reflète aussi la fatigue des «petits» membres du Mercosur, qui se sentent délaissés par le Brésil et l'Argentine», insiste Alfredo Valladao, directeur de la chaire Mercosur de l'Institut des études politiques de Paris. Depuis quelques années, l'Uruguay a moins de relations économiques avec ses deux voisins qu'avec les Etats-Unis. Mais les statuts du Mercosur lui interdisent de négocier un traité de libre-échange avec Washington. «Le Mercosur est davantage un problème qu'une solution pour l'Uruguay» a conclu Tabaré Vasquez en début de semaine avant de s'envoler pour les Etats-Unis.

Reçu hier par George Bush à la Maison-Blanche, le président uruguayen n'a pas caché qu'il était prêt au divorce régional pour une alliance avec Washington. Du miel pour les Etats-Unis qui cherchent à tout prix à contrebalancer dans la région l'influence de Hugo Chavez. Pour Alfredo Valladao, «l'entrée du Venezuela dans le Mercosur a déstabilisé cette structure déjà fragile. Lula prône une intégration pragmatique, qui donnerait plus de poids à l'Amérique latine face à ses partenaires commerciaux. Chavez veut une intégration idéologique, un groupe uni contre l'«impérialisme» américain. Les deux conceptions font exploser le Mercosur». Une désintégration d'autant plus inquiétante que le président vénézuélien a pratiquement tué la CAN la semaine dernière. Reprochant au Pérou et à la Colombie d'avoir signé un accord de libre-échange avec Washington, le Venezuela a tout bonnement quitté la communauté andine, et il pourrait entraîner dans son sillage le Bolivien Evo Morales.

A six mois de l'élection présidentielle brésilienne, à laquelle Lula devrait se représenter, le délitement régional souligne la difficulté pour Brasilia d'assumer son statut de puissance régionale naturelle. Le géant latino-américain est sur tous les fronts, protégeant Hugo Chavez contre les attaques américaines, acceptant par pragmatisme les caprices protectionnistes de l'Argentine, appuyant la candidature d'Evo Morales. Mais par absence de moyens ou d'ambition, ce rôle de pompier ne suffit plus à imposer la vision brésilienne alors que le Venezuela profite de sa manne pétrolière pour jouer les arbitres.



Les ensembles économiques régionaux du Mercosur et de la Communauté andine sont au bord de l'explosion.


Il Y A D'ABORD eu la réunion de Cuzco, en décembre 2004. Réunis au coeur de l'ancienne capitale de l'empire des Incas, à 3 400 mètres dans les montagnes péruviennes, douze pays latino-américains se promettaient d'unir leur destinée au sein d'une «Communauté sud-américaine des nations», sur le modèle de l'Union européenne. Cette intégration se ferait par le rapprochement des deux grands blocs régionaux que sont le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et la CAN (Communauté andine des nations : Bolivie, Colombie, Pérou, Equateur et Venezuela). Manquait la cohérence idéologique.

Un petit groupe, conduit par le Vénézuélien Hugo Chavez, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et l'Argentin Nestor Kirchner, s'en charge un an plus tard, dans la station balnéaire argentine de Mar de Plata. «Les trois mousquetaires», pour reprendre les mots d'Hugo Chavez, réaffirment au cours d'un sommet régional l'unité d'un «sud» américain contre les Etats-Unis et leur projet de libre-échange. Et comme preuve suprême de cet attachement, le riche Venezuela obtient même d'adhérer au Mercosur.

Depuis, rien ne va plus. Les couples se déchirent, les trahisons se multiplient, les blocs se désintègrent. Tout a commencé par une stupide querelle, entre l'Argentine et l'Uruguay, deux membres du Mercosur. Arrivé au pouvoir depuis peu, le président uruguayen Tabaré Vasquez annonce l'installation de deux gigantesques usines à papier financées par des Espagnols et des Finlandais, un investissement de 1,7 milliard de dollars, du jamais vu dans ce pays de trois millions d'habitants.

Les travaux commencent à peine sur le fleuve Uruguay, qui constitue la frontière avec l'Argentine, qu'éclate la polémique. Buenos Aires estime que l'Uruguay a violé le traité régissant l'exploitation du fleuve en omettant de l'inclure dans cette décision, et souligne les risques environnementaux de telles installations. Montevideo se braque, souligne que les Argentins, qui disposent déjà de nombreuses usines à papier, sont jaloux d'un tel investissement. Tous les jours, des milliers d'Argentins manifestent et bloquent les routes uruguayennes. Les chefs d'Etat ne s'adressent plus la parole. Hier, Buenos Aires a été plus loin, en présentant une requête contre l'Uruguay auprès du Tribunal international de La Haye. L'épisode est l'un des plus graves qu'ait connu le Mercosur.

Divorce régional

En choisissant de porter le conflit à La Haye, Buenos Aires souligne que le bloc régional ne dispose pas de mécanisme fiable de règlement des conflits. «Cette dispute reflète aussi la fatigue des «petits» membres du Mercosur, qui se sentent délaissés par le Brésil et l'Argentine», insiste Alfredo Valladao, directeur de la chaire Mercosur de l'Institut des études politiques de Paris. Depuis quelques années, l'Uruguay a moins de relations économiques avec ses deux voisins qu'avec les Etats-Unis. Mais les statuts du Mercosur lui interdisent de négocier un traité de libre-échange avec Washington. «Le Mercosur est davantage un problème qu'une solution pour l'Uruguay» a conclu Tabaré Vasquez en début de semaine avant de s'envoler pour les Etats-Unis.

Reçu hier par George Bush à la Maison-Blanche, le président uruguayen n'a pas caché qu'il était prêt au divorce régional pour une alliance avec Washington. Du miel pour les Etats-Unis qui cherchent à tout prix à contrebalancer dans la région l'influence de Hugo Chavez. Pour Alfredo Valladao, «l'entrée du Venezuela dans le Mercosur a déstabilisé cette structure déjà fragile. Lula prône une intégration pragmatique, qui donnerait plus de poids à l'Amérique latine face à ses partenaires commerciaux. Chavez veut une intégration idéologique, un groupe uni contre l'«impérialisme» américain. Les deux conceptions font exploser le Mercosur». Une désintégration d'autant plus inquiétante que le président vénézuélien a pratiquement tué la CAN la semaine dernière. Reprochant au Pérou et à la Colombie d'avoir signé un accord de libre-échange avec Washington, le Venezuela a tout bonnement quitté la communauté andine, et il pourrait entraîner dans son sillage le Bolivien Evo Morales.

A six mois de l'élection présidentielle brésilienne, à laquelle Lula devrait se représenter, le délitement régional souligne la difficulté pour Brasilia d'assumer son statut de puissance régionale naturelle. Le géant latino-américain est sur tous les fronts, protégeant Hugo Chavez contre les attaques américaines, acceptant par pragmatisme les caprices protectionnistes de l'Argentine, appuyant la candidature d'Evo Morales. Mais par absence de moyens ou d'ambition, ce rôle de pompier ne suffit plus à imposer la vision brésilienne alors que le Venezuela profite de sa manne pétrolière pour jouer les arbitres.



Les ensembles économiques régionaux du Mercosur et de la Communauté andine sont au bord de l'explosion.


Il Y A D'ABORD eu la réunion de Cuzco, en décembre 2004. Réunis au coeur de l'ancienne capitale de l'empire des Incas, à 3 400 mètres dans les montagnes péruviennes, douze pays latino-américains se promettaient d'unir leur destinée au sein d'une «Communauté sud-américaine des nations», sur le modèle de l'Union européenne. Cette intégration se ferait par le rapprochement des deux grands blocs régionaux que sont le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et la CAN (Communauté andine des nations : Bolivie, Colombie, Pérou, Equateur et Venezuela). Manquait la cohérence idéologique.

Un petit groupe, conduit par le Vénézuélien Hugo Chavez, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et l'Argentin Nestor Kirchner, s'en charge un an plus tard, dans la station balnéaire argentine de Mar de Plata. «Les trois mousquetaires», pour reprendre les mots d'Hugo Chavez, réaffirment au cours d'un sommet régional l'unité d'un «sud» américain contre les Etats-Unis et leur projet de libre-échange. Et comme preuve suprême de cet attachement, le riche Venezuela obtient même d'adhérer au Mercosur.

Depuis, rien ne va plus. Les couples se déchirent, les trahisons se multiplient, les blocs se désintègrent. Tout a commencé par une stupide querelle, entre l'Argentine et l'Uruguay, deux membres du Mercosur. Arrivé au pouvoir depuis peu, le président uruguayen Tabaré Vasquez annonce l'installation de deux gigantesques usines à papier financées par des Espagnols et des Finlandais, un investissement de 1,7 milliard de dollars, du jamais vu dans ce pays de trois millions d'habitants.

Les travaux commencent à peine sur le fleuve Uruguay, qui constitue la frontière avec l'Argentine, qu'éclate la polémique. Buenos Aires estime que l'Uruguay a violé le traité régissant l'exploitation du fleuve en omettant de l'inclure dans cette décision, et souligne les risques environnementaux de telles installations. Montevideo se braque, souligne que les Argentins, qui disposent déjà de nombreuses usines à papier, sont jaloux d'un tel investissement. Tous les jours, des milliers d'Argentins manifestent et bloquent les routes uruguayennes. Les chefs d'Etat ne s'adressent plus la parole. Hier, Buenos Aires a été plus loin, en présentant une requête contre l'Uruguay auprès du Tribunal international de La Haye. L'épisode est l'un des plus graves qu'ait connu le Mercosur.

Divorce régional

En choisissant de porter le conflit à La Haye, Buenos Aires souligne que le bloc régional ne dispose pas de mécanisme fiable de règlement des conflits. «Cette dispute reflète aussi la fatigue des «petits» membres du Mercosur, qui se sentent délaissés par le Brésil et l'Argentine», insiste Alfredo Valladao, directeur de la chaire Mercosur de l'Institut des études politiques de Paris. Depuis quelques années, l'Uruguay a moins de relations économiques avec ses deux voisins qu'avec les Etats-Unis. Mais les statuts du Mercosur lui interdisent de négocier un traité de libre-échange avec Washington. «Le Mercosur est davantage un problème qu'une solution pour l'Uruguay» a conclu Tabaré Vasquez en début de semaine avant de s'envoler pour les Etats-Unis.
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L'intégration latino-américaine en morceaux :: Commentaires

Tite Prout
Re: L'intégration latino-américaine en morceaux
Message Lun 8 Mai - 18:37 par Tite Prout
Reçu hier par George Bush à la Maison-Blanche, le président uruguayen n'a pas caché qu'il était prêt au divorce régional pour une alliance avec Washington. Du miel pour les Etats-Unis qui cherchent à tout prix à contrebalancer dans la région l'influence de Hugo Chavez. Pour Alfredo Valladao, «l'entrée du Venezuela dans le Mercosur a déstabilisé cette structure déjà fragile. Lula prône une intégration pragmatique, qui donnerait plus de poids à l'Amérique latine face à ses partenaires commerciaux. Chavez veut une intégration idéologique, un groupe uni contre l'«impérialisme» américain. Les deux conceptions font exploser le Mercosur». Une désintégration d'autant plus inquiétante que le président vénézuélien a pratiquement tué la CAN la semaine dernière. Reprochant au Pérou et à la Colombie d'avoir signé un accord de libre-échange avec Washington, le Venezuela a tout bonnement quitté la communauté andine, et il pourrait entraîner dans son sillage le Bolivien Evo Morales.

A six mois de l'élection présidentielle brésilienne, à laquelle Lula devrait se représenter, le délitement régional souligne la difficulté pour Brasilia d'assumer son statut de puissance régionale naturelle. Le géant latino-américain est sur tous les fronts, protégeant Hugo Chavez contre les attaques américaines, acceptant par pragmatisme les caprices protectionnistes de l'Argentine, appuyant la candidature d'Evo Morales. Mais par absence de moyens ou d'ambition, ce rôle de pompier ne suffit plus à imposer la vision brésilienne alors que le Venezuela profite de sa manne pétrolière pour jouer les arbitres.



Les ensembles économiques régionaux du Mercosur et de la Communauté andine sont au bord de l'explosion.


Il Y A D'ABORD eu la réunion de Cuzco, en décembre 2004. Réunis au coeur de l'ancienne capitale de l'empire des Incas, à 3 400 mètres dans les montagnes péruviennes, douze pays latino-américains se promettaient d'unir leur destinée au sein d'une «Communauté sud-américaine des nations», sur le modèle de l'Union européenne. Cette intégration se ferait par le rapprochement des deux grands blocs régionaux que sont le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et la CAN (Communauté andine des nations : Bolivie, Colombie, Pérou, Equateur et Venezuela). Manquait la cohérence idéologique.

Un petit groupe, conduit par le Vénézuélien Hugo Chavez, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et l'Argentin Nestor Kirchner, s'en charge un an plus tard, dans la station balnéaire argentine de Mar de Plata. «Les trois mousquetaires», pour reprendre les mots d'Hugo Chavez, réaffirment au cours d'un sommet régional l'unité d'un «sud» américain contre les Etats-Unis et leur projet de libre-échange. Et comme preuve suprême de cet attachement, le riche Venezuela obtient même d'adhérer au Mercosur.

Depuis, rien ne va plus. Les couples se déchirent, les trahisons se multiplient, les blocs se désintègrent. Tout a commencé par une stupide querelle, entre l'Argentine et l'Uruguay, deux membres du Mercosur. Arrivé au pouvoir depuis peu, le président uruguayen Tabaré Vasquez annonce l'installation de deux gigantesques usines à papier financées par des Espagnols et des Finlandais, un investissement de 1,7 milliard de dollars, du jamais vu dans ce pays de trois millions d'habitants.

Les travaux commencent à peine sur le fleuve Uruguay, qui constitue la frontière avec l'Argentine, qu'éclate la polémique. Buenos Aires estime que l'Uruguay a violé le traité régissant l'exploitation du fleuve en omettant de l'inclure dans cette décision, et souligne les risques environnementaux de telles installations. Montevideo se braque, souligne que les Argentins, qui disposent déjà de nombreuses usines à papier, sont jaloux d'un tel investissement. Tous les jours, des milliers d'Argentins manifestent et bloquent les routes uruguayennes. Les chefs d'Etat ne s'adressent plus la parole. Hier, Buenos Aires a été plus loin, en présentant une requête contre l'Uruguay auprès du Tribunal international de La Haye. L'épisode est l'un des plus graves qu'ait connu le Mercosur.

Divorce régional

En choisissant de porter le conflit à La Haye, Buenos Aires souligne que le bloc régional ne dispose pas de mécanisme fiable de règlement des conflits. «Cette dispute reflète aussi la fatigue des «petits» membres du Mercosur, qui se sentent délaissés par le Brésil et l'Argentine», insiste Alfredo Valladao, directeur de la chaire Mercosur de l'Institut des études politiques de Paris. Depuis quelques années, l'Uruguay a moins de relations économiques avec ses deux voisins qu'avec les Etats-Unis. Mais les statuts du Mercosur lui interdisent de négocier un traité de libre-échange avec Washington. «Le Mercosur est davantage un problème qu'une solution pour l'Uruguay» a conclu Tabaré Vasquez en début de semaine avant de s'envoler pour les Etats-Unis.

Reçu hier par George Bush à la Maison-Blanche, le président uruguayen n'a pas caché qu'il était prêt au divorce régional pour une alliance avec Washington. Du miel pour les Etats-Unis qui cherchent à tout prix à contrebalancer dans la région l'influence de Hugo Chavez. Pour Alfredo Valladao, «l'entrée du Venezuela dans le Mercosur a déstabilisé cette structure déjà fragile. Lula prône une intégration pragmatique, qui donnerait plus de poids à l'Amérique latine face à ses partenaires commerciaux. Chavez veut une intégration idéologique, un groupe uni contre l'«impérialisme» américain. Les deux conceptions font exploser le Mercosur». Une désintégration d'autant plus inquiétante que le président vénézuélien a pratiquement tué la CAN la semaine dernière. Reprochant au Pérou et à la Colombie d'avoir signé un accord de libre-échange avec Washington, le Venezuela a tout bonnement quitté la communauté andine, et il pourrait entraîner dans son sillage le Bolivien Evo Morales.

A six mois de l'élection présidentielle brésilienne, à laquelle Lula devrait se représenter, le délitement régional souligne la difficulté pour Brasilia d'assumer son statut de puissance régionale naturelle. Le géant latino-américain est sur tous les fronts, protégeant Hugo Chavez contre les attaques américaines, acceptant par pragmatisme les caprices protectionnistes de l'Argentine, appuyant la candidature d'Evo Morales. Mais par absence de moyens ou d'ambition, ce rôle de pompier ne suffit plus à imposer la vision brésilienne alors que le Venezuela profite de sa manne pétrolière pour jouer les arbitres.



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Il Y A D'ABORD eu la réunion de Cuzco, en décembre 2004. Réunis au coeur de l'ancienne capitale de l'empire des Incas, à 3 400 mètres dans les montagnes péruviennes, douze pays latino-américains se promettaient d'unir leur destinée au sein d'une «Communauté sud-américaine des nations», sur le modèle de l'Union européenne. Cette intégration se ferait par le rapprochement des deux grands blocs régionaux que sont le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) et la CAN (Communauté andine des nations : Bolivie, Colombie, Pérou, Equateur et Venezuela). Manquait la cohérence idéologique.

Un petit groupe, conduit par le Vénézuélien Hugo Chavez, le Brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et l'Argentin Nestor Kirchner, s'en charge un an plus tard, dans la station balnéaire argentine de Mar de Plata. «Les trois mousquetaires», pour reprendre les mots d'Hugo Chavez, réaffirment au cours d'un sommet régional l'unité d'un «sud» américain contre les Etats-Unis et leur projet de libre-échange. Et comme preuve suprême de cet attachement, le riche Venezuela obtient même d'adhérer au Mercosur.

Depuis, rien ne va plus. Les couples se déchirent, les trahisons se multiplient, les blocs se désintègrent. Tout a commencé par une stupide querelle, entre l'Argentine et l'Uruguay, deux membres du Mercosur. Arrivé au pouvoir depuis peu, le président uruguayen Tabaré Vasquez annonce l'installation de deux gigantesques usines à papier financées par des Espagnols et des Finlandais, un investissement de 1,7 milliard de dollars, du jamais vu dans ce pays de trois millions d'habitants.

Les travaux commencent à peine sur le fleuve Uruguay, qui constitue la frontière avec l'Argentine, qu'éclate la polémique. Buenos Aires estime que l'Uruguay a violé le traité régissant l'exploitation du fleuve en omettant de l'inclure dans cette décision, et souligne les risques environnementaux de telles installations. Montevideo se braque, souligne que les Argentins, qui disposent déjà de nombreuses usines à papier, sont jaloux d'un tel investissement. Tous les jours, des milliers d'Argentins manifestent et bloquent les routes uruguayennes. Les chefs d'Etat ne s'adressent plus la parole. Hier, Buenos Aires a été plus loin, en présentant une requête contre l'Uruguay auprès du Tribunal international de La Haye. L'épisode est l'un des plus graves qu'ait connu le Mercosur.

Divorce régional

En choisissant de porter le conflit à La Haye, Buenos Aires souligne que le bloc régional ne dispose pas de mécanisme fiable de règlement des conflits. «Cette dispute reflète aussi la fatigue des «petits» membres du Mercosur, qui se sentent délaissés par le Brésil et l'Argentine», insiste Alfredo Valladao, directeur de la chaire Mercosur de l'Institut des études politiques de Paris. Depuis quelques années, l'Uruguay a moins de relations économiques avec ses deux voisins qu'avec les Etats-Unis. Mais les statuts du Mercosur lui interdisent de négocier un traité de libre-échange avec Washington. «Le Mercosur est davantage un problème qu'une solution pour l'Uruguay» a conclu Tabaré Vasquez en début de semaine avant de s'envoler pour les Etats-Unis.

Reçu hier par George Bush à la Maison-Blanche, le président uruguayen n'a pas caché qu'il était prêt au divorce régional pour une alliance avec Washington. Du miel pour les Etats-Unis qui cherchent à tout prix à contrebalancer dans la région l'influence de Hugo Chavez. Pour Alfredo Valladao, «l'entrée du Venezuela dans le Mercosur a déstabilisé cette structure déjà fragile. Lula prône une intégration pragmatique, qui donnerait plus de poids à l'Amérique latine face à ses partenaires commerciaux. Chavez veut une intégration idéologique, un groupe uni contre l'«impérialisme» américain. Les deux conceptions font exploser le Mercosur». Une désintégration d'autant plus inquiétante que le président vénézuélien a pratiquement tué la CAN la semaine dernière. Reprochant au Pérou et à la Colombie d'avoir signé un accord de libre-échange avec Washington, le Venezuela a tout bonnement quitté la communauté andine, et il pourrait entraîner dans son sillage le Bolivien Evo Morales.

A six mois de l'élection présidentielle brésilienne, à laquelle Lula devrait se représenter, le délitement régional souligne la difficulté pour Brasilia d'assumer son statut de puissance régionale naturelle. Le géant latino-américain est sur tous les fronts, protégeant Hugo Chavez contre les attaques américaines, acceptant par pragmatisme les caprices protectionnistes de l'Argentine, appuyant la candidature d'Evo Morales. Mais par absence de moyens ou d'ambition, ce rôle de pompier ne suffit plus à imposer la vision brésilienne alors que le Venezuela profite de sa manne pétrolière pour jouer les arbitres.



http://www.lefigaro.fr/international/20060505.FIG000000177_l_integration_latino_americaine_en_morceaux.html
 

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