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 Le nucléaire aujourd'hui, partie I

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Tite Prout
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Tite Prout


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Date d'inscription : 01/06/2005

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04042006
MessageLe nucléaire aujourd'hui, partie I

ntroduction

« Les armes atomiques sont affreusement chères, par définition dangereuses, militairement inefficaces et moralement insoutenables ». L'auteur de cette déclaration de 1996 n'est pas un grand pacifiste. C'est le général Butler, ancien commandant du Strategic Command. Il a été approuvé par une soixantaine de généraux russes et américains, il est vrai tous à la retraite, dont le général Goodpaste, ancien commandant suprême des forces de l'OTAN en Europe. La remise en cause des armements nucléaires n'est pas nouvelle. Les premiers, les scientifiques, y compris ceux dont les travaux avaient en partie servi à développer le nucléaire, ont contesté le développement de ce type d'arme. Mais elle prend une ampleur nouvelle depuis la fin de la guerre froide.

De fait, tout au long de ce demi-siècle, la signification du nucléaire militaire a été très inégalement comprise par les politiques, les analystes et même les états-majors. Il n'est donc pas surprenant que l'ensemble de la population mondiale ne voie dans le nucléaire qu'une aberration à laquelle il faut mettre maintenant un terme, une fois qu'elle a rempli son rôle : empêcher une guerre entre les deux Grands, qui aurait tourné à la guerre mondiale.

L'arme nucléaire est-elle dépassée et désormais inefficace, comme tendrait à le faire croire ce genre de déclarations ? De fait la prolifération, horizontale comme verticale, n'a pas cessé. Il doit donc bien y avoir une raison. Il ne s'agira pas tant ici de prendre compte des intérêts moraux ou environnementaux que de se limiter à une vision stratégique et géopolitique, pour tenter de voir si l'arme nucléaire a encore un avenir comme élément de sécurité mondiale et régionale, en examinant tout d'abord son rôle dans les relations internationales, puis les grandes interrogations qui se présentent aux puissances dans la nouvelle scène internationale.
Partie 1 : Le nucléaire dans les relations internationales
1.1 - La dissuasion : genèse et théories
La genèse de la bombe

L'arme nucléaire est née en 1945. Elle a été développée à partir de recherches sur les radiations du début du XXe siècle. Dès la moitié de la 2e Guerre mondiale, la militarisation de l'atome est envisagée chez les Allemands comme chez les Alliés. Du côté américain, ce sont des chercheurs comme Fermi, Bohr ou Chadwick, dirigés par Robert J. Oppenheimer, chef du « projet Manhattan » (lancé en 1943), qui mèneront à la réalisation effective de la bombe.

La première bombe A explose en juillet 1945 dans le désert d'Alamogordo, au Nouveau-Mexique. Sa première utilisation réelle a lieu 3 semaines plus tard, à Hiroshima et Nagasaki. Il ne s'agit pas là de dissuasion, concept qui apparaîtra bien plus tard, puisque la bombe est utilisée comme une arme, certes de dernier recours, mais comme une arme. « Little Boy », surnom de la première bombe opérationnelle, pèse 13,2kt et cause la mort immédiate d'environ 74.000 personnes.

Jusqu'en 1949, les États-Unis se trouvent en situation de monopole nucléaire. En août 1949, donc, l'URSS se dote de l'arme nucléaire. Suivront le Royaume-Uni en 1952, la France en 1960 et la Chine en 1964. En 1952, le pouvoir de destruction de l'arme nucléaire augmente avec l'apparition de la bombe H. En 1957, le premier missile balistique intercontinental (ICBM) soviétique, portant le satellite Spoutnik, fait perdre aux Américains leur insularité : ils sont désormais accessibles par le pôle. Les vecteurs nucléaires se multiplient par la suite : en 1960 par exemple, les Américains lancent leur premier ICBM par SNLE.
L'élaboration de la dissuasion.

La dissuasion est une doctrine tardive : elle ne naît que dans les années 50 avec le président Eisenhower, à l'occasion de la guerre de Corée où le général MacArthur demande à l'utiliser dans le conflit, autorisation qui lui sera refusée.

La stratégie de dissuasion a toujours été occidentale : les Soviétiques ne l'ont jamais adoptée et elle n'entre pas dans les conceptions asiatiques. La dissuasion est essentiellement paradoxale : il s'agit de terroriser l'adversaire (dissuasion en anglais se dit deterrence, qui se rattache étymologiquement à terror). Il s'agit de rendre l'arme tellement redoutable que l'adversaire n'osera pas l'utiliser en premier : un adversaire potentiel sera dissuadé d'attaquer s'il a la certitude qu'après l'avoir fait, il subira des représailles militaires représentant pour lui des dommages inacceptables. En gros, sa destruction en partie ou totale. D'où la constitution d'arsenaux suffisants pour détruire plusieurs fois la planète entière.
Un cas d'espèce : la « dissuasion à la française »

La doctrine française s'écarte un peu de la dissuasion à l'anglo-saxonne. C'est ce qu'on appelle la dissuasion du faible fort : c'est la menace, pour tout agresseur potentiel, de pertes supérieures au gain qu'il peut espérer obtenir de son agression. Quelques armes suffisent, ce qui compte, c'est la bombe elle-même. Le corollaire de ce concept de dissuasion, c'est la frappe anti-cité : la France affirme que si on l'attaque, elle ripostera sur la population de l'ennemi et non sur ses forces nucléaires. De ce point de vue, l'atome égalise les rapports de force. Ce qui explique, avec évidemment les arguments budgétaires, que nous ayons eu assez peu de bombes en tout et que la prolifération chez nous se soit fait plutôt au sens qualitatif et jamais vraiment au sens quantitatif. L'idée fondamentale de la dissuasion, c'est qu'il ne peut y avoir de vainqueur dans une guerre nucléaire.
Le poids des rapports est/ouest

Pendant la guerre froide, tous les conflits se sont situés en périphérie du théâtre d'opérations le plus important, à savoir l'Europe. L'affrontement, classique ou nucléaire, était rendu impossible en Europe du fait de la dissuasion nucléaire, qui a été incontestablement efficace puisqu'on n'a pas eu de guerre mondiale ni d'affrontement où l'on ait utilisé du nucléaire.

Dans les années 70 et 80 vient l'idée de désarmement, avec la création de plafonds puis l'abaissement de ces plafonds, et enfin la destruction de systèmes d'armes (euromissiles par exemple). À partir de cette époque, la légitimité de l'atome nucléaire militaire est remise en cause : certains commencent à dire que l'arme atomique a plus d'inconvénients que d'avantages. C'est l'intérêt des plus puissants que de le faire croire. Les États possédant une population nombreuse, et donc une armée potentiellement importante et une forte industrie lourde, n'ont pas besoin d'armes de destruction massive pour être efficaces. C'est le cas actuellement des États-Unis, de la Chine, et de la Russie ex-URSS. En revanche, l'accession au nucléaire militaire par d'autres nations élève des bornes à l'expansion économique, politique et militaire de ces grandes puissances. Même l'accession à la bombe de puissances moyennes comme la Grande-Bretagne et la France a sérieusement ennuyé les États-Unis. La France et la Grande-Bretagne en sont d'ailleurs bien conscients, et ont toujours refusé de négocier en nucléaire, avec le même argument : ils sont tellement petits nucléairement parlant que ne peuvent pas négocier par rapport aux deux Grands.
1.2 - Les principales raisons politiques de la recherche de la puissance nucléaire
Raisons internes

* Interaction du programme militaire avec le programme civil (France ; cf. CEA : chargé de promouvoir l'utilisation de l'énergie nucléaire dans les sciences, dans l'industrie et pour la défense nationale).
* Assurer le progrès scientifique

Raisons externes

* Pouvoir exercer des pressions diplomatiques en cas de crise internationale (cf. crise de Suez et ultimatum soviétique).
* Consolider une sphère d'influence (URSS par rapport aux pays satellites)
* Renforcement d'alliance (Grande-Bretagne et États-Unis)
* Compétition bilatérale (URSS et États-Unis, bien sûr, mais aussi Inde-Pakistan)
* Monnaie d'échange (Iran, Corée du Nord) : chantage à la prolifération

Raisons positives

* Acquérir un statut international (on traite avec beaucoup plus de soin un pays nucléaire, surtout entre pays nucléaires : si l'Iraq avait attendu un peu les USA auraient probablement hésité avant de lancer Tempête du Désert)
* Autonomie de décision par rapport à un protecteur un peu envahissant (France) : accepter d'être protégé nucléairement c'est un acte de soumission. L'Allemagne a décliné le parapluie français : elle une puissance régionale et ne veut être protégée que par une super puissance.
* Croyance en une stratégie de dissuasion (FR, USA, Grande-Bretagne)

1.3 - La sécurité régionale
Une « dissuasion concertée » (Alain Juppé, janv. 1995) ?

Le nucléaire est essentiellement une arme d'insécurité. Il ne peut pas y avoir de sécurité, à fortiori régionale, avec le nucléaire. Déjà il n'y a pas de sécurité régionale, même pour un pays nucléaire. Ex typique : Israël. Son statut de nucléaire depuis 1967 l'a pas protégé de l'attaque en classique par des voisins non nucléaires (guerres israélo-arabes ou guerre du Golfe où dès le début du conflit l'Iraq l'a visé aux Scuds, même si la menace précise par Israël de répliquer en nucléaire a stoppé ensuite les bombardements).
Les alternatives : le « no first use », les zones dénucléarisées

Des stratégies de remplacement ont été mises en place pour assurer la sécurité : tout d'abord le no first use, à savoir l'engagement de ne pas tirer en premier, qui se veut une déclaration de bon voisinage, mais qui est un non-sens stratégique, puisque le principe de la dissuasion est que personne ne sait de quoi vous êtes capable avec vos moyens nucléaires, et qu'on a donc intérêt à vous laisser tranquille.

Il existe aussi des zones dénucléarisées où l'on veut faire une sécurité régionale fondée uniquement sur des moyens classiques. Elles sont de 3 types :

* dénucléarisation consentie : Brésil et Argentine qui étaient pré-nucléaires et qui ont signé un texte commun en 1990
* dénucléarisation forcée : l'Iraq, surveillé par l'UNSCOM et l'IAEA suite à la guerre du Golfe de 1991. De même, la Corée du Nord(1), a accepté par un traité avec les États-Unis d'octobre 1994 de geler son programme de réacteurs proliférants contre la fourniture gratuite de réacteurs non proliférants, ce qui peut être considéré comme une prime à la prolifération. À ce jour néanmoins, les réacteurs américains n'ont jamais été livrés, et la Corée du nord a déclaré avoir continué son programme nucléaire militaire.
* non-nucléarisation volontaire : il s'agit de pays qui n'avaient pas de programme et qui déclarent qu'ils ne veulent pas en avoir. Citons l'Antarctique (traité de 1959), Amérique latine et Caraïbes (1967, traité de Tlatelolco), Pacifique Sud (Rarotonga), îles de l'Océan Indien (Palindaba, juin 1995). Ces traités interdisent les essais, la fabrication, l'acquisition, le contrôle et l'emploi du nucléaire militaire. Le traité de Bangkok signé en décembre 1995 pour l'Asie du Sud-Est va encore plus loin : en plus il interdit le dépôt de tout déchet nucléaire, stationnement ou transit d'arme.

Mais ces zones sont une absurdité diplomatique et juridique : ne pas avoir de nucléaire ne signifie pas qu'on en recevra pas. De plus il est important de ne jamais se lier en nucléaire, que ce soit dans un sens ou dans l'autre.
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