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 Protestantisme:L'homme seul face à Dieu

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mihou
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mihou


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06052006
MessageProtestantisme:L'homme seul face à Dieu

Protestantisme
L'homme seul face à Dieu

Avec près de 700 millions d'individus dans le monde, le protestantisme est la plus protéiforme, la plus décentralisée et la plus dynamique des religions issues du christianisme.

Sébastien Fath

Le protestantisme s'est différencié de l'Eglise catholique au XVIe siècle sur un point essentiel : la définition même de l'Eglise. Pour un catholique, l'Eglise est une institution sacrée, théocratique : elle fonde l'identité chrétienne. Les protestants considèrent que cette centralité de l'institution a peu à peu déformé le message divin. Celle-ci, en effet, est pour eux faillible et contestable. C'est pourquoi ils ont déplacé la source première de la légitimité : elle n'est plus l'Eglise, mais un texte, la Bible. Ce basculement, qu'on a pris l'habitude de décrire comme la Réforme, s'est vraiment opéré le 18 avril 1521 à la diète de Worms. Ce jour-là, un moine allemand, Martin Luther (1483-1546), est convoqué pour rendre des comptes. Loin de capituler, le voilà qui se cabre : entre l'obéissance à l'institution et sa conscience, il choisit sa conscience, « captive de la parole de Dieu ». Par ce défi, il fonde le protestantisme. Depuis lors, c'est le principe du sola Scriptura (l'Ecriture seule) qui prime chez les protestants.

Ce retour à l'Ecri- ture s'accompagne d'une mise en valeur de l'individu : homme ou femme, le fidèle doit pouvoir s'approprier le texte, donc apprendre à lire, d'où l'accent précoce des protestants sur l'éducation. Tandis que le catholique est invité à obéir au magistère de l'institution, « les protestants sont des gens qui font eux-mêmes leurs poteaux indicateurs » (Péguy). Ce décalage explique la plupart des différences qui séparent aujourd'hui les protestants des catholiques. Les premiers contestent le culte marial, refusent un clergé célibataire et le culte des saints, remettent en question certains sacrements et insistent sur un salut « par la foi seule » (« sola fide »). Leur critique de la tradition catholique va jusqu'à la composition de la Bible. A la différence de la version recommandée par l'Eglise catholique, celle qu'ils lisent est dépourvue de huit livres de l'Ancien Testament, au statut discuté, qu'ils appellent « apocryphes ». Mais la divergence essentielle demeure autour de la question même de ce qu'est l'Eglise. Face aux « Romains » conduits par le pape, les héritiers de la Réforme s'éparpillent en milliers de « villages d'Astérix », où la variété, les divisions, les caractères dessinent une histoire complexe. Puisque l'institution est secondaire, on peut la diviser, la quitter, en créer d'autres, tout en restant pleinement protestant. On trouve là l'explication des milliers d'Eglises, de dénominations, de missions et de sectes qui composent le kaléidoscope du protestantisme.

Mais si ce dernier affiche aujourd'hui des couleurs vives, c'est aussi qu'il a su trouver des parades à l'éparpillement. Il s'est rapidement structuré en grands courants confessionnels. Au XVIe siècle, on distingue quatre sensibilités : le calvinisme, issu de la prédication du réformateur français Jean Calvin (1509-1564), le luthéranisme, fruit de la théologie de Martin Luther, l'anglicanisme (voie moyenne entre catholicisme et calvinisme), et la mouvance anabaptiste et radicale, qui refuse de lier l'Eglise à l'Etat. Ces quatre familles se retrouvent aujourd'hui. Elles ont bâti de vraies traditions, même si les protestants n'aiment pas le mot. Les grandes Eglises ont aussi développé depuis le XIXe siècle des logiques oecuméniques. Elles ont produit des unions, fédérations, et ont contribué à la mise en place de plate-formes comme l'Alliance évangélique universelle en 1846, puis le Conseil oecuménique des Eglises en 1948. En reliant les archipels confessionnels, ces réseaux permettent de conjurer le syndrome de l'île déserte auquel l'individualisme protestant risque de conduire. En France, la Fédération protestante de France regroupe 17 Eglises ou unions d'Eglises.

Mais ces logiques de regroupement sont contrecarrées par de nouvelles créations d'Eglises. On observe aujourd'hui un équilibre instable entre, d'un côté, un protestantisme « établi » et, de l'autre, un protestantisme « évangélique ».

Le premier, qui regroupe une majorité de luthériens et de calvinistes, valorise l'oecuménisme, les héritages et le dialogue avec le monde moderne, qu'il a contribué à faire naître. Acceptant le divorce et l'avortement, il est aussi très ouvert aux femmes, qui peuvent devenir pasteurs : c'est le cas de 84 d'entre elles au sein de l'Eglise réformée de France, la principale Eglise protestante française. Elément moteur de l'oecuménisme institutionnel, ce protestantisme « établi » reste un poumon du Conseil oecuménique des Eglises. Mais il est si bien installé dans la société qu'il risque de s'y diluer lentement. Quand le chanteur Renaud s'affiche avec sa croix huguenote (bijou protestant) tout en s'affirmant athée, il exprime en raccourci cette tendance. Elle a conduit le sociologue Jean-Paul Willaime à faire le diagnostic d'une « précarité protestante ».

Le second, qui recrute au sein du baptisme (né au XVIIe siècle) et des courants de « réveils » qui secouent l'histoire protestante depuis le XVIIIe siècle, met plus l'accent sur l'évangélisation, la conversion et la confrontation des valeurs. Sa morale est conservatrice, proche de celle du magistère catholique sur les questions de l'avortement et de la bioéthique. Il offre des repères simples et structurants, valorise l'accueil de communautés chaleureuses et insiste sur le rebond offert par la conversion, présentée comme une « nouvelle naissance » (« born again »). Pour ces raisons, il a aujourd'hui le vent en poupe et représenterait au moins 200 millions d'individus. Mais si l'on ajoute les mouvements pentecôtistes, marqués par l'accent sur les miracles provoqués par le Saint-Esprit, on aboutit à des effectifs qui varient entre 400 et 500 millions de fidèles. Place à la « prospérité protestante » ?

Ces succès sont fragiles. L'évangélisation parfois tapageuse que pratiquent ces protestants suscite des oppositions. Par ailleurs, leur discours militant peut se prêter à des dérives sectaires, que ce soit sur le mode du ghetto de « purs » ou du gourou autoritaire. Il faut pour finir poser la question des scénarios de sortie du protestantisme. Quand certains pasteurs pentecôtistes fondent leur prédication sur l'efficacité miraculeuse de leur charisme, qu'en est-il de la centralité de la Bible ? Aujourd'hui, Luther ou Calvin ne retrouveraient pas toujours leurs petits. D'autant plus que la géographie protestante a connu une révolution : à la fin du XVIe siècle, le protestant type était d'Europe du Nord. Trois siècles plus tard, c'est sous les traits du colosse puritain des Etats-Unis qu'on le retrouve. Mais il faut se rendre dans le sud de l'hémisphère pour dessiner le portrait-robot du protestant du XXIe siècle. Naîtra-t-il d'Afrique un nouveau Luther ? Il existe aujourd'hui en région parisienne quinze fois plus d'évangélistes et pentecôtistes afro-antillais que de pratiquants réformés européens. Le protestant de demain n'empruntera pas ses traits à George W. Bush, mais à une femme pauvre et basanée originaire d'une mégapole du Sud.
© le point 21/07/05 - N°1714 - Page 46 - 1067 mots
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