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 Mythes et réalités de la résistance irakienne I

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Tite Prout
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Tite Prout


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Date d'inscription : 01/06/2005

Mythes et réalités de la résistance irakienne I Empty
04052006
MessageMythes et réalités de la résistance irakienne I

La résistance irakienne suscite de nombreuses interrogations. La prise en otages des deux journalistes Christian Chesnot et Gorges Malbrunot a suscité une certaine émotion dans l'opinion publique en France. Mais la complexité du conflit et des acteurs impliqués laisse le plus souvent une impression d'impuissance, qui joue pour beaucoup dans l'inaptitude du mouvement contre l'occupation à se développer. Dans les pays qui ont envoyé des armées, ce mouvement prend appui sur la revendication, simple et évidente, du retour des troupes. Ailleurs, il butte sur la difficulté à analyser le conflit et à trouver une approche adaptée. L'attitude de la résistance irakienne y joue un rôle important. Ce qu'on appelle « résistance » est composé de plus de quatre-vingt groupes ou appellations différentes, recouvrant des réalités matérielles et politiques variées. Il ne semble exister ni de commandement unifié, ni de véritable programme, en dehors du refus de l'occupation coalisée. A plusieurs reprises, des appels à l'unification ont été lancés, sans grand succès. Pour comprendre cet échec, il faut analyser les composantes de cette résistance et la façon dont elle s'est formée.

a) La persistance du Baasisme

Il est évident que la rapidité avec laquelle la guérilla urbaine a débuté dans les grandes villes irakiennes, de même que l'importance des moyens militaires utilisés, n'est pas anodine. Quand on songe qu'Ernesto Che Guevarra suggère, dans ses écrits militaires , de commencer la lutte armée avec une vingtaine d'individus et à peu près autant d'armes de poing, tout en évoquant la longue période de préparation nécessaire, il est évident que dès l'entrée en Irak des troupes coalisées, la résistance était opérationnelle. On parle de 6 millions d'armes, mises en circulation par le régime baasiste de Saddam Hussein avant sa chute - pour une population de 25 400 000 personnes - pour mettre en place des « milices populaires ». Autrement dit, certain d'être incapable de vaincre l'armée américaine et ses alliés, le pouvoir a préparé le passage à la guérilla, seul terrain sur lequel il est en mesure de gagner. L'encadrement d'une partie des groupes résistants serait assuré par l'ancienne Garde républicaine, troupe d'élite de l'armée baasiste, officiellement démobilisée, soit 25 mille hommes et femmes - rappelons que la démobilisation de l'armée irakienne a mis 400 000 personnes au chômage. Ce sont les seuls régiments qui inquiétaient réellement l'armée américaine, qui tenait les milices populaires et l'armée régulière pour militairement négligeable.

Une autre fraction de l'ancienne armée, les Feyadeen Saddam (« ceux qui sont prêt à mourir pour Saddam ») ont frappé l'imagination en raison de leurs costumes de ninjas . Estimés entre 20 000 et 60 000 avant l'occupation, ils ont été formés en 1994 sous l'impulsion de Uday, le fils aîné de Saddam, pour servir de contrepoids à son frère cadet Qusay, lequel contrôlait notamment la Garde républicaine. Entraînées à la dissimulation et au combat urbain, ces unités d'élite forment également un terrain favorable au développement de la guérilla. Les deux frères ont été tués par un assaut américain le 2 juillet 2003 à Mossoul. Même si leur mort a sans doute porté un coup dur à cette fraction de la résistance, elle ne l'a pas arrêtée. Il semble notamment qu'à Damas, l'autre capitale du Baasisme - quoique rivale de l'Irak, la Syrie est toujours dirigée par le « Parti de la renaissance socialiste arabe » ou Baas - s'activent de nombreux officiers démobilisés qui ont reconstitué leur réseau, tandis qu'en Irak même, l'ancien parti au pouvoir se reconstitue progressivement.

Pour comprendre cette persistance du parti Baas, il faut partir de l'emprise qu'il a exercée sur la société irakienne pendant plus de quarante ans et de son insertion dans l'économie irakienne. Authentique organisation totalitaire, le Baas s'est développé à tous les niveaux de la société comme un appareil de contrôle idéologique et politique, un encadrement total de la société, flicage et mouchardage étant organisé par le Parti au pouvoir dans les quartiers comme dans les entreprises, tandis que l'ensemble de l'administration et de l'économie était sous contrôle des membres du Parti. Il a donc développé un appareil tentaculaire, présent à tous les niveaux de la société, avec environ un million de membres, soit un habitant sur vingt-cinq. Si l'adhésion contrainte au Parti, sous peine de vexations ou d'emprisonnement, était monnaie courante, c'est que celle-ci permettait de renforcer le contrôle social. Un tel système génère toute une couche sociale qui, à des degrés divers profite de la position de pouvoir que confère l'appartenance à l'appareil du Parti, à la fois protection et source de revenus complémentaire par la corruption . En outre, à cette organisation politique vient s'ajouter une fonction publique omniprésente - l'économie étant pour l'essentiel étatisée - et une armée dont l'importance allait croissante, avec l'un des budgets militaires les plus élevés du monde dès la guerre Iran-Irak. Celui-ci était alimenté par la rente pétrolière , manne supposée intarissable pour l'un des premiers producteurs du monde, qui lui permet de pourvoir à a survie de cette couche sociale bureaucratique et militaire, sans se soucier trop de son efficacité réelle. Autrement dit, l'effondrement du pouvoir Baas, c'est aussi celui de toute une couche sociale qui n'a pas d'autre choix que de rechercher à tout prix son retour au pouvoir, que ce soit par la lutte armée ou par l'intégration au nouveau régime.

Or, l'administration américaine a opéré un curieux retournement à l'approche du retour à la « souveraineté » de l'Irak. Quelques mois auparavant, elle prônait la débaasisation. Déjà, la vague de grèves ouvrières de l'hiver 2003 avait pour objectif outre la hausse des salaires de s'opposer violemment au maintien des directeurs d'usine liés au parti Baas, soupçonnés de corruption et de prévarication. Mais la nécessité, pour les USA, de mettre rapidement sur pied l'économie et de reprendre contrôle de la société, les a poussés à remettre en selle de nombreux dignitaires baasistes, dont le nouveau Premier ministre Ilyad Alawi, dissident baasiste et affidé notoire de la CIA, en est le symbole même. L'arrestation de Saddam Hussein lâché par les baasistes eux-mêmes, qui semble n'avoir jamais réussi à jouer un rôle de rassembleur de la Résistance, l'absence de programme social clair, le ralliement d'une partie d'entre eux à l'administration américaine et les difficultés à financer les opérations militaires, ont favorisé l'émergence d'un pôle dominant dans la résistance, l'Islam politique.

b) L'émergence de l'Islam politique

Contrairement à l'idée reçue, l'Irak n'est pas une société plus religieuse qu'une autre. Se définir comme Sunnite, Chiite, Mazdéen, Chaldéen, ou l'une des nombreuses religions minoritaires qui y coexistent, n'a de sens que pour les pratiquant-es. En dehors de ceux-là, ce n'est pas une caractéristique essentielle dans une société fortement laïcisée - et cela même avant l'arrivée au pouvoir du baasisme. Au contraire, le pouvoir Baas a largement contribué à renforcer les « identités » religieuses, en persécutant les Chiites - relégué aux rang de Perses, c'est-à-dire d'Iraniens - et les juifs - l'antisémitisme d'état ayant contraint au départ vers Israël (opération « tapis volant ») l'une des plus anciennes communautés juives du monde. La vision communautariste du Baasisme, contrairement à son image relativement moderne, a beaucoup contribué à enfermer la population dans une identité ethnico-religieuse, en revitalisant des systèmes sociaux moribonds. Ainsi, il a attribué, dès 1992, un rôle aux tribus, dont l'évocation suscite le plus souvent l'hilarité de la majorité des irakien-nes, cette population à 70 % urbaine considérant les institutions tribales comme un archaïsme. « On a dit de l'Irak qu'il était un pays ‘laïque’ en ‘voie de modernisation accélérée’. Et, tout à coup, on le décrit comme une société tribale, segmentée, incapable de former un État parlant au nom de tous les Irakiens dans leur diversité » s'étonne l'anthropologue d'origine irakienne Hosham Dawod, qui reconnaît que le chaos actuel favorise un processus de retribalisation sous une forme moderne . Les Américain-es vont se lancer eux aussi, avec de nombreux déboires et mystifications, dans l'exploitation des relations tribales et des cheikhs réels ou supposés .

Avec la guerre de 1991, Saddam Hussein a tenté de s'imposer, au-delà de son image de leader arabe, comme un religieux fervent. A défaut de lui attirer la grâce divine, cela lui a permis d'accueillir de nombreuses organisations islamistes, qui ont pu bénéficier en Irak d'un vaste terrain d'entraînement, avant d'en faire un véritable champ de bataille. En effet, les mouvements islamistes, qui agissent à l'échelle internationale, ont besoin en permanence de théâtres d'opération. Les contrées d'origine des combattants de l'Islam sont le plus souvent trop heureux de voir ces tumultueux jeunes gens quitter le pays natal pour aller se battre en Afghanistan, en Bosnie, en Tchétchénie, en Somalie ou en Irak. Financer l'islamisme à l'extérieur, comme le fait l'Arabie Saoudite, est une bonne manière de le combattre à l'intérieur. « D'après certaines estimations, au cours des deux dernières décennies, les Saoudiens auraient dépensé 100 milliards de dollars pour promouvoir diverses formes d'islamisme à l'étranger. Une partie de ces fonds provenait des collectes d'argent dans les mosquées, les bazars, les écoles, les hôpitaux et d'autres lieux publics à travers le Royaume. Mais les plus gros financements furent directement assurés par l'Etat » explique le politologue Amir Taheri . C'est ainsi que de nombreux jeunes algériens, palestiniens, jordaniens, syriens, saoudiens, etc., sont venus combattre en Irak. Démobilisés en même temps que l'armée, ils n'ont pas beaucoups d'autres alternatives que de faire ce qu'ils savent faire le mieux : la lutte armée. Ces mercenaires ont amené dans leurs bagages de nouvelles formes d'Islam, comme le wahhabisme ou le salafisme, qui comptent parmi les plus intransigeantes et les plus réactionnaires. C'est ainsi que certains experts soulignent les convergences évidentes de style entre les communiqués de l'Armée islamique en Irak et ceux du Groupe islamique armé (GIA) en Algérie . Bien sûr, ces islamistes internationaux sont une minorité en Irak, mais leur entraînement, leur volontarisme et leurs réseaux logistiques leur donnent une capacité d'action importante.
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