Le Devoir
LES ACTUALITÉS, vendredi 14 avril 2006, p. a1

10,2 g de gras trans à New York, 0,3 g au Danemark
Le taux d'acides gras varie d'un McDo à l'autre

Deglise, Fabien

L'élimination des gras trans dans les menus des multinationales de la restauration rapide n'est pas une chose impossible, quoi qu'en disent ces entreprises.

À preuve, dans une même chaîne de restaurants, le niveau de ces acides gras, pour des aliments identiques, varie considérablement d'un pays à l'autre, démontrant ainsi que «ce risque pour la santé peut être éliminé sans effet visible pour le consommateur», conclut une équipe de scientifiques danois. Les détails de leur étude viennent d'être publiés dans la dernière livraison du New England Journal of Medicine (NEJM).

Entre novembre 2004 et septembre dernier, Steen Stender, de l'hôpital universitaire Gentofte à Hellerup, au Danemark, et ses collègues ont passé au crible des frites et des croquettes de poulet de McDonald's et de Poulet frit Kentucky (PFK) dans 20 pays afin de mesurer la présence des gras trans. Les autorités médicales mondiales jugent ces gras néfastes pour le système cardiovasculaire. Ils font grimper le niveau de mauvais cholestérol tout en diminuant le bon cholestérol dans l'organisme.

Cette analyse met en lumière des différences importantes. Ainsi, un duo croquettes et frites acheté dans un

McDonald's à New York, aux États-Unis, contient 10,2 grammes de gras trans alors que ce même menu pris dans un McDo du Danemark présente... 0,3 g de ces acides gras, soit 34 fois moins. Un régime similaire en Espagne, en Russie et en République tchèque procure quant à lui 3 g de gras trans, selon les mesures effectuées par l'équipe du professeur Stender.

À l'inverse, manger des ailes de poulet frit avec des frites dans les restaurants de la chaîne PFK en Pologne et en Hongrie revient à absorber 19 g de gras trans. À New York, le même repas en contient 5,5 g.

Autre constat: si les consommateurs ne sont pas tous égaux devant les gras trans dans les McDo et PFK de ce monde, dans un même pays des écarts importants ont également été révélés par les chercheurs danois. Ainsi, aux États-Unis, une grosse portion de frites achetée sous une arche dorée à New York contient 30 % plus de gras trans que celle achetée au clown de la restauration rapide à Atlanta. Ces différences sont aussi visibles chez PFK entre Hambourg et Wiesbaden, en Allemagne, et entre Aberdeen et Londres, en Grande-Bretagne. Notons que les villes et les pays entrant dans cette enquête ont été choisis de manière aléatoire, «en fonction de déplacements pour d'autres motifs», avoue candidement l'équipe derrière cette étude.

«J'ai été très surpris de voir une différence dans la teneur en gras trans pour ces produits uniformes, a expliqué à l'Associated Press M. Stender, ancien chef du Conseil danois de nutrition. Cela montre que le risque que constituent les gras trans est donc facile à faire disparaître.»

Les gras trans apparaissent, entre autres, dans les aliments frits dans des huiles végétales partiellement hydrogénées. Cette hydrogénation permet de prolonger la durée de vie d'une huile tout en facilitant sa manipulation.

Les multinationales de l'alimentation, comme McDonald's, qui expliquent ces différences par le goût des consommateurs et la nature locale de leur approvisionnement, affirment depuis plusieurs années travailler activement pour réduire la présence des gras trans dans leurs produits. Cet objectif semble avoir été atteint au Danemark seulement, où le gouvernement a imposé une réduction de ces acides gras depuis le 1er janvier 2004. Le Canada se penche actuellement sur une mesure identique. Dans les autres pays où aucune réglementation n'a été mise en place, ces teneurs sont de toute évidence toujours élevées, révèle l'étude de M. Stender.

«Un habitué de ce genre de nourriture peut consommer entre 10 et 25 g de ces acides gras en moyenne par jour», peut-on lire dans l'article publié dans le NEJM. Or la communauté scientifique s'entend aujourd'hui pour dire qu'un régime composé de 5 g de gras trans par jour fait augmenter de 25 % les risques de maladies cardiaques.

Catégorie : La Une; Actualités
Sujet(s) uniforme(s) : Alimentation; Santé publique et condition physique
Type(s) d'article : Article
Taille : Moyen, 503 mots

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Doc. : news·20060414·LE·106847