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 Surdoués:Trop intelligents pour être heureux

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mihou
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mihou


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06052006
MessageSurdoués:Trop intelligents pour être heureux

Surdoués
Trop intelligents pour être heureux

Ils apprennent à lire seuls, ils comprennent plus vite que les autres, mais ils s'adaptent mal à la vie scolaire et beaucoup échouent. Enquête sur des enfants qui fascinent

Sophie Coignard

Depuis qu'elle a créé l'Association française pour les enfants précoces (Afep) en 1993, Sophie Côte a reçu toutes sortes de sollicitations des médias. Elle est d'ailleurs habituée à y répondre favorablement, afin de faire connaître au grand public la cause de ces petits qui sont « trop tout ». Trop éveillés, trop curieux, trop exigeants, trop angoissés, et parfois trop mauvais en classe, où ils peuvent s'ennuyer à périr sous le regard exaspéré des enseignants. Mais cette ancienne principale de collège s'est mise en colère, il y a quelques mois, quand une émission de télévision lui a demandé de la mettre en relation avec une famille où vivait un enfant précoce afin qu'elle l'échange pendant une semaine avec celle d'un déficient mental. Elle a évidemment refusé.

Jean-Charles Terrassier est encore plus ancien dans le métier. Ce psychologue clinicien de Nice a, dès 1971, exploré le fonctionnement de ces têtes drôlement faites qui représentent tout de même plus de 2 % de la population. Lui qui s'est battu pour faire admettre l'existence des surdoués, pour encourager leur détection et éviter du même coup leur marginalisation a écrit des livres, multiplié les colloques, les interviews dans les journaux. Mais il n'en est pas revenu quand une grande chaîne de télévision publique a décidé de bâtir une émission autour d'un enfant qui serait testé « en direct » et dont les téléspectateurs connaîtraient le QI juste avant le générique de fin, au terme d'un suspense savamment orchestré...

Encore ignoré par l'institution scolaire, toujours nié par les tenants d'une psychanalyse pure et dure, l'enfant précoce, depuis quelque temps, est l'objet de fantasmes collectifs de plus en plus tenaces. Dans une société où la performance est devenue une valeur en soi et l'enfant idéal un objet de désir narcissique, le mythe du petit génie envahit les têtes. « Il y a quinze ans, les tests d'évaluation intellectuelle restaient réservés au cadre strict de la psychopathologie de l'enfant, explique Béatrice Copper-Royer, psychologue clinicienne à Paris. Depuis quelques années, il existe une demande de parents qui supposent que leur enfant est précoce. Or ce n'est pas toujours le cas, loin de là. Mais, quand un collégien rencontre des difficultés scolaires, il est rassurant et valorisant pour les familles de mettre celles-ci sur le compte de la précocité intellectuelle. Il est vrai que les surdoués connaissent souvent des problèmes à l'école et à la maison, car leur éveil intellectuel est en décalage avec leur maturité affective. Mais un chiffre de QI, en soi, ne dit pas grand-chose. Ce qui est intéressant, c'est d'observer la manière dont l'enfant passe le test. A-t-il confiance en lui ? Est-il inhibé, régressif dans ses réponses, fanfaron ou persévérant ? C'est tout le travail du psychologue que de le détecter. »

Un protocole à respecter

Malheureusement, face à l'explosion de la demande, certains psychologues cèdent à la tentation de l'abattage. Mère d'un garçon de 8 ans qui a un an d'avance, qui travaille bien à l'école, mais qui est très angoissé, Pascale décide de lui faire passer un test de QI. Elle se renseigne auprès de l'Afep, qui lui envoie une liste de psychologues et précise que le praticien doit limiter, en accord avec l'association, ses honoraires à 100 euros. « J'avais lu plusieurs livres sur le sujet et ne voulais pas que mon fils prenne cette épreuve comme un concours d'intelligence. J'avais donc pris soin de ne pas prononcer devant lui les termes de "QI", ou même d'"intelligence". Le psy a à peine écouté la description que je lui faisais de mon fils. Il a sorti sa valise contenant le kit pour faire passer le test puis m'a dit de revenir une heure et demie plus tard. A mon retour à son cabinet, il m'a juste déclaré qu'il m'enverrait les résultats par la Poste. A mes questions il a répondu que j'aurais un chiffre de QI, point. Je vous laisse imaginer la tête de mon petit garçon, et ses demandes répétées, par la suite, pour connaître sa "note"... J'ai reçu les résultats quelques jours plus tard, mais j'étais incapable de les interpréter. Mon fils avait des scores élevés mais très hétérogènes, ce qui, d'après mes lectures, n'était pas très bon signe. Après cette épreuve, j'étais encore plus inquiète qu'avant. »

Pour se faire une clientèle ou pour l'élargir, certains psychologues ont trouvé dans le test de QI un produit d'appel formidable, surtout s'ils sont agréés par une association, qui n'a, par nature, pas les moyens de contrôler leurs pratiques régulièrement. Mais, comme Pascale, beaucoup de parents sortent du test avec un morceau de papier qui ne leur parle pas. « Nous avons mis en place un protocole avec tous les psychologues que nous recommandons, explique Sophie Côte. Si les parents ont besoin d'une explication des résultats, nous nous en chargeons ensuite à l'association. Cela permet à toutes les familles d'accéder aux tests. Car, sinon, certains psychologues prennent 300 euros par enfant, ce qui exclut beaucoup de gens. »

Certaines familles sont en effet prêtes à casser leur tirelire pour trouver des réponses et de l'aide. Or, quand le diagnostic de précocité est posé, tout reste à faire. Jeanne Siaud-Facchin, psychologue clinicienne à Marseille, est une des meilleures spécialistes des enfants précoces, auxquels elle a consacré un livre lumineux (voir bibliographie).

Des motivations douteuses

Elle ne se lasse pas d'expliquer que les surdoués ne sont pas des enfants « plus » intelligents, mais « différemment » intelligents : « Au-dessus d'un certain QI, le cerveau fonctionne autrement, de manière plus analogique. Mais il faut se garder de réduire un individu à son QI : le chiffre en soi n'est pas très intéressant. Il existe aujourd'hui une dérive grave : on se contente de remplir des cases pour répondre à une demande parentale parfois ambiguë. Personnellement, il m'arrive de refuser à certains parents de tester leur enfant, car l'entretien préalable que j'ai avec eux me laisse sceptique sur la vraie nature de leurs motivations. »

Psychiatre à Lyon, le docteur Olivier Revol va encore plus loin : « Je ne regarde même plus les chiffres de QI, seulement les fonctions testées : la mémoire à court terme, à long terme, l'attention, le graphisme, les points forts et les points faibles. Une étude réalisée sur 250 enfants dans mon service hospitalier montre qu'ils sont très forts en conceptualisation, mais faibles lorsqu'il faut faire appel à des règles ou à des notions apprises. Ils mélangent comprendre et apprendre, et donnent souvent de bonnes réponses en classe sans être en mesure d'expliquer leur démarche. Au collège, ça ne marche plus. Et cela induit une dimension de gâchis, d'incompréhension et de souffrance. »

Max a 17 ans et redouble actuellement sa première S. Il a été testé quand il était en quatrième : ses résultats, jusqu'alors excellents, se sont brutalement effondrés. Le psychologue a assuré le service minimum : une heure et demie de tests et un QI de 142. « Au départ, j'ai été assez fier d'être reconnu comme très intelligent. Et puis j'ai commencé à culpabiliser : j'avais de mauvais résultats scolaires alors que je disposais d'immenses possibilités. Savoir que j'étais surdoué ne m'a pas aidé, au contraire. Car personne ne m'a proposé de solution. » C'est même l'inverse qui se produit. Quand le père de Max prend rendez-vous avec les professeurs de son collège privé pour leur parler des résultats du test, il est reçu plus que froidement : surdoué, pas surdoué, il faut que Max travaille, point à la ligne. Ses parents décident de le mettre dans un internat qui a ouvert des classes spécifiques pour les enfants précoces. Max supporte mal l'ambiance et décide de revenir dans le lycée public de la petite ville où réside la famille. Il est aujourd'hui pris en charge par un pédopsychiatre mais regrette que la désinvolture d'un psy et l'hostilité initiale de ses enseignants lui aient fait perdre tout ce temps.

« L'école idéale pour l'enfant précoce, c'est celle de son quartier ou de son village, dit en forme de provocation le docteur Olivier Revol. Mais ce n'est pas toujours facile car, parmi mes 400 patients, j'observe une souffrance morale que je retrouve rarement ailleurs. Les adolescents surtout ont une capacité énorme à ressentir les affects des autres. Et comme ils n'ont pas le soutien du groupe social, comme ils sont plus petits que les autres parce qu'ils sont en avance, ils sont souvent victimisés, frappés, rejetés. C'est surtout vrai en cinquième, quand les caïds de la classe en difficulté supportent mal ces "jeunots" encore dans l'enfance et les tabassent. »

Malheureusement, beaucoup de familles, désemparées, tentent de trouver l'introuvable : la solution scolaire miracle. De très rares collèges publics et des établissements privés en nombre plus important ont ouvert des classes spécifiques pour les enfants précoces, qui ont la possibilité de faire deux années en une. Ainsi du collège privé Saint-Louis, au Mans, où les professeurs, recrutés sur la base du volontariat, reçoivent une formation spécifique. Cet établissement, qui poursuit l'expérience depuis huit ans sans faire de tapage, doit refuser la plupart des demandes. « Pour l'entrée en quatrième, nous avons 10 places et 200 demandes », explique le directeur, avant de préciser que la plupart de ces enfants sont, d'une manière ou d'une autre, en difficulté scolaire, et qu'il ne pratique donc aucune sorte d'élitisme qui améliorerait ses résultats.
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